Nous avons pu interviewer Loris Baz actuellement aux USA, pour dresser le bilan de ses deux dernières années en WorldSBK Superbike, sa participation au Daytona 200 (si, si !), et son avenir en MotoAmerica.
Comme à son habitude, le pilote français s’est montré extrêmement franc dans ses réponses, d’où en entretien enrichissant qui éclaire certains sujets d’un angle nouveau, le tout agrémenté de son deuxième Vlog disponible en fin d’article.
La première partie est consacrée à ses deux dernières années en Superbike mondial et à Daytona 200, la seconde à son nouveau projet en MotoAmerica aux côtés de Josh Herrin, justement vainqueur des deux dernières éditions de Daytona.
Bonjour Loris, avant tout on a vu ta vidéo, ton Vlog
numéro 2, et on l’a trouvé très sympa parce qu’on voit des aspects
de Daytona qu’on ne voit habituellement jamais…
« Oui, c’est ce que je voulais faire voir car c’est
tellement mythique comme course ! Ça a perdu un peu de sa superbe,
mais c’est en train de la retrouver et ça reste de toute façon
mythique. »
C’est bien de le faire savoir aux plus jeunes et de
montrer des images comme celles des tribunes immenses quand tu
arrives dans le paddock, et tout ça, ou comme le pit stop
challenge, qu’on ne voit jamais ailleurs…
« Oui, ça je leur ai dit, j’ai dit à Franck (Millet), je
lui ai dit « mais il faut mettre ça en endurance, parce que
c’est super marrant ce truc !”.
C’est clair que c’est une bonne idée, pas chère et pas
démesurée à mettre au point, et qui plairait aux spectateurs.
Pourquoi ton coéquipier Josh Herrin a fait Daytona et pas toi
?
« Ce n’est plus une course qui fait partie
du championnat depuis que ce ne sont plus des 1000cc. Avant,
c’était les Superbike et maintenant c’est une course à part du
championnat, avec des 600, et j’ai toujours rêvé de faire cette
course, mais moi je n’ai pas roulé en 600 depuis 2008.
Cette année, j’aurais vraiment voulu la faire mais il fallait
se préparer un peu, et le team n’avait pas les ressources pour
faire une 3e moto. En fait, eux, ils ont préparé une moto et demie,
parce qu’ils avaient un pilote payant canadien qui était là. Il
aurait fallu faire une 3e moto et ça demande un 3e crew (équipe
technique), donc ce n’était pas possible. Ils savent que je veux le
faire dans le futur, donc j’espère que l’année prochaine
j’arriverai à le faire. Mais voilà, même eux-mêmes au
début n’avaient pas prévu de la refaire, parce que ce sont des gros
budgets pour une seule course. Mais vu que vu que Josh avait gagné
deux fois ces dernières années, ils ont eu envie de
remettre le titre en jeu. Et ils l’ont conservé, donc
c’est cool.”
Alors autre point d’intérêt qu’on voit dans le Vlog,
c’est la taille de la concession que tu nous as montrée: c’est
incroyable !
« Oui, c’est vraiment énorme. Warhouse,
j’ai rarement vu quelque chose d’aussi gros que
ça. Ils font tout, des quads, des buggies, des motos, des
motocross. C’est très très gros, à Stranton en Pennsylvanie, et à
côté de ça ils ont Ducati New York qui est vraiment une concession
100% Ducati, qui est beaucoup plus petite parce que c’est dans New
York, mais qui a une grosse image parce qu’il y a énormément de
gens qui roulent en Ducati ici aux US. Il y a des gros groupes de
motos, de motards, qui vont sur la route et qui adorent avoir des
V4, des V4R, des Superleggira, etc. C’est un peu une autre
mentalité que chez nous, ils ont même des motos préparées, ça part
de la concession, ça part faire des roulages, donc c’est un peu
différent de chez nous.”
Alors, avant de parler de cette année, est-ce que tu
peux dresser un bilan de tes deux dernières années en Superbike,
avec ce que tu en as retiré de positif et de moins positif
?
“C’étaient 2 années qui avaient bien commencé, dans un
projet avec beaucoup d’envie, et beaucoup de progrès à faire, mais
d’avenir. En tout cas, quand j’ai commencé, on savait qu’on avait
des problèmes, on savait qu’il y avait plein de choses qui
pouvaient être faites. En tout cas c’était un contrat
officiel, un contrat usine, donc c’est ce qui a fait que
je voulais y retourner, même si c’était dans un autre team, mais
que je connaissais déjà. Et donc j’ai trouvé un groupe de gens qui
était super: franchement le team Bonovo, j ai rien à dire, on a
bien commencé, on a été souvent la BMW la plus rapide début
2022. Donc voilà, 2022 plutôt une bonne saison, et même si
on était loin des objectifs fixés par BM, on a eu des problèmes, on
a su réagir, on a fait progresser la moto, on a fait des gros
changements en 2022.
Et après, 2023, ça fait partie des saisons dont je ne
vais pas me souvenir quand je serai vieux quoi (rires).
Quand il y a des spirales positives, tout est positif, et quand les
spirales sont négatives, c’est très compliqué d’en sortir, même si
j’ai tout fait pour.
Mais ça avait commencé normalement en Australie, en Indonésie
on était bien, et voilà, il y a eu cette blessure alors que c’était
un weekend où j’étais le BM plus vite. Il y a eu cette
grosse, grosse blessure que j’ai traînée toute l’année. Je
suis revenu au bout de 7 semaines, alors que j’aurais dû être 3
mois OUT, et je n’ai loupé aucune course, mais j’étais handicapé.
Et je pense que dans la tête des gens, le fait de me voir revenir à
la course d’après et qu’il n’y ait pas eu 12000 fractures comme
j’avais eu en 2016, c’était moins impressionnant. En fait, l’image
était impressionnante mais après, la blessure était moins
impressionnante vue de l’extérieur. Mais dedans, tout était
détruit dans le pied. Le pied ne bougeait plus, il n’y avait plus
un ligament qui était attaché, le genou c’était pareil,
donc j’en ai chié toute la saison avec ça. Et en plus, il y a eu
énormément de, chacun appelle ça comme il veut, mais moi je n’aime
pas parler de malchance mais par moment tu n’as pas trop le choix.
Et il y a eu tous ces problèmes techniques que j’ai eu. En fait, il
y a eu un weekend où je suis un peu passé à côté, ça a été Imola,
et ça a été mon meilleur weekend, où je fais du 3 super courses.
Voilà, ça a été le le seul weekend où je n’ai pas eu de
problème, tous les autres on a eu des problèmes de toutes
sortes. Voilà, quand ça doit tomber sur un, ça tombe sur un, et
c’est comme ça. Après, je ne regrette rien parce que quand je
m’engage dans quelque chose, je le fais à fond, et je savais que ça
allait être compliqué, et cetera, mais c’était une opportunité pour
moi. Donc voilà, c’est dommage que ce soit fini comme ça après
2022, mais je garde de super relations avec le team
Bonovo, et maintenant c’est du passé donc je regarde devant et
je suis tourné vers l’avenir.”
L’avenir chez BMW, tu le vois comment ? Parce que
là, le nouveau pilote, il a fait fort quand même…
« Pour moi, Toprak, c’est un de ces génies de la
moto comme peut l’être Marquez, ou comme l’a été Stoner.
Ce sont des mecs qui ont quelque chose en plus, ça se voit. Moi,
j’ai toujours dit que j’aimerais voir Toprak en
MotoGP, parce que c’est quelqu’un qui a une capacité, un
feeling de la roue avant et du freinage, que j’ai rarement vu. Donc
tout de suite, quand j’ai su qu’il venait, j’ai su qu’il allait
performer. Il y a eu des changements qui ont été faits mi saison
l’année dernière chez BM, assez importants dans l’organigramme,
dans la façon de développer avec ce test team et tout. C’est des
choses qu’on demandait depuis pas mal de temps et qui a été mis en
place l’année dernière. Donc à mi saison l’année dernière, et c’est
pour ça que que moi je voulais rester là-bas, parce que j’ai senti
qu’il y avait un nouvel élan, de nouvelles choses. Je pense que ça
marcher, d’ailleurs Toprak l’a prouvé. Il faudra voir pour jouer le
site. Moi j’ai dit que je n’y croyais pas pour le titre la première
année, après, maintenant, à voir: j’ai peut-être changé
d’avis, parce qu’il est tellement
exceptionnel.
Ce qu’il a fait à Barcelone, j’ai rarement vu ça, et c’est
fort. Je connais les défauts de cette moto, et tout n’a pas pu être
changé parce que ce n’est pas une nouvelle moto qui a été
homologuée, et la façon qu’il a de rouler gomme vraiment les
défauts qu’elle a. Bravo !”
Donc tu suivras avec intérêt la saison
Superbike…
« Moi je suis un passionné de moto, donc je suis
tout le temps les courses, je regarde tous les championnats
qui existent, donc je suis un vrai passionné de motos et je connais
Toprak depuis très longtemps: en plus d’être un mec super cool, ce
qu’il fait sur une moto, c’est quelque chose que je n’ai pas
vu sur beaucoup de pilotes.”
Alors cette année, retour aux États-Unis dans le même team où tu as déjà fait une saison, Warhouse Ducati New York, en MotoAmerica Superbike. Est-ce que déjà tu as vu que le team avait évolué, par rapport à 2021 ?
A suivre demain…
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