Entre une saison américaine enrichissante en défendant les couleurs de Ducati et un retour en championnat du monde Superbike porteur d’espoir sous la bannière de BMW, le pilote français Loris Baz nous a fait part de son état d’esprit durant la pause hivernale…
Bonjour Loris. Peux-tu nous dresser un petit bilan de ta
saison américaine avec ce qui a été positif et ce qui l’a été
moins ?
Loris Baz : « On va dire que je n’y ai pas
du tout fait ce pourquoi j’étais parti, sauf une chose puisque
j’étais parti là-bas pour revenir en mondial Superbike avec un bon
guidon et ça j’ai réussi. Mais après en termes de résultats je n’ai
pas fait ce que je voulais faire.
Ensuite, en analysant clairement ce qui s’est passé, on
comprend tout de suite ce qui a été et ce qui n’a pas pas marché,
donc il y a très peu de regrets car il y a eu une aventure qui
était fantastique même si elle était compliquée : sur les courses,
depuis tout le temps, tu le sais, tu as toujours vu mon père et ma
copine, car je fonctionne comme ça. Là, je suis parti tout seul et
j’ai laissé tout le monde derrière, donc ça a été une aventure
compliquée. Mais par contre j’ai rencontré là-bas des gens
exceptionnels ! Maintenant, ça fait 13 ans que je suis en
championnat mondial, et les meilleures personnes que la course m’a
fait rencontrer dans les teams, c’est là-bas ! Dès le premier jour,
ils ont été supers accueillants et on a tissé une vraie amitié en
vivant une aventure qui était très forte émotionnellement car on a
fait deux jours d’essais avant de partir essayer de gagner un
championnat face à des motos officielles.
Les essais ont été tops et la première course aussi même si je
fais zéro résultat car je fais une connerie et le lendemain la moto
casse. On est passé par toutes les émotions durant toute l’année,
et on a vécu ça ensemble. En mondial, que la course se passent bien
ou pas bien, dès que tu es parti du circuit le dimanche soir, tu
retrouves tes proches et un environnement qui te permet d’en
sortir. Si tu as fait une mauvaise course et que tu n’as pas le
moral, ça te permet de te sortir de ça, et si au contraire tu es
euphorique ça te permets de sortir de ça aussi et de te remettre à
bosser. Là-bas, je vivais avec les gens avec qui je bossais, donc
le dimanche soir, le lundi, le mardi et le mercredi, quand la
course se passait mal j’étais avec les mêmes personnes qui étaient
dans le même état d’esprit que moi. Ça a donc été dur mais j’en
garde vraiment des bons souvenirs et je les ai au téléphone tout le
temps et on s’écrit pour la saison prochaine car au final il était
prévu que je reste là-bas avant d’avoir une autre opportunité. Mais
là-dessus aussi, ils ont très bien compris et m’ont soutenu, donc
je ne reste pas mais j’espère qu’ils vont gagner le championnat
cette année. »
Avec Danilo Petrucci ?
« Oui, ça a l’air d’être ça. Ils m’ont dit que c’était presque fait, donc je pense que c’est fait. Je suis content qu’ils se retrouvent avec un bon pilote et avec un mec cool. »
Donc on peut résumer ton année 2021 comme une aventure
humaine qui a permis d’atteindre les objectifs de revenir en
mondial, même si les résultats n’ont pas été à la hauteur de ses
espérances ?
« Exactement ! Une super aventure humaine qui a aussi ouvert les yeux à l’Europe sur ce qu’étaient les États-Unis. Quand on est en mondial, on a toujours tendance à dénigrer les championnats nationaux, mais là, il n’y a pas de niveau global jusqu’au 15e mais il y a un gros niveau devant. Le team s’en est rendu compte, Ducati s’en est rendu compte, Paolo (Ciabatti) est venu nous voir là-bas et s’est vraiment rendu compte qu’il y avait un gros investissement des deux teams qui sont devant, des machines qui marchent, des pilotes qui mettent du gaz sur leurs circuits, donc on ne gagne pas par hasard. J’ai essayé de faire vivre cette aventure au mieux par la chaîne YouTube pour les gens qui ne sont pas trop dans la moto. Mais au final, ça a marché puisque je reviens en mondial, donc c’est cool. »
Justement, comment envisages-tu ce retour en mondial
avec une marque qui n’a encore jamais gagné ? À quel niveau peut-on
placer les espérances ?
« Déjà, je suis super content et heureux que BMW me fasse
confiance ! Dans le team MGM je connaissais déjà Michael Galinski
puisque j’avais fait une course avec lui il y a très longtemps, en
2010 ou 2011 je crois. Je pense que BMW a approuvé mon choix parce
que j’ai roulé pour eux en 2018, et même si à l’époque cela avait
été un peu compliqué, je pense qu’ils se sont rendus compte que ce
que j’avais fait n’était pas si mal avec la moto et les moyens
qu’on avait à l’époque.
Ils m’ont donc voulu et je pense que, s’il le fallait, j’ai
reprouvé à tout le monde sur les deux courses à Jerez (6e et 9e) et
à Portimão (2 podiums + 4e) que ma place était en mondial. Donc
eux, qui me connaissaient déjà, ont vraiment poussé pour me
prendre.
Après, c’est un projet vraiment différent et c’est une moto qui
n’a pas encore gagné, mais il y a une grosse envie de la faire
gagner chez BMW, donc ça bosse, il y a quatre pilotes sous contrat
usine, et quatre motos qui ont auront le même package sur la
grille. C’est une marque qui s’en moque que l’on soit grand ou pas,
et il y a trois pilotes sur quatre chez eux qui ont un grand
gabarit, donc ça c’est également bien pour le développement. Je
suis donc très heureux ! On a fait les premiers essais et donné les
premières indications en fonction de ce que je connais, puisque je
commence à avoir une expérience avec toutes les motos en Superbike.
En faisant la part des choses puisque la moto est vraiment
différente, on a essayé de trouver une direction dans le
développement et on a très bien bossé pendant les trois
jours.
On est rentré dans un projet qui est différent de celui, par
exemple, quand j’étais chez Ten Kate, où la moto était très proche
d’être complètement aboutie. Là, il y a plus de boulot mais je
pense que c’est la moto qui a le plus progressé entre 2020 et 2021,
et il ne manque vraiment pas grand-chose pour en faire une moto
pour jouer devant régulièrement. On va donc voir ce que l’on peut
faire cette année, mais mes objectifs seront d’essayer d’aller
chercher le top cinq le plus souvent possible et d’essayer d’aller
chercher quelques podiums. »
On sent une grosse motivation en toi…
« Tout le temps ! Après, les hivers sont plus simples quand on sait déjà ce que l’on va faire, que quand on ne sait pas ce que l’on va faire, comme l’année dernière (rires). »
1. Jonathan Rea (GB), Kawasaki, 1 : 38,831 min
2. Michael van der Mark (NL), BMW, 1 : 39,788
3. Alex Lowes (GB), Kawasaki, 1 : 39,865
4. Scott Redding (GB), BMW, 1 : 39.909
5. Loris Baz (F), BMW, 1 : 40.125
6. Xavier Vierge (E), Honda, 1 : 40.228
7. Eugene Laverty (IRL), BMW, 1 : 40,397
8. Iker Lecuona (E ), Honda, 1 : 40 430