Revenu récemment de blessure, le Français impressionne depuis deux manches et n’a laissé que des miettes ce weekend à ses adversaires en Argentine.
Dominique Aegerter a beau avoir fait les gros titres après avoir été sacré lors de la 11e manche du Supersport, ce weekend en Argentine, il n’en demeure pas moins que l’homme fort du moment dans la catégorie est bien Jules Cluzel.
Le Français a régné sans partage sur le circuit de San Juan Villicum, où il a remporté la totalité des courses qui s’y sont disputées depuis l’inscription de celui-ci au calendrier en 2018. En ce sens, le pilote du GMT94 a fait honneur à son statut de favori et à son palmarès au pied de la Cordillère, même si le tout début de weekend a été quelque peu chaotique pour lui, avec une chute dès son troisième tour lancé des FP1, qui l’a mis sur la touche pour le reste de la séance.
Deux victoires qui viennent conclure un weekend mal engagé
Mais l’Auvergnat avait de la ressource, et cette manche sud-américaine a en quelque sorte représenté une belle parabole de sa saison : des prémices difficiles, suivis d’une magnifique résurgence qui aboutit sur un retour au premier plan et des succès à foison, avec en point d’orgue ce doublé en terre argentine, son premier dans la catégorie.
« Ce fut un weekend parfait. J’ai démarré un peu trop fort, et j’ai chuté dès mon deuxième tour vendredi, ce qui m’a fait manquer le reste de la première séance d’essais libres », s’est remémoré le natif de Montluçon après la Course 2 au micro du site officiel du Superbike. « Mais par la suite nous avons maintenu la pression en qualifications et lors de la Course 1. Lors de la Course 2, Can Öncü a attaqué très fort, et franchement je ne peux que le féliciter car il a fait de gros progrès tout au long de la saison ainsi que ce weekend. C’est incroyable, nous avons quasiment réussi à nous imposer sur les quatre dernières courses, nous finissons une saison très difficile d’une très bonne manière. »
San Juan, un circuit taillé pour Cluzel
Il est vrai que Cluzel a eu beau jeu d’évoluer ce weekend sur l’un de ses circuits fétiches, où il a véritablement écrasé la concurrence, décrochant la Superpole avec près de quatre dixièmes d’avance sur Steven Odendaal en deuxième position (après avoir collé près de neuf dixièmes à Manuel Gonzalez lors des FP2 !).
Invaincu sur le tracé argentin, le Français reconnaissait à l’arrivée de la seconde épreuve du weekend être comme un poisson dans l’eau aux antipodes. « Cette piste me convient à merveille. J’aime beaucoup être ici, et je dois dire qu’il n’y a pas vraiment de secteur qui me pose de problème. Je me sens vraiment très à l’aise partout sur ce tracé. Il y a de gros points de freinage, et comme j’aime bien cela je suis plutôt avantagé. Le grip est bon, l’ambiance est géniale, la météo est toujours ensoleillée même s’il peut y avoir pas mal de vent. »
That kind of weekend 🤩
Thank you Argentina, see you next year 🇦🇷 #ARGWorldSBK pic.twitter.com/3k2KsFeu8Z
— GMT94 Yamaha (@GMT94) October 17, 2021
Alors, qu’espérer pour la dernière manche, qui se déroulera dans un peu plus d’un mois en Indonésie, sur le tracé de Mandalika encore en cours de construction ? Modeste et lucide, Cluzel ne se voit pas trop beau et assure qu’il faudra compter sur Dominique Aegerter, désormais libéré du poids d’un titre enfin acquis.
A présent quatrième du championnat (il vient de passer Philipp Öttl) mais encore à bonne distance de González (34 points le séparent de l’Espagnol pour espérer figurer sur la troisième marche du podium final), le tricolore pourra néanmoins rouler lui aussi l’esprit tranquille, avec le soulagement d’avoir enfin exorcisé ses démons pour faire un retour tonitruant aux avant-postes.
« Je n’ai rien à perdre, tout ce que j’ai à faire c’est prendre du plaisir et attaquer pour viser la victoire », assure-t-il ainsi. « Mais il va falloir prendre garde aux adversaires, et notamment à Dominique, qui vient d’être titré et qui pourra donc se lâcher lors de cette dernière manche. Il faudra aussi voir qui est le plus rapide pour bien appréhender le circuit. Je suis vraiment impatient d’être là-bas, car c’est une nouvelle ambiance, un nouveau pays à découvrir. »
Aucun regret concernant le championnat 2021
Frappé plus d’une fois par la malchance cette saison, Cluzel reconnaît de son propre aveu ne pas avoir de regrets car il n’était pas nécessairement au niveau de Aegerter et de son équipe cette année, même s’il faut souligner qu’il n’a pas été épargné par les coups du sort, notamment lors des précédentes manches où il avait réalisé la Superpole.
Ainsi, le Français était parti de la pole position dès la première manche courue en Aragón, avant d’être accroché en course par Niki Tuuli. Plus récemment à Magny-Cours, il s’était de nouveau élancé depuis la première place, tout cela pour être victime d’un gros accident à l’issue du premier tour et de devoir par la suite déclarer forfait sur le rendez-vous suivant.
Autant dire qu’avec ce passif on était en droit d’être inquiet lorsque l’Auvergnat a signé sa troisième Superpole samedi en Argentine, mais fort heureusement les choses se sont passées cette fois-ci autrement mieux que par le passé, avec au bout du compte un doublé qui peut lui laisser envisager des lendemains qui chantent.
Vers un possible titre en 2022 ?
En effet, après avoir terminé à quatre reprises à la deuxième place du championnat Supersport (lors de sa première saison dans la catégorie en 2012, puis en 2014, 2016 et 2018), le pilote du GMT94 entend utiliser cette excellente fin d’exercice comme rampe de lancement pour l’année prochaine, pour pourquoi pas décrocher enfin le titre.
« Je me remets enfin à gagner, et pour être honnête dans mon esprit c’était vraiment difficile, car la victoire me manquait énormément », concède-t-il. « La prochaine étape, c’est d’être Champion du monde. C’est un objectif que j’ai manqué de seulement quelques points par le passé, et en raison de situations assez malchanceuses. Mais cette année nous n’étions pas si forts que cela, le plus fort est le Champion du monde, Dominique Aegerter, et il mérite amplement son sacre. »
Si l’humilité fait partie de l’apanage des Champions au-delà de leur simple pointe de vitesse, alors nul doute que Cluzel a la trempe pour décrocher le titre à l’avenir.
