Toprak Razgatlioglu est aussi impitoyable et intransigeant sur la piste qu’il est calme et avenant une fois qu’il est descendu de sa Yamaha. Il a aussi le sens du collectif et c’est pour combler son employeur Yamaha qu’il a pris la décision d’arborer, en 2022, un numéro 1 qui prendra donc la place de son 54 fétiche. Un respect de la tradition plutôt que de privilégier le marketing personnel qui lui fait honneur. Et qui explique aussi pourquoi il n‘est pas tenté, encore, par le MotoGP…
C’était au départ une superstition qui a tourné à la règle commerciale pour les produits dérivés : un pilote c’est un nom mais c’est aussi et surtout un numéro de départ qui est celui d’une claire identification pour les fans. La conséquence est qu’un Champion du Monde ne veut pas casser cette dynamique du merchandising avec le numéro 1, qui consacre pourtant tous ses efforts pour être parvenu sur le toit du monde. Une tendance vécue systématiquement en MotoGP.
En WSBK, Jonathan Rea a assumé la plaque de l’unité pendant six saisons. Il retrouvera son 65 en 2022, année où c’est Toprak Razgatlioglu qui évoluera avec la couronne sur le casque. Son numéro fétiche est le 54 et il est lourd en symbole puisqu’il lui vient de son mentor et héros national turc Kenan Sofuoglu. Une raison supplémentaire pour le faire perdurer à un moment clé de sa carrière. Mais Toprak a pris une autre décision.
Ainsi, c’est bien avec le numéro 1 qu’il fera la prochaine campagne en WSBK. Et voici pourquoi : « j’ai toujours utilisé le numéro 54, celui-là même que m’a donné Kenan Sofuoglu. Je l’aime bien, mais Yamaha n’a jamais eu de numéro 1 en Superbike. Je porterai donc le numéro 1 l’année prochaine ». La marque en est bien sûr ravie et sera sans nul doute sensible à cette considération.
Toprak Razgatlioglu : « j’aime ce paddock Superbike. Je n’aime pas l’autre paddock«
Puisque l’on parle de considération, le même Toprak Razgatlioglu sait se monter touchant à cette occasion. A titre personnel d’abord : « mon père a travaillé si dur pour moi, c’était aussi son rêve, je suis sûr qu’il m’a suivi, même s’il n’a pas pu me voir, ça a été une saison spéciale, c’est pour toi papa ! ». Et sur le plan sportif aussi : « Rea est une légende du Superbike, c’était un combat incroyable avec lui cette année mais nous ne nous sommes battus que sur la piste, nous sommes amis en dehors. Pour moi, ce n’était pas facile, il m’a aidé, m’a prodigué des conseils à l’époque de Kawasaki. En 2018, lorsque je suis arrivé dans le paddock en Superbike, tout le monde voulait battre Jonny, et après deux ans, nous nous sommes battus sur la piste et cette année encore plus ».
Mais au fait, maintenant qu’il est un Champion du Monde grâce à ses 13 victoires et 28 podiums en 35 courses, il peut penser au MotoGP… A défaut, le MotoGP ne manquera pas de lui rappeler qu’il pense toujours à lui. Oui mais voilà… « J’aime ce paddock Superbike. Je n’aime pas l’autre paddock, car j’y suis déjà allé dans la Rookies Cup, mais nous verrons ce que sera mon avenir ». Lin Jarvis est prévenu…