Les mots de Scott Redding en quittant Jerez après deux jours de test ont été comme un coup de tonnerre dans le ciel d’un WSBK concentré sur son intersaison. Il y a fort à parier qu’ils résonneront jusqu’au siège de BMW où on lui demandera des explications, comme lorsque l’Anglais était un pilote Aprilia en Grand Prix. Il avait tout aussi ouvertement critiqué la politique de la firme de Noale à l’époque, ce qui lui avait certainement coûté l’opportunité d’être le pilote test de la RS-GP naissante. L’ancien de Ducati a trois ans de contrat avec le blason bavarois, mais depuis qu’il a exprimé sans retenue sa déception sur la nouvelle M1000RR, on se demande si ça va aller au bout…
C’est un Scott Redding déçu, c’est le moins que l’on puisse dire, qui a laissé derrière lui les deux jours de test que le WSBK s’était aménagé à Jerez qui est en plein dans son intersaison 2023. L’Anglais tombe visiblement de haut après avoir aperçu, durant la trêve, des clichés de la nouvelle M1000RR qui laissait augurer une bête féroce ayant appris les leçons de la campagne 2022.
Oui mais voilà… « Le fait est que d’après les photos, cela semblait vraiment spectaculaire, mais l’intérieur de la moto est resté pratiquement identique. C’est toujours la même moto. Le problème est que vous avez de grandes attentes, mais la réalité ne les reflète pas » a admis le Britannique de 30 ans. « Il n’y a pas de pure performance en termes d’accélération, au freinage ou au pilotage de la moto. Le moteur est le même et le châssis aussi ».
L’équipier de Van der Mark, 16è des mêmes tests, identifie clairement où est le souci : « le plus gros problème, n’est pas le moteur qui est plus agressif que les autres, c’est que la moto glisse en sortie de virage et si ça t’arrive dans trois ou quatre virages, tu perds beaucoup ».
Scott Redding sur l’ambition BMW : « peut-être que vendre des motos les intéresse plus que gagner le championnat du monde«
Partant de là, Scott Redding s’engage dans une voie dangereuse, puisque remettant en cause tout l’édifice BMW… « Il y a des choses qui sont différentes ici et je me demande pourquoi. Chez Ducati aussi, ils ont fait des choses différentes, mais pour eux, cela a fonctionné. Alors qu’ici c’est comme parfois on essaie de réinventer la roue… » Sur GPOne, il lâche : « nous avons différents appareils électroniques. Avant nous avions des freins différents, un embrayage différent, des différentes connexions, tant de choses différentes qui soulèvent des perplexités. Nous devrions essayer de garder tout aussi simple que possible, autant que possible au niveau des autres, et nous concentrer sur quelques points ».
Une revendication claire mais c’est peine perdue selon l’Anglais qui se dresse donc devant son employeur : « il y a des choses qui ne changeront jamais et il faut l’accepter. Mais je ne sais pas pourquoi. Peut-être que c’est plus une question de marketing. Je veux gagner le championnat et eux aussi veulent gagner, mais peut-être que vendre des motos les intéresse plus que gagner le championnat du monde ». Cela devrait faire réagir à Munich et Scott Redding le sait car en guise de conclusion il fait cette précision sur son contrat : « je m’attendais à plus. J’ai encore trois années potentielles ». Ambiance…
Classement de la deuxième journée de test Superbike à Jerez :