Après avoir terminé premier et deuxième en Championnat du Monde Superbike à Silverstone en 2012, Loris l’emportait de nouveau sur le même circuit britannique l’année suivante. Après trois saisons et 49 courses en MotoGP (sur Yamaha Forward et Ducati Avintia), il a signé ce week-end un beau résultat pour son retour en mondial Superbike sur le circuit de Misano.
Baz a commencé sa collaboration avec l’équipe Ten Kate Racing, en
mal d’une moto depuis le retrait de Honda, dès la course de Jerez.
Le Français et les Néerlandais débutaient donc officiellement en
Andalousie début juin, avec une honorable neuvième place pour
Loris.
A Rimini, l’équipe des cousins Ten Kate se qualifiait seizième avec
Baz, toujours en apprentissage de la Yamaha R1, machine compétitive
mais évidemment difficile à découvrir et à rendre efficace en début
d’utilisation. La première course de Rimini était interrompue au
drapeau rouge en raison de la pluie et Baz repartait neuvième sur
la deuxième grille.
C’est alors que les choses prirent une toute autre tournure et que Loris se hissa à la mi-course à une seconde de celui qui terminera troisième, le leader du Championnat du Monde Álvaro Bautista !
Loris, cette quatrième place a dû te rappeler de grands souvenirs, car c’est déjà à Misano en 2015 que tu avais obtenu ton meilleur résultat en MotoGP : La quatrième place (justement !) devant Valentino Rossi cinquième. Tu aimes Misano, ou le circuit te porte-t-il bonheur sur le mouillé ?
« Oui, il est certain que ça me rappelle de bons souvenirs. C’est une piste que j’aime bien, même si elle ne fait pas partie de mes circuits préférés. C’est une course qui est à chaque fois agréable car l’endroit est super sympa. Les fans italiens sont très spéciaux car vraiment passionnés, donc c’est un week-end de course que j’apprécie ».
« Après, je pense qu’aimer l’endroit n’a rien à voir avec les bons résultats, mais il est vrai que j’y ai toujours fait de bonne courses, même avant les premières années en Superbike. Il me réussit et c’est bien. J’aurais bien voulu ramener un podium de plus, mais une quatrième place déjà en ce moment c’était bien ».
Tu es revenu comme un obus sur Bautista, à une seconde de lui au neuvième tour, c’est-à-dire à la mi-course sur 18 tours. On a eu l’impression ensuite que tu as préféré assurer ta quatrième place, plutôt que de tenter de passer Bautista (avec les risques que ça comportait) pour lui ravir la troisième position. Qu’as-tu décidé à ce moment-là sur la moto ?
« Ce qu’on ne voyait pas forcément à ce moment-là à la télé c’était que les conditions changeaient énormément d’un tour à l’autre. C’est ce qui a piégé Alex (Lowes) qui est parti en aquaplaning. Il était donc difficile d’analyser chaque endroit de la piste en temps réel parce qu’il ne pleuvait pas partout avec la même intensité ».
« Quand j’ai réussi à passer tous les pilotes qu’il y avait devant moi et que je me suis retrouvé derrière Álvaro en cinquième position, j’ai forcé pour revenir dans la seconde. Puis j’ai attendu la fin de la course ».
« Ensuite quand j’ai vu Haslam tomber, je me suis dit qu’il fallait tenter quelque chose, donc j’ai vraiment forcé pour revenir sur Bautista. J’ai presque réussi à revenir dans sa roue, mais à ce moment-là j’ai perdu l’arrière violemment deux fois, une fois dans les cassures et une fois dans le Virage 4. J’essayais à ce moment-là des maps (cartographies) un peu différentes car il y avait un peu moins d’eau par endroits. Les maps qu’on avait mises pour la fin de course n’étaient pas vraiment top parce que c’était la première fois qu’on faisait autant de tours sur le mouillé avec cette moto ».
« Après ces deux gros moments, j’ai décidé de ramener la moto dans le parc fermé (comme « indépendant ») mais je voulais cette quatrième place. Álvaro a vraiment été très fort et intelligent pendant toute la course. Il n’a fait aucune erreur. Il a réussi à augmenter son rythme à la fin. Donc je n’ai aucun regret, j’ai juste géré l’écart avec Chaz jusqu’à la fin ».
Le retard dans la mise au point de la moto, en cours de saison, ne favorise pas encore les résultats sur le sec. Avec Ten Kate, êtes-vous encore loin techniquement des Yamaha de pointe ?
« Non, car honnêtement il ne nous manque pas grand-chose : De la compréhension de la moto et savoir quoi faire quand on a un problème. Cela concerne juste l’expérience et la compréhension de cette Yamaha qui est fantastique, mais spéciale comme chaque moto, avec ses spécificités ».
« Sur un week-end de course on ne roule pas beaucoup car en Superbike quand la FP2 est terminée, il ne reste plus grand-chose. Donc il était important de finir toutes les courses pour comprendre chaque chose. Il nous manque une seconde, mais on progresse énormément. Il faut arriver à tout mettre bout à bout le plus vite possible ».
Vous avez choisi un partenariat avec Nissin pour les freins, contrairement aux autres équipes (en Brembo). Cela fait-il une différence importante ?
« C’est très proche de mes souvenirs en Brembo. L’attaque des freins est un peu plus agressive et performante sur Nissin. Je n’ai jamais eu aucun souci de frein depuis le début. Ce n’est pas quelque chose auquel on pense parce que ça fonctionne vraiment très bien ».
Il reste 6 manches, donc 18 courses. Comment vois-tu pour toi et pour ton équipe la suite du Championnat ?
« Bien, parce que déjà cette quatrième place a fait du bien à tout le monde. Ça a donné le sourire à tout le monde dans le box, aux patrons qui ont fait beaucoup d’efforts et d’investissements. Ça motive tout le monde à travailler comme ils le font ».
« Le but est de se rapprocher le plus possible du début jusqu’à la trêve, donc travailler du mieux qu’on peut jusqu’au dimanche soir de Laguna Seca. Ensuite ce sera la pause, pendant laquelle nous aurons quelques journées de test en août. On prépare l’avenir, donc il faut être un peu patient ».
Johnny Rea remonte très vite au classement sur Álvaro Bautista. L’Espagnol semblait il y a peu avoir le titre dans la poche, mais avec seulement 16 points d’avance désormais sur le Britannique, comment vois-tu la suite des évènements ?
« Ça va être intéressant car cette Ducati a l’air ultra performante, mais elle est, sinon capricieuse, du moins dispose t-elle d’une plage d’utilisation assez compliquée sur le châssis. Il va falloir compter avec l’expérience de Johnny (Rea). La blessure de Michael (van der Mark) est très regrettable parce que je pense que les comptes seraient différents à l’heure actuelle s’il ne s’était pas fait mal ce week-end. Il était vraiment très vite vendredi, donc c’est dommage pour Yamaha ».
« Pour la bagarre au Championnat, on va avoir beaucoup plus de suspense, beaucoup plus longtemps dans la saison que ce qu’on envisageait. Je mettrais quand même une pièce sur Álvaro, vues les pistes qu’il y a en fin de saison, même si je pense bien voir Johnny partir en tête du Championnat de Laguna Seca ».
Photos © Ten Kate Racing Yamaha et photoPSP.com@photopsp_lukasz_swiderek