Lorsque Jonathan Rea fait le bilan de sa saison de WSBK, il peut nourrir des regrets. Le premier d’entre eux est, bien sûr, la perte d’un titre mondial qu’il avait fait sien lors des six millésimes précédents. Pour le moins, c’est ce qui s’appelle dominer son sujet. Mais Toprak Razgatlioglu l’a terrassé en étant peu ou prou aussi performant avec une Yamaha, mais en faisant moins d’erreurs que l’officiel Kawasaki. L’Irlandais du Nord en explique les raisons et demande aux ingénieurs d’Akashi d’élever d’autant plus le niveau de la ZX-10R que la meilleure moto du plateau n’était pas, selon lui, de marque japonaise…
Jonathan Rea fait un constat en évaluant sa dernière campagne en WSBK qui ne fera peut-être pas sourire Scott Redding. Mais qui laisse la porte ouverte à une bataille à trois pour la couronne 2022, puisque Bautista est revenu dans les rangs de Ducati… Le sextuple titré dit ainsi : « nous avons eu du mal cette saison. La Ducati était la moto la plus rapide en piste, mais maintenant nous sommes derrière plusieurs constructeurs ». La Panigale V4R serait donc le pendant de la Desmosedici en MotoGP : il ne lui manquerait plus que le bon pilote pour concrétiser…
Cela dit, Jonathan Rea mentionne aussi le plus haut niveau d’autres constructeurs. Il précise : « Yamaha a donné une nouvelle référence pour améliorer la moto, c’est vraiment motivant pour entrer dans la présaison ». Cette dernière mention est directement destinée aux ingénieurs de la marque d’Akasahi qui avaient raté le moment clé de l’intersaison, avec les conséquences à subir durant tout l’exercice 2021.
On se souviendra en effet qu’il y a un an, Kawasaki avait apporté un nouveau modèle d’homologation de la ZX-10RR afin d’obtenir plus que les maigres 14 600 tr/min autorisés jusqu’alors en régime maxi. A titre de comparaison : la Ducati Panigale V4R peut prendre actuellement jusqu’à 16 100/min, la Honda CBR1000RR-R est autorisée à tourner à 15 600/min, la BMW M1000RR à 15 500/min et la Yamaha R1 à 14 950/min.
Mais la FIM n’a pas autorisé Kawasaki à une vitesse plus élevée car le moteur de la machine actuelle a la même base que le modèle précédent. « Ce n’est pas parce qu’un constructeur a un piston différent dans son moteur qu’il s’agit d’un nouveau moteur pour nous, c’est juste un nouveau composant », avait expliqué Scott Smart, directeur technique du SBK.
Avec une Kawasaki à la limite, Jonathan Rea a dû dépasser les siennes
Depuis, le problème reste entier et Rea l’explique ainsi sur Speedweek : « nous devons améliorer l’accélération et la vitesse de pointe de notre moto. Nous avons souffert sur des tracés comme Most et Navarra, où il faut accélérer dès la première vitesse. Et sur certains tronçons, nous avons perdu 0,3 seconde sur les lignes droites seules. Cela m’a plongé dans la crise pour le reste du tour car je devais tout donner pour faire un bon temps. C’est ce sur quoi nous devons nous concentrer, il y a des domaines où nous pouvons nous améliorer. Nous travaillons en étroite collaboration avec les ingénieurs Kawasaki pour tester certaines pièces dès décembre ».
En effet, du 15 au 17 décembre, à Jerez, Rea essaiera la nouvelle Ninja ZX-10RR avec laquelle il visera à reprendre le trône mondial que lui a soufflé Toprak Razgatlioglu, malgré que les chiffres aient finalement été en faveur de l’Irlandais du Nord : tous deux ont remporté 13 victoires, mais le pilote Kawasaki a obtenu deux podiums supplémentaires (30 à 28), réalisé plus de tours rapides (14 à 9) et il est parti 8 fois de la pole position par rapport à le 3 de l’adversaire turc. Mais à cause des quatre chutes subies, le sextuple champion du monde a terminé au classement général avec 551 points, soit 13 de moins que Toprak.
« Ça a été une saison très difficile et j’ai fait beaucoup d’erreurs », a admis Jonathan Rea. « Je refuse de sortir en piste sans combattre, parfois j’ai franchi la ligne et j’en ai payé le prix. Mais c’est un championnat du monde, j’ai beaucoup de passion et de motivation et j’essaie de gagner. Nous avons eu du mal cette saison ». Sur le circuit de Jerez, on verra aussi pour la première fois Honda avec Lecuona et Vierge et BMW avec son quatuor Van der Mark, Redding, Baz et Laverty…
