Remy Gardner relance sa carrière dans un WSBK dont il sera certainement un fidèle pendant encore longtemps. Evoluant à présent dans le giron de Yamaha, il dit ne plus regarder la moindre course d’un MotoGP qui l’a rejeté après seulement un an et s’est éloigné d’un paddock des Grands Prix où il était identifié comme un Champion du Monde de Moto2 il y a peu. Mais s’il y a désaffection, il y a aussi encore de l’amertume. C’est du moins ce qui transparait avec cette dernière intervention.
Une apparition remarquée sur Todocircuito où l’Australien livre une considération générale sur la politique, les stratégies mais aussi les salaires qui ont cours dans le milieu. Et cela commence avec ce regret : « ils vous donnent une chance et si ça ne va pas, alors on vous jette dans la rue. C’est un peu une guillotine pour les pilotes, et je ne pense pas que ce soit la faute d’une seule marque ». Une mention qui signale qu’il ne se focalise plus sur KTM dans ses récriminations.
Remy Gardner : « les Japonais ont encore un peu le ‘feeling’ humain. Le sentiment est que les marques européennes sont assez noires ou blanches »
Car le mal est plus profond : « petit à petit ça part du management et je pense que les marques ont aussi profité du COVID pour les salaires, mettant la pression sur les pilotes. C’est une entreprise, ils regardent les chiffres et les résultats, et s’ils ne sortent pas, alors au revoir ». Puis il ajoute cette mention qui irait presque à contre-courant d’une tendance actuelle qui encense les constructeurs européens tout en brulant l’auréole des marques japonaises : « les Japonais ont encore un peu le ‘feeling’ humain. Le sentiment est que les marques européennes sont assez noires ou blanches ». On rappellera qu’il est un pilote Yamaha en WSBK.
Ayant mentionné la question sensible des salaires, Remy Gardner ne reste pas évasif. Il donne des chiffres : « aujourd’hui c’est très difficile pour les pilotes et les équipes. Il y a des salaires que beaucoup de gens n’auront pas dans leur vie. Ne pensez pas que ce soit fou non plus… En Moto3, les trois quarts de la grille paient quelque chose, et ils ne sont pas payés. Certains le sont, le top 5. En Moto2, les trois quarts de la grille sont payés, ce qui est une bonne étape. J’ai gagné, dans la meilleure équipe (Ajo Team), entre 80 000 et 100 000 euros ».
Et chez l’élite ? « En MotoGP, vous vous attendez à un grand saut comme c’était le cas auparavant, mais pas aujourd’hui. Si vous n’êtes pas dans le top 10, vous êtes au maximum 300 000 par an. Dans le top 7 constant vous êtes au moins 800 000, 900 000 ou 1 million. Il n’y a que 6 places… » analyse l’équipier d’un Dominique Aegerter qui le domine à la régulière cette année dans la catégorie réservée aux motos issues de la série.