Gregorio Lavilla est l’homme aux manettes du mondial Superbike au sens le plus étendu de son paddock pour le promoteur Dorna. Ancien pilote, il mène son monde avec bienveillance et détermination en défendant au mieux ses intérêts dans la conjoncture difficile que l’on sait. A ce titre, la sensibilité de cet environnement s’est exacerbée sous l’impact du décès en course du jeune pilote Dean Berta Viñales. Âgé de 15 ans il était l’un des protagonistes d’une catégorie SuperSport300 qui s‘est retrouvée sous le feu de la critique en raison de ses nombreux effectifs en piste, avec des motos peu ou prou identiques. Des commentaires et une évaluation qui n’ont pas laissé indifférent l’Espagnol qui a tenu à mettre certaines choses au point…
Gregorio Lavilla est celui par qui tout passe et se décide en mondial Superbike au sens large du terme. Ce qui veut dire qu’il faut inclure le Supersport dans cette sphère de compétence. Le paddock a été durement touché par le décès d’un de ses jeunes espoirs qui est à compter parmi les deux autres drames à l’issue fatale cette saison pour deux pilotes qui n’avaient pas atteint encore leur majorité, et qui évoluaient sur des Moto3.
Mais le Moto3 n’a pas été soumis au feu roulant de la critique qui a écrasé le SuperSport300. Avec certaines approches qui ont blessé le responsable espagnol qui est aussi un ancien pilote. Dans un entretien exclusif à GPOne, il tient donc à préciser ceci : « j’ai entendu de nombreuses opinions et déclarations et toutes les opinions doivent être entendues, mais la plupart d’entre elles sont fausses et sans fondement. J’ai entendu parler d’affaires, d’argent. J’ai lu que Dorna ne s’intéresse qu’à l’argent au détriment de la vie des jeunes pilotes. Tout cela est faux et archi faux, ainsi que dénué de tout fondement ».
Il précise : « le Superbike est suffisant pour que Dorna exerce son activité, étant donné que la plupart de nos investissements et revenus proviennent de la classe supérieure. C’est le premier point que je veux clarifier, car si on veut on peut aussi annuler ce SuperSport300, mais je ne pense pas que ce soit intelligent. Mais je suis désolé d’apprendre que nous avons besoin de l’argent des jeunes de 15 ans pour continuer le spectacle. Ce n’est pas absolument vrai. Vous voulez savoir ce que nous faisons avec l’argent du SuperSport300 ? Nous les utilisons pour investir et donner des opportunités aux jeunes, en créant de nouvelles plateformes pour exprimer leurs qualités. Nous le faisons avec l’argent du SSP300, et donnons des opportunités de courir dans un contexte professionnel comme celui du paddock Superbike, ce qui, comme nous le savons tous, a des coûts ».
Lavilla : « il n’est pas acceptable d’entendre qu’on s’intéresse à l’argent et peu importe la vie d’un jeune«
Et il ajoute : « il n’est pas acceptable d’entendre qu’on s’intéresse à l’argent et peu importe la vie d’un jeune. Moi aussi j’ai été pilote dans le passé et je sais ce que ça veut dire ». Et puisque c’est le moment de tout se dire, il se montre très franc avec cette évidence que peu relate par pudeur : « la première règle de notre monde est : « le sport moto est dangereux », cela signifie qu’il y a un pourcentage de danger, auquel nous ne voulons pas penser en entrant sur la piste, mais qui existe. Ou nous acceptons ce risque, ou nous commençons à courir seuls sans aucun autre pilote sur la piste. Il n’y a pas beaucoup d’autres alternatives. C’est la réalité ».
Il termine en annonçant une action corrective pour 2022 : « l’année prochaine, il y aura une réduction du nombre de pilotes au départ. Cela, je peux le dire tout de suite sans aucun problème. Nous avons entamé une discussion avec la FIM puis nous en parlerons également avec les équipes dans les semaines à venir. La réduction du nombre de participants aux courses sera un premier point de départ en vue de 2022 ». Et Lavilla ne cache pas qu’il y aura des conséquences : « moins de pilotes signifie moins d’équipes, donc moins de personnel travaillant dans le paddock. Dans le même temps, il y a aussi moins d’opportunités pour les jeunes de grandir et de se mettre au travail dans un contexte comme celui du WSBK. Ce sera inévitable pour nous tous et nous devrons l’accepter. Je le dis tout de suite ». Voilà qui est limpide.