La saison dernière, Jules Cluzel pensait déjà à la retraite mais sa fin de parcours jalonnée par des podiums et autres victoires l’avait convaincu d’une seconde jeunesse. Une impression qui s’est révélée fausse si l’on en juge par son actuel cheminement dans une catégorie Supersport qu’il connait plus que bien. On peut même dire du Français qu’il en est devenu comme un opérateur historique. Celui qui est aussi un des protégés d’Eric Mahé fait le point sur sa campagne en cours en ne cachant pas qu’elle est loin des espérances nourries sur le terreau de l’épilogue 2021. Et surtout, elle ne peut-être celle qui clôture une longue carrière.
Jules Cluzel s’est exprimé sur sa saison en cours sur le site officiel du WSBK et il ne peut nier qu’il est frustré et déçu par un déroulé qui l’a déjà mis hors-jeu dans la course au titre : « nous sommes dans une passe difficile » dit-il et il précise qu’elle l’est d’autant plus qu’elle est bien plus délicate que celle de l’an passé, déjà considérée comme une crise : « l’an dernier, mais nous figurions sur le podium de toutes les courses ou d’une course sur deux. Nous faisions des Tops 4, si ce n’était pas des Tops 3 et on se plaignait… ».
Il ajoute : « nous étions dans une situation critique où tout le monde était stressé. Finalement, quand tout s’est détendu, nous nous sommes mis à gagner pratiquement toutes les courses en fin d’année. C’est le même objectif cette année. Je veux retrouver cette sérénité. Elle ne viendra pas comme ça, il va falloir qu’on trouve des solutions. On a un petit peu de temps, mais le titre, on peut déjà faire une croix dessus ».
Jules Cluzel : « dans ma tête et dans mon cœur, je veux m’arrêter sur des victoires«
De prime abord, on aurait tendance à mettre sur le compte du nouveau règlement les difficultés rencontrées par le GMT94 avec sa Yamaha R6. Mais l’argument a du mal à tenir lorsque l’on voit Dominique Aegerter remporter toutes les courses avec la même moto mise chez Ten Kate, sans oublier les coups d’éclats de Baldassarri aussi équipé de la sportive d’Iwata. Même si ces pilotes sont plus lourds que le fluet Jules Cluzel qui pâtit d’une réglementation définissant de manière particulière le poids minimum à respecter, l’épouvantail Ducati V2 tant redouté en haut lieu chez Yamaha est encore loin du compte. C’est donc bien au sein du team français qu’il faut trouver des solutions.
Et d’autant plus que Jules Cluzel est plus proche de sa fin de carrière que son début. Il fait allusion à ce temps qui passe inexorablement en mentionnant : « je ne veux pas m’arrêter comme ça. Je veux encore me faire plaisir et on verra ce qui se passe. Nous ne sommes qu’au premier tiers de la saison. Je pense que je suis un pilote d’expérience et j’ai gagné un petit paquet de courses l’an dernier, ça ne s’oublie pas comme ça. Dans ma tête et dans mon cœur, je veux m’arrêter sur des victoires ».
Après avoir conclu la saison 2021 sur une victoire lors de la Course 2 de Mandalika, Jules Cluzel ne compte pour le moment qu’une quatrième place comme meilleur résultat. Il a aussi gagné quatre des six dernières manches du dernier calendrier. Son équipier est son compatriote Andy Verdoia, qui est le plus jeune vainqueur de l’histoire du WorldSSP. Il souffre tout autant que son aîné et même au sens propre avec un problème de syndrome des loges qu’il a dû régler. Il n’a réussi à obtenir qu’un seul Top 10, avec pour meilleur résultat une neuvième place lors de la Couse 1 d’Estoril.