Les quatre saisons précédentes du mondial Superbike ont été dominées par Kawasaki avec un Jonathan Rea enfilant les victoires et autres titres comme d’autres les perles. Personne, sous ce règne, ne trouvait à redire sur la ZX-10R. Puis est arrivé cet exercice 2019 où Ducati a déboulé avec une Panigale V4R et un Álvaro Bautista dessus. Un couple qui a tout bouleversé pour imposer une nouvelle hiérarchie. Un changement qui a agacé une concurrence dépassée qui a mis à l’index la machine rouge. Une stigmatisation qui agace au plus haut point un Paolo Ciabatti qui remet les choses en ordre…
La Panigale V4 R, à peine arrivée en championnat WSBK, domine largement son sujet et a mis au pas un Ninja qui, jusque-là, ne s’en laissait pas compter. Un revirement que la rumeur a mis sur le compte d’une moto italienne trahissant l’esprit du règlement voire même la philosophie de la catégorie. Tout en oubliant le fait que seul Álvaro Bautista réussit à la faire gagner. Des critiques suffisamment intenses pour ouvrir un débat sur des restrictions à apporter sur ce modèle inspiré du MotoGP.
Une stigmatisation qui a le don de mettre en rogne le directeur sportif de Ducati Paolo Ciabatti qui, dans un entretien à Speedweek, a tenu à présenter le sujet sous un autre angle… Et il commence fort : « les adversaires se plaignent parce qu’ils étaient habitués à gagner et qu’ils ne le font plus. Même si Imola était une histoire différente. Je ne peux pas comprendre tous les arguments contre notre moto, les règles sont les règles. Nous respectons le plafond des coûts et produisons beaucoup plus de motos que nécessaire pour l’homologation – et nous les vendons ».
« Notre philosophie pour le Championnat du Monde Superbike n’a pas changé. Nous avons toujours eu des modèles de production hypersport et, un an plus tard, nous avons apporté la version R, qui était aussi extrême que possible sous certains aspects. Aujourd’hui, nous ne le faisons pas différemment – et les règles sont les règles. Nous évoluons dans les règles, la philosophie du championnat. C’est drôle que tout le monde en parle maintenant, mais personne ne s’est plaint pendant quatre ans de la domination de Kawasaki » fulmine l’Italien.
« Nous sommes heureux de construire une meilleure moto que Kawasaki, Yamaha et Honda. Notre objectif est toujours de construire la meilleure moto de sport possible et c’est ce que nous voulons le prouver lors du Championnat du Monde Superbike » assure Ciabatti. « Chaque année, Kawasaki homologue une nouvelle moto spécialement conçue pour le championnat du monde de Superbike. Le fait est que Ducati n’a pas construit de moto spéciale juste pour l’homologation. C’était différent auparavant. Combien de Yamaha R7 ont été vendues ? Autant que nécessaire pour l’homologation. La Panigale V4 R est la meilleure moto de sport du catalogue Ducati, mais aucune édition limitée. Nous vendons autant que nos clients le souhaitent. Heureusement pour Ducati, la demande est supérieure à notre capacité de production actuelle ».
Voilà pour la machine. Et voici pour les résultats sportifs : « sans Álvaro Bautista, combien de courses Jonathan Rea gagnerait-il d’affilée ? 21 ? Personne ne se plaindrait de Kawasaki, personne ne dirait que Jonathan Rea est un pilote exceptionnel – ce qu’il est. Mais peut-être qu’il y en a un autre, qui est meilleur. Ce sont les faits. Ce n’est pas comme si nous étions premiers et deuxièmes dans chaque course. Chaz Davies est l’un des meilleurs pilotes, mais il n’a pas remporté de course cette année ».
Il termine ainsi sa démonstration : « si nous excluons Bautista, toutes ces affirmations sont fausses. Sans Bautista, nous n’aurions pas gagné de course. Certaines personnes ont oublié ça. C’est pourquoi je trouve agaçant que certains constructeurs se plaignent constamment de notre moto ».