Nous avons profité d’une séance d’entraînement du GMT94 à Carole pour demander à Christophe Guyot et Valentin Debise de nous dresser un bilan de mi-saison de leur saison en championnat du monde Supersport.
Dans le cadre d’un projet GMT94/FFM/Yamaha, l’Albigeois, double champion de France, est actuellement 8e du classement général avec le numéro 94, après avoir manqué la manche à Misano pour raisons médicales. On peut donc penser que l’opération est d’ores et déjà réussie mais nous avons souhaité recueillir l’avis des intéressés lors d’une interview croisée, mais sans que l’un connaisse les réponses de l’autre…
Christophe, quel bilan tirez-vous de cette première
partie de saison avec Valentin ?
Christophe Guyot : « Eh bien, le
premier bilan, c’est que course après course, ça va vraiment de
mieux en mieux. C’est dommage que ça ait démarré difficilement,
mais à partir de Barcelone on peut dire qu’on a vraiment eu de la
perfo, vraiment de la perfo, parce qu’il termine à 2 secondes du
premier en 2e course. C’était vraiment super, et la course d’après,
Misano, bah malheureusement il ne peut pas être là parce qu’il a
contracté un virus. On ne sait d’ailleurs pas trop ce que c’était.
Et puis quand il revient, à Donington, bon il n’était pas très
confiant parce que il n’a pas fait de sport pendant un mois et
demi. Alors c’est vrai que le début des essais n’a pas été
extraordinaire, même si en fin de compte il fait quand même P 10 à
l’issue des FP1 et FP2. Il est 12e en qualif, ce qui est loin
d’être ridicule en championnat du monde, mais alors la course 1
était de toute beauté ! Malheureusement elle est gâchée par un
pilote qui l’a percuté, il n’y a pas d’autre mot, dans le dernier
virage du dernier tour alors qu’il était 5. Et puis la 2e course
était moins bonne mais on sait pourquoi, donc il n’y a vraiment
aucun souci à ce niveau-là, vraiment aucun. Et donc là maintenant
on va continuer de mettre Valentin en confiance à Imola pour qu’il
soit au top de chez top là où on pense qu’il va vraiment être bien,
parce que normalement il a souvent été bien là-bas, sur le circuit
de Most. Et puis à Magny-Cours et Portimão, je pense que l’on peut
s’attendre à de vraiment belles courses. »
Quels sont les objectifs à atteindre dans la deuxième
partie de saison pour que l’on puisse dire “OK, l’opération est
positive !” ?
« Ah, mais de toute façon, il
n’y a de mon côté aucune pression à mettre sur le pilote ni sur le
team ! Valentin a sa place ici parce qu’il a été 2 fois champion de
France et surtout il a terminé par un top 5 puisqu’il a fait 4e à
Magny-Cours en tant que wildcard. Bon, il a fait plusieurs
quatrièmes places chez nous, et l’objectif de monter sur le podium,
c’est dans ses mains, mais franchement on ne met pas de pression :
Il sait que c’est possible et il a tout dans les mains pour ça. Il
faut aussi un peu de réussite parce que c’est vrai qu’il y a eu
quelques reprises où franchement ça lui tendait les bras et il n’a
pas été très chanceux, ou une erreur, ça peut arriver, mais c’est
comme ça. Toujours est-il que normalement le podium devrait lui
tendre les mains avant la fin de la saison, mais c’est plus pour
lui, parce que, encore une fois, Valentin mérite d’être là :
C’était le pilote français qu’il fallait qu’on prenne cette année
dans ce projet qui est de vouloir mettre le pied à étrier à un
pilote qui vient de championnat de France et qui peut donner
l’espoir à tous les jeunes Français de, un jour, pouvoir se
retrouver en championnat du monde. »
A propos de Valentin, pouvez-vous nous dire trois mots
sur son caractère, ses points positifs et les points
potentiellement à améliorer ?
« Le point fort ? Avoir construit sa propre équipe pour
gagner en FSBK. Après avoir s’être investi plusieurs saisons en
mondial, Valentin a rouvert les portes d’une carrière
internationale grâce au championnat de France. Il s’est offert un
palmarès et une notoriété avec le FSBK qui lui a permis de gagner
des courses, d’être champion, de remporter la wildcard à deux
reprises et d’être choisi comme pilote remplaçant au GMT94 (2021 et
2022). Depuis juillet 2021, Valentin a accompli 19 départs de
course au guidon de notre Yamaha R6 avec plusieurs top 5. Nous
pensons qu’il peut monter sur le podium. Le point faible ? Peut
être qu’avoir été habitué à tout gérer lui-même pendant deux ans,
l’empêche de se libérer totalement. Je reste cependant convaincu
qu’il peut faire de belles choses cette année. Son équipe donnera
le maximum pour l’y aider. »
Valentin, quel bilan tires-tu de cette première partie
de saison ?
Valentin Debise : « Bah c’est sûr qu’on
s’attendait un peu tous à performer un peu mieux. Après, j’ai quand
même fait quelques courses pas mal, avec mon record à 2 secondes et
demie du premier, donc c’est correct mais moi je me sens capable de
faire beaucoup mieux. Il faut donc continuer à travailler.
»
Quels sont les objectifs à atteindre dans la deuxième
partie de saison pour que l’on puisse dire “OK, l’opération est
positive !” ?
« Les objectifs, c’est simple :
Il faudrait viser au moins un podium sur l’année. Pour ça, faut
tout mettre bout à bout. Les autres, on voit qu’ils roulent
beaucoup, ils s’entraînent, mais nous on a la chance de rouler 1
heure par ci par là à Carole, donc ça nous aide un peu. Ce qui paie
dans ce genre de championnat, car il y a tellement de pilotes, ça
ne devient pas aussi exigeant que le MotoGP, bien sûr, mais on voit
que le niveau se resserre vachement. On peut voir les temps des
distances de courses ou les chronos aux qualifs simplement: tout
est beaucoup plus proche. Je veux dire, il y a 5 ans de ça, à 15
secondes du premier, c’était podium ou 4e. Maintenant à 15
secondes, c’est limite hors des points, donc c’est pour ça que je
pense qu’il faut viser vraiment la régularité de circuit en circuit
et d’être reproductible sur la performance, ce qui amènera au
podium qu’il est, je pense, possible de viser cette année.
»
A propos de Christophe, peux-tu nous dire trois mots sur
son caractère, ses points positifs et les points plus difficiles
pour un pilote ?
« (Rires) Caractère, c’est facile
: Il est très têtu comme moi, donc des fois on a des discussions un
peu enflammées (rires). Point positif, il ne lâche jamais rien
quand il veut quelque chose, et je pense que c’est pour ça qu’il a
réussi à faire une bonne carrière de pilote, et aujourd’hui une
bonne carrière de team manager, donc ça c’est un très beau point
positif. Après, forcément, ce qui est un peu plus difficile, c’est
de discuter avec Christophe quand on a un point de vue qui diverge
(rires). »