Johnny Rea commençait bien la journée en tournant en 1’38.713 dès le matin, avec alors une avance de 1.819 sur le deuxième Alex Lowes. C’était impressionnant par rapport à son meilleur temps personnel de la veille en 1’39.657, et surtout par rapport au record officiel des essais établi en 1’38.960 par Marco Melandri (alors sur Ducati) en 2017 et qui valut cette année-là la pole position à l’Italien.
Kawasaki :
Rea connaissant bien le circuit de Jerez et ses caractéristiques, il profitait le matin d’une température de l’air de 17°, du ciel bleu, du soleil et d’une piste propre pour passer un train de pneus de qualification et établir son meilleur temps lors de sa dix-huitième boucle. Il s’emparait du meilleur tour en 1’38.713, ce qui était un peu moins vite que son 1’37.986 des essais hivernaux de l’an dernier. Pour comparaison, le record des essais en MotoGP a été réalisé par Cal Crutchlow le 5 mai 2018 pour la pole position du Grand Prix d’Espagne en 1’37.653.
Jonathan Rea s’habituait au nouveau moteur de sa Kawasaki doté de certaines pièces mobiles plus légères, d’où une agressivité plus prononcée à haut régime. Pour le quadruple Champion du Monde en titre, « La moto a plus de stabilité au freinage et nous avons plus de tours disponibles. L’augmentation de la vitesse du moteur a changé son caractère, en lequel je n’ai pas encore toute confiance. Je ne sais pas si ce sont exactement les spécifications qui vont être utilisées pour démarrer la saison. Dans la plage de régime moteur supérieure, le moteur est très agressif. Il y a du potentiel, mais il y a des avantages et des inconvénients.
« La nouvelle moto a définitivement plus de potentiel que celle de cette année. Le moteur a plus de puissance – ce qui a été difficile à trouver – car les bielles sont un peu plus légères. Nous essayons maintenant de tirer le meilleur parti possible de la vitesse supérieure sans que le moteur ne devienne trop agressif. Je sais, c’est comme ça que le cerveau de l’ingénieur de course fonctionne ! Mais la saison dernière, nos performances ont été réduites et nous étions encore beaucoup plus rapides. Nous avions une moto idéale à utiliser. Ce qui est écrit sur le papier n’est pas toujours ce qui ressort sur la piste ».
Leon Haslam continuait de découvrir les subtilités du règlement technique du Championnat du Monde, notamment une électronique plus évoluée que celle qu’il utilisait cette année en British Superbike (ECU Motec pour tout le monde, sans anti-patinage, anti-cabrage, ni dispositif d’aide au départ ou « launch control »). La principale modification en termes de pilotage pour Leon était de redresser rapidement en sortie de courbe pour pouvoir passer la puissance sur la partie large du Pirelli.
Ducati :
Alvaro Bautista avait essayé lundi pour la première fois un pneu de qualification et déclaré que la plus grande amélioration était la stabilité en sortie de courbe. Il expliquait qu’il pilotait la V4 comme une 250 cm3 en essayant de conserver un maximum de vitesse de passage dans le virage parce qu’il n’avait pas vraiment confiance dans l’avant. Un pilote de MotoGP (en attente de ses propres tests de mercredi et jeudi) regardait depuis le bord de la piste et estimait qu’il était intéressant de voir Bautista s’adapter aux pneus Pirelli. Il constatait sa vitesse de passage élevée et qu’il utilisait même un rapport de boîte supérieur à Davies dans certains virages. Cet observateur averti estimait que « vous pouvez le faire avec un Michelin, mais avec un Pirelli vous ne pouvez le faire que lorsqu’il est frais » (ndlr : en début d’utilisation).
Pour Alvaro, « La Ducati Panigale V4 R est différente de la Desmosedici en termes de moteur, de châssis et de pneus, mais le caractère est similaire. Cependant, vous devez rouler différemment, un peu plus souplement. Nous n’avons pas fait beaucoup de changements, nous n’avons fait que de petits ajustements, et nous avons simplement essayé de parcourir le plus de kilomètres possible pour nous familiariser avec l’ensemble. J’ai été surpris d’être aussi rapide, mais il ne faut pas s’emballer, c’est juste le début. »
Bautista chutait sans gravité au cours de la matinée dans le deuxième virage. Il se calmait ensuite, devant remplacer ces mercredi et jeudi Michele Pirro blessé, en tant que pilote essayeur pour Ducati en MotoGP.
Selon Chaz Davies, « la V4 est meilleure au freinage. Nous découvrons la nouvelle moto pas à pas et, même s’il est encore tôt, le départ a été positif. L’ensemble a vraiment beaucoup de potentiel. Je suis très confiant car nous avons une meilleure arme pour nous battre. Cela dit, nous avons juste besoin de temps. Nous essayons de marcher avant de pouvoir courir, car il y a beaucoup à apprendre sur la V4 R et il est facile de s’emporter. Donc, j’ai été prudent. Nous devons trouver les nuances et les différences avec la moto précédente, et mettre toute l’expérience ensemble. »
On notait parmi les pilotes présents ce mardi à Jerez Alessandro Valia (44 ans), vainqueur sur une Panigale V4 S des 2018 Pan Delta Racing Series, titre obtenu au Zhuhai International Circuit pour le compte de l’équipe CER – Ducati Hong Kong racing team. D’après Fabrizio Cazzoli (Directeur de Ducati China), c’était le premier titre remporté par ce constructeur italien en Superbike dans ce pays.
Yamaha :
Marco Melandri a l’air à l’aise au sein du GRT Yamaha aux côtés du Champion du Monde Supersport en titre Sandro Cortese. Melandri a roulé pour la première fois avec une Yam en 2003 en MotoGP après être devenu le plus jeune Champion du monde 250 cm3 l’année précédente sur une Aprilia. Melandri et Yamaha se sont ensuite séparés en 2005, Marco passant sur une Honda Movistar du team de Fausto Gresini avec laquelle il allait terminer deuxième du championnat derrière Valentino Rossi, mais devant les caïds de l’époque comme Biaggi, Hayden, Capirossi, Gibernau, etc. Après 15 ans de GP (de la 125 à la MotoGP), il passait en 2011 en Superbike, justement chez Yamaha. L’Italien obtint son premier podium de l’année lors de la manche inaugurale à Phillip Island, avec une première victoire dans la foulée à Donington Park. Au cours d’une saison dominée par un impérieux Carlos Checa, Melandri réussît à terminer deuxième avec quatre victoires et 15 podiums, battant le tenant du titre, Max Biaggi. Cependant, la marque japonaise allait abandonner de façon temporaire le championnat l’année suivante, et Melandri passait sur BMW, Aprilia puis Ducati. Le voici, en quelque sorte, revenu à la maison.
Michael van der Mark a travaillé sur les suspensions, l’électronique et un nouveau bras oscillant, mais sans jamais pouvoir effectuer beaucoup de tours consécutifs en raison de son scaphoïde cassé au Qatar il y a un mois. Il n’en réalisait pas moins de belles performances pour quelqu’un qui est dans un tel état physique.
Son coéquipier Alex Lowes testait une nouvelle fourche et tentait d’améliorer l’adhérence en sortie de courbe grâce à l’électronique et il réalisait un superbe deuxième temps en 1’39.377 à 0.664 du leader Johnny Rea. « Avec la nouvelle fourche, je me sens mieux et j’ai beaucoup plus de confiance, nous avons progressé » a déclaré Lowes. « Mais Kawasaki a une longueur d’avance sur nous, Ducati arrive avec une nouvelle moto et une demi-seconde de mieux que nous. Nous devons essayer de changer la moto – pas seulement le carénage ou le ressort de la fourche ». Lors des essais d’Aragon à la mi-novembre, Yamaha a utilisé un nouveau bras oscillant pour la première fois. « Nous n’avons qu’un bras oscillant pour quatre pilotes », a regretté Lowes. « Mais ce n’est pas comme si ce bras oscillant faisait gagner une demi-seconde. Nous devons améliorer notre électronique et le bras oscillant pour que nous puissions progresser en sortie de virage où nous perdons du temps. Nous sommes trop lents par rapport aux autres. Nous devons trouver au moins une demi-seconde. »
Le coéquipier de Melandri, le Champion du Monde Supersport en titre Sandro Cortese, continuait studieusement sa découverte de la catégorie Superbike et de la Yamaha R1. Il n’effectuait que peu de tours le matin en raison d’un ennui technique. Ça s’améliorait l’après-midi. Sa Yamaha gigotait beaucoup plus que les trois autres au freinage, mais il n’en réalisait pas moins un huitième temps correct pour un rookie.
Honda : Ten Kate Racing déclaré en faillite
C’est la fin d’une époque avec la partie sportive de l’entreprise du concessionnaire néerlandais Honda déclarée en faillite. Cela ne concerne pas la partie commerciale. « Je suis déçu pour Ten Kate » a conclu Jonathan Rea, « parce qu’ils ont pris la relève de Honda quand le constructeur a quitté le Championnat du Monde, prenant à leur charge le développement des moteurs, de l’électronique avec Cosworth et de la partie-cycle. Il est difficile d’accepter que quand Honda revienne, Ten Kate soit ainsi laissé de côté. J’ai passé beaucoup d’années avec eux et ils auront toujours une place au fond de mon cœur. »
Résultats des deux journées de test confondus :
1-Jonathan Rea-Kawasaki ZX-10R-1:38.713
2-Alex Lowes-Yamaha YZF-R1M-1:39.377 à 0.664
3-Leon Haslam-Kawasaki ZX-10R-1:39.766 à 1.053
4-Alvaro Bautista-Ducati Panigale V4 R-1:39.845 à 1.132
5-Chaz Davies-Ducati Panigale V4 R-1:39.852 à 1.139
6-Michael van der Mark-Yamaha YZF-R1M-1:40.092 à 1.379
7-Marco Melandri-Yamaha YZF-R1M-1:40.235 à 1.522
8-Sandro Cortese-Yamaha YZF-R1M-1:40.592 à 1.879
Alessandro Valia-Ducati Panigale V4 R version route-1:44.882 à 6.169
Chronos de référence :
Record des essais : 1’38.960 par Marco Melandri (Ducati) en 2017
Record du tour : 1’40.640 Marco Melandri (Ducati) en 2017
SUPERSPORT :
MV Agusta :
En l’absence des Yamaha officielles du Kallio Racing et du GMT94, la MV pilotée par Raffaele de Rosa permettait de se faire une idée de la valeur des performances des Kawasaki. Le Napolitain réalisait le meilleur temps en 1’43.059.
Kawasaki :
Lucas Mahias, dont la journée avait été interrompue la veille par une chute, améliorait nettement son temps du lundi (1’45.624) en 1’43.574 ce mardi sur sa ZX-6R engagée par Puccetti Racing. Donc plus de peur que de mal pour le Champion du Monde 2017 qui remontait dans la hiérarchie Supersport en deuxième position finale. Son nouveau coéquipier Hikari Okubo se classait à la troisième place en 1’43.745.
Après une année sur MV Agusta, Ayrton Badovini est maintenant pilote du Team Pedercini sur une ZX-6R. « Je suis très satisfait de cet accord », se satisfait-il. « Cela me met en position de courir avec une moto compétitive. Je pense que nous pouvons viser haut et je ferai tout mon possible pour accomplir les résultats attendus. Je connais le Team Pedercini Racing puisque j’y ai fait mes débuts en World Superbike en 2008. Je sais quelle implication Lucio et toute l’équipe mettent dans la manière de faire fonctionner cette équipe et c’est pour moi un retour motivant et heureux. »
Résultats des deux journées de test confondus :
1-Raffaele De Rosa-MV Agusta F3-1:43.059
2-Lucas Mahias-Kawasaki ZX-6R-1:43.574 à 0.515
3-Hikari Okubo-Kawasaki ZX-6R-1:43.745 à 0.686
4-Ayrton Badovini-Kawasaki ZX-6R-1:45.293 à 2.234
Chronos de référence :
Record des essais : 1’42.969 par Kenan Sofuoglu (Kawasaki Puccetti Racing) en 2016
Record du tour : 1’43.922 par Federico Caricasulo (GRT Yamaha Official WorldSSP Team) en 2017
Alex Lowes
Leon Haslam
Alvaro Bautista
Vidéo ci-dessous : Un tour du circuit de Jerez avec Michael van der Mark (merci Yamaha Racing)
🇪🇸 Some more onboard action from the Jerez #WorldSBK test, this time with @PataYamahaWSBK rider @mickeyvdmark…#YamahaRacing | #WeR1 | #WorldSBK | #WinterTest pic.twitter.com/9G9fOuBmQB
— Yamaha Racing (@yamaharacingcom) November 27, 2018
Photos © Alvaro Rivero pour Circuito de Jerez, Yamaha, Ducati, Kawasaki