Si retrouver une Kawasaki en première position à la mi-journée de cette séance inaugurale portugaise n’était pas une surprise, par contre c’était le Turc Toprak Razgatlioglu, le protégé de Kenan Sofuoglu désormais sénateur, qui occupait la tête du classement provisoire en 1’42.687 devant les deux autres Kawasaki de Leon Haslam et Johnny Rea. Les trois ZX-10RR devançaient la Yamaha d’Alex Lowes et la BMW de Tom Sykes.
Vers 16h, soit à deux heures de la fin, Alex Lowes passait à l’attaque et devançait Toprak Razgatlioglu de quatre centièmes avec un meilleur tour en 1’42.648. La lutte s’annonçait extrêmement serrée, et cela pouvait laisser espérer une saison un peu plus disputée, et un titre plus difficile à obtenir pour Jonathan Rea. Les Yamaha s’annonçaient au niveau des Kawasaki, alors que les nouvelles Ducati et BMW semblaient promettre de belles performances quand elles seront bien au point. Si les Panigale et les S 1000 RR étaient à même de jouer le podium rapidement, puis la victoire dès la mi-saison (Portimão le 8 septembre) il n’en faudrait pas beaucoup plus pour réconcilier les amateurs de bon spectacle avec le Championnat du Monde Superbike.
Eugene Laverty par exemple connaissait une journée laborieuse avec sa Ducati du team Go Eleven, en modeste seizième position à deux heures de la fin, bien qu’avec 0.1 d’avance sur la deuxième Panigale privée, dévolue à Michael Ruben Rinaldi au sein du Team Barni. Les officiels Ducati étaient un peu mieux, mais Chaz Davies onzième et Alvaro Bautista treizième espéraient sans doute mieux, surtout à 1.3 et 1.7 du leader. Les chronos étaient plus importants que les positions, plusieurs pilotes roulant avec deux motos.
Mais pour le moment, qui était le patron ? Johnny Rea répondait à cette question à une heure de la fin avec le meilleur chrono provisoire en 1’42.413, précédant de deux dixièmes Toprak Razgatlioglu et Alex Lowes. Personne n’avait encore passé de pneus de qualification, et on pouvait donc comparer ce chrono au record du tour de 1’42.385 établi par Marco Melandri sur une Ducati Panigale R en 2018.
Rea affinait les réglages de sa ZX-10RR, avec comme objectif un cinquième titre mondial : « Nous continuons à travailler sur l’électronique, mais nous ne faisons pas de réglages trop fins. Nous avons joué un peu avec la longueur de l’empattement. Nous avions une direction claire lors des derniers essais d’hiver en novembre. A Jerez, j’avais sacrifié un peu de performance en entrée de virage et c’est ce que nous avons essayé de rechercher afin de rendre la moto un peu plus gérable ».
A 45 minutes du drapeau à damier, les quatre constructeurs étaient représentés aux six premières places avec les Kawasaki de Rea 1ere, Razgatlioglu 3e et Haslam 5e, ainsi que la Yamaha de Lowes 2e, la BMW de Sykes 4e et la Ducati de Bautista 6e. Alors en 7e position, Michael van der Mark, qui était un peu inquiet, ressentant toujours les effets de son scaphoïde gauche fracturé dans une chute en FP1 lors de la dernière course au Qatar, se trouvait rassuré : « Pour moi, il était important de voir comment allait mon poignet après la trêve hivernale et je me sens plutôt bien avec. Je serai certainement en pleine forme une fois que nous serons à Phillip Island pour la première course. De toute évidence, il y a eu beaucoup de travail effectué au cours de l’hiver et il est bon que les personnes concernées aient vu leurs efforts récompensés lors du premier test de la saison. Je suis satisfait de ce que nous avons accompli à Jerez et faisons maintenant à Portimão ».
Tandis qu’il ne restait qu’une vingtaine de minutes, Johnny Rea augmentait encore le rythme et passait en 1’42.195, soit nettement sous le record du tour. L’Irlandais du Nord précédait alors Alex Lowes et Toprak Razgatlioglu de 0.4, puis Tom Sykes, Leon Haslam et Michael van der Mark de 0.6.
Pour Marco Melandri, pointé alors à 0.8, le passage de la Ducati à la Yamaha ne se passait pas très bien et il avait été dernier des quatre pilotes de R1 officielles à Jerez. « Pour moi, le problème est que chaque fois que je mets un nouveau pneu arrière, ça me cause beaucoup d’ennuis et je ne peux pas être efficace pour un tour rapide. Mais au moins nous avons ainsi appris quelque chose. Nous avons besoin de temps, ce n’est pas facile, mais nous devons progresser pas à pas, suivre mes sensations et essayer de pousser plus fort quand je serai prêt ».
Du côté de Ten Kate, Gregorio Lavilla, Directeur sportif du Championnat pour Dorna, envisage d’aider le concessionnaire néerlandais à revenir pour avoir un nombre décent de motos sur la grille : « Nous en avons presque 19 et notre objectif est de 20 motos », a déclaré l’ancien pilote. « Nous devons fournir à toutes les parties prenantes un cadre solide pour atteindre notre objectif. En tant qu’organisateur, nous devons concentrer nos efforts sur cet objectif. Nous sommes deux motos en dessous de notre nombre idéal, mais peut-être y aura-t-il toujours un accès pour cette saison ». Lavilla compte sur Ten Kate Racing. L’équipe néerlandaise a perdu l’appui de Honda à l’automne et travaille dans les coulisses. Dorna veut aider. « Nous parlons les uns aux autres. Ils ont l’intention de revenir cette saison et à l’avenir », a déclaré Lavilla. « Je ne peux en dire plus à ce sujet. En tant qu’organisateur, nous attendons leurs plans. En tout cas, ils sont les bienvenus, car c’est une équipe de tradition. Nous pouvons les aider à revenir dès que possible ». Il serait question d’un retour lors de la troisième course, en Aragon, la première en Europe de l’année. Un pilote français pourrait faire partie de cette équipe (confidentiel, et à confirmer).
Johnny Rea conservait finalement en fin de journée le meilleur temps, 0.4 devant Alex Lowes, Alvaro Bautista et Toprak Razgatlioglu. Tom Sykes et sa BMW suivaient à 0.6 juste devant Michael van der Mark.
Résultats de la première journée d’essais :
Chronos de référence en Superbike :
Record des essais : 1’40.705 par Eugene Laverty (Aprilia RSV4 RF) en 2018
Record du tour : 1’42.385 par Marco Melandri (Ducati Panigale R) en 2018
En Supersport, la première mi-journée était favorable aux couleurs italiennes avec Raffaele de Rosa qui réalisait le tour le plus rapide en 1’46.240 sur sa MV Agusta, devant les deux Yamaha du GMT94 de Cluzel et Pérolari qui précédaient la Kawasaki de Mahias.
A un peu plus d’une heure du drapeau à damier, Jules Cluzel réalisait le meilleur temps en 1’45.694, avec plus d’une demi-seconde d’avance sur la MV Agusta du Napolitain Raffaele de Rosa. Corentin Pérolari et Lucas Mahias étaient en embuscade à environ une seconde, mais Mahias bondissait en 1’45.711, se rapprochant à 0.017 de Jules.
Jules Danilo ne se débrouillait pas si mal pour sa découverte du Supersport, plaçant sa Honda à une demi-seconde des Yamaha de Cresson et Gradinger (Kallio Racing, champion en titre).
Corentin Perolari évoluait positivement : « Au fil de la saison 2018, les résultats se sont améliorés parce que j’ai progressé à chaque course. Ça a plu à Christophe et je m’entends très bien avec son équipe parce qu’ils sont là pour gagner, ils sont là pour faire au mieux, et ça me plait vraiment. C’est une équipe de confiance. Ce sont des gens vraiment super qui m’aident à progresser ». Le courant passe bien avec Christophe Guyot qui a confiance dans l’évolution de son jeune pilote : « En 2018, Corentin a réussi à faire plusieurs fois les premiers tours de course avec le paquet de tête, pour terminer finalement pas si loin. A trois courses de la fin, il a terminé à Magny-Cours à 14 secondes du vainqueur (Jules Cluzel). A deux courses de la fin, il a fini en Argentine à 9 secondes du premier (Jules, de nouveau) et enfin lors de l’ultime course au Qatar il a franchi le drapeau à damier 6 secondes derrière le vainqueur (Lucas Mahias). Donc c’est une progression qui ne s’est jamais arrêtée puisqu’il s’est rapproché à chaque fois du premier. »
Jules Danilo, qui mercredi et jeudi n’avait pas participé aux essais de Jerez, prenait ses marques sur sa nouvelle CBR du team de Simon Buckmaster CIA Landlord Insurance Honda pour préparer au mieux sa première saison en Championnat du Monde Supersport, après cinq saisons complètes en GP, quatre en Moto3 et une en Moto2.
Jules Cluzel restait réaliste et concluait la journée sereinement : « Tout ça reste des essais hivernaux. Nous on est là pour travailler afin d’être prêt pour la première épreuve du Championnat à Phillip Island, et pas l’inverse. On n’est pas dans un week-end de course, et notre objectif est d’arriver petit à petit à un niveau top du top ».
Ce lundi aura lieu la deuxième et dernière journée d’essais à Portimão avant de retrouver les concurrents à Phillip Island pour la première course de l’année du 22 au 24 février.
Chronos de référence en Supersport :
Record des essais : 1’44.554 par Jules Cluzel (MV Agusta F3 675) en 2015
Record du tour : 1’45.180 par Michele Pirro (Honda Ten Kate CBR600RR) en 2010
La présentation officielle du BMW Motorrad WorldSBK Team est annoncée ce lundi à 10h00 sur https://twitter.com/AIAPortimao
Vidéo : Michael van der Mark ce dimanche à Portimao
Photos © Kawasaki, Yamaha, Ducati