Après des premiers essais à Jerez où Jules
Cluzel avait placé sa Yamaha R6 dans le top 5, le pilote du team
GMT94 a ensuite dominé la concurrence en se montrant
le plus rapide des deux journées de test à Portimao.
Un chrono en 1’45.694 le premier jour lui procurait
en effet un avantage de 17 millièmes sur son compatriote
Lucas Mahias (Kawasaki Puccetti Racing), mais
Jules Cluzel accélérait le rythme en 1’44.810 lors
de la 2e journée et c’est avec un écart de plus d’une demi-seconde
sur le second, Raffaele De Rosa (MV Agusta Reparto
Corse), que le Français concluait ses essais hivernaux, avant la
première manche qui se déroulera en Australie le week-end du 24
février.
Pour illustrer cela, le site
officiel WorldSBK a diffusé une très intéressante
interview de Jules Cluzel qui explique en détail
les problèmes physiques rencontrés par le Montluçonnais à
la suite de sa blessure à la jambe gauche survenue lors de
l’épreuve finale à Losail, mais surtout, les moyens d’y pallier.
Et, visiblement, cela fonctionne à merveille !
Aussi, plutôt que de faire répéter à Jules les
mêmes propos alors que nous l’avons interviewé il y a seulement quelques jours, nous
reportons ici, de façon exceptionnelle, son intéressant
témoignage…
Après plusieurs mois de convalescence, tout d’abord,
comment te sens-tu ?
Jules Cluzel: « Je souffre encore de douleurs
à la cheville. Mais c’est un phénomène plutôt normal. J’ai subi une
lourde intervention et il faut un peu de temps pour que tout se
consolide correctement. Je n’ai pas exactement le même feeling
qu’auparavant, mais ça va revenir progressivement. J’ai passé
pratiquement trois mois dans un lit à ne pas pouvoir poser le pied
par terre. Ma hanche était également touchée. Malgré quelques
difficultés au début, je me suis finalement très vite adapté. À
Portimão, j’ai réussi à me sentir mieux et j’ai peu à peu été en
mesure de me relâcher. »
En raison de cette lourde blessure, le GMT94 a dû
ajuster ta YZF-R6 pour y placer le sélecteur du côté droit. Comment
ton adaptation s’est-elle passée ?
« Plutôt bien ! Je suis un pilote qui, en règle générale,
s’adapte à tout. Ça s’est fait naturellement. Bien sûr, je n’étais
pas totalement à mon aise au départ, car il faut changer des
habitudes que j’avais depuis de nombreuses années. Il faut que ça
rentre dans le cerveau et que cela devienne un automatisme. Au
début, c’était compliqué, mais peu à peu, j’ai pris beaucoup plus
de plaisir. »
Comment utilises-tu le frein arrière ?
« J’ai le frein arrière au pouce, mais pour le moment je ne
m’en sers pas du tout. J’ai beaucoup trop de choses à gérer avec le
sélecteur à droite. Il faut que nous adaptions encore beaucoup
d’éléments. C’est une Supersport pourvue d’un maître-cylindre
d’origine… ce n’est donc pas si simple de l’ajuster. »
Avant le prochain Test Officiel en Australie, quel
bilan dresses-tu ?
« Les essais de Jerez se sont plutôt bien passés, mais c’était
surtout une séance de mise en place, de rééducation. J’y suis allé
étape par étape et tout compte fait, les chronos étaient assez
bons. Au Portugal, j’ai d’emblée senti que j’avais un bon rythme,
malgré une petite chute le premier jour. Éric Mahé, mon manager,
était présent ici et il nous a bien aidés. Il me connaît par cœur,
il a aidé le team à cerner mes besoins et nous avons bien progressé
entre le premier et le deuxième jour en matière de mise au point.
Sincèrement, lundi, je ne partais pas pour réaliser le chrono de la
pole position, mais j’ai été surpris de voir 1’44.8 s’afficher.
C’est un tour plus rapide que mon temps des qualifications l’an
dernier, à trois dixièmes du record de la piste. Face à des
conditions à la fois venteuses et froides, c’était plutôt
positif. »
Tu évolues dans une équipe française avec un
coéquipier français, est-ce un avantage ?
« Je crois que oui ! Cela faisait 13 ans, depuis mes débuts en
250cc avec l’équipe de France, que je n’avais pas couru dans une
structure tricolore. Je pense que j’ai plus d’expérience pour gérer
tout ça. Ce n’est pas simple, mais c’est intéressant. Ces essais
ont été pour nous l’occasion de nous connaître. Je connaissais
juste Christophe de l’extérieur. Nous avons bien travaillé durant
le dernier jour à Portimão et c’est important de terminer ainsi
avant de nous envoler pour l’Australie. De même, Corentin est très
sympa… Il y a une bonne ambiance ! »
Quelles sont les nouveautés sur la YZF-R6 en
comparaison à la saison passée ?
« Cela peut paraître étrange, mais je ressens une nette
différence. C’est pourtant la même moto pourvue des mêmes éléments
de suspensions, mais le moteur 2019 est différent à cause de la
réglementation. Je sens que la moto est plus rigide, réglée plus
ferme en suspensions. Mais c’est une bonne chose, car l’an dernier,
je rencontrais des difficultés pour faire un tour rapide. Avec ce
type de configuration, il faudra que nous travaillions sur de longs
runs en Australie afin d’optimiser le package en ce qui concerne
l’usure des pneus. Mais globalement, ça reste un bon point, car
j’ai connu une moto avec laquelle je manquais de quelque chose pour
le tour de qualifications, mais qui me permettait de faire de
bonnes courses. C’est intéressant et je suis content d’avoir eu ce
feeling d’entrée de jeu. Au-delà de cette différence de feeling, ce
qui nous a coûté l’an passé fut de se rendre à Phillip Island sans
avoir effectué de roulage, cette année nous avons bouclé quatre
jours. »
Durant ces premiers essais, as-tu déjà ressenti une
différence de soutien de la part de Yamaha ?
« Il y a une différence par rapport à l’année dernière parce que
NRT n’était pas un team support de Yamaha. Aussi, nous disposons
des données des années précédentes, chose que je n’avais pas l’an
passé. Toujours est-il que nous apercevons régulièrement les
dirigeants de Yamaha dans le box ! »
En attendant que la pré-saison ne reprenne en Australie, vous
pouvez accéder à tout le contenu vidéo en vous abonnant dès à
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