De Paolo Gozzi / Corsedimoto.com
Luigi Dall’Igna, directeur de Ducati Corse, parle des débuts victorieux de la V4R en Superbike. « Les règles sont trop favorables? Nous n’avons interprété que le règlement »
Luigi Dall’Igna aurait aimé voir sa nouvelle créature, la Ducati V4R, faire ses débuts en Superbike en Australie. Mais il n’a pas pu y être à cause des essais MotoGP concomitants à Losail. L’ingénieur vénitien a remporté le premier coup porté contre le couple redouté Jonathan Rea-Kawasaki, champion depuis quatre ans et invaincu depuis onze courses. Álvaro Bautista a rempli son contrat : trois victoires sur trois, record de piste et de championnat, avec 13 points d’avance sur le cannibale. Mieux que ça, c’était impossible.
La nouvelle ère Ducati
Le directeur de Ducati Corse a suivi les courses en pleine nuit,
depuis le Qatar, informé en temps réel de l’évolution d’un week-end
qui va faire date. Bologne a ouvert une ère, après la glorieuse
époque du moteur deux cylindres, vainqueur de 31 championnats du
monde, entre titres pilotes et constructeurs. Le premier est arrivé
en 1990, sur la même piste de Phillip Island. Dall’Igna n’a pas
seulement fait le point de la situation technique, mais a aussi
déclaré que le choix du pilote était parfait.
« J’ai toujours pensé qu’Álvaro Bautista était un grand talent » souligne Luigi Dall’Igna. « J’ai travaillé avec lui pendant de nombreuses années, en 125 et 250 (tous deux chez Aprilia, ndlr), et honnêtement, je me suis toujours demandé pourquoi il n’a pas pu exprimer tout son potentiel en MotoGP. C’est l’un des meilleurs talents que j’ai vu. »
Est-ce que Ducati dominera aussi sur les autres pistes ?
« C’est difficile à dire, ce n’est que la première course. Le projet est complètement nouveau, comme la moto. Je ne sais pas non plus à quoi m’attendre dans les prochaines courses. Nous avons constaté que nous avons des atouts qui pourraient être importants, mais nous avons certainement des lacunes à combler. Sur certaines pistes, nous allons beaucoup souffrir. »
Jonathan Rea est-il moins effrayant maintenant ?
« Le niveau de Superbike est très élevé. Jonathan Rea est l’un des meilleurs pilotes au monde. Notre objectif est de rivaliser avec les meilleurs, même dans le championnat des motos dérivées de la série. »
Qu’as-tu dit à Bautista ?
« Nous nous sommes parlés après la course, Álvaro était vraiment heureux. Nous nous sommes dit que nous ne devions pas tenir compte de ça et que nous devions travailler comme si nous avions perdu la course. C’est notre mentalité. »
Nos rivaux disent que Ducati est favorisée par la règle du régime moteur.
« Il existe des réglementations techniques, et nous travaillons sur la base de ces règles. Les règles sur les régimes moteur de la moto sont claires. D’ailleurs, elles sont entrées en vigueur l’an dernier, et jusqu’en 2017, vous pouviez utiliser autant de tours que vous le vouliez. Dans un sens, c’est un règlement qui nous pénalise. Quand je dois préparer une moto de course, je lis les règles et j’essaie de les interpréter pour obtenir les meilleures performances possibles. »
Pourquoi l’autre pilote Ducati, Chaz Davies, s’est retrouvé à l’arrière ?
« Álvaro a mieux interprété la moto et la piste de Phillip Island. Pour des raisons physiques, Chaz Davies (trois fois 2ème du Championnat du Monde en 5 ans, ndlr) a eu un hiver très difficile et n’a jamais été fort. Lorsqu’un pilote est freiné par des problèmes physiques, il lui est difficile de trouver les références qui l’aideront à aller vite. Beaucoup de travail nous attend avec lui, nous pensons pouvoir le faire lors des prochaines courses. »
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