Champion du Monde Supersport avec Ten Kate, Fabien a remporté à l’occasion de 151 départs un total de 16 courses, 44 podiums et 14 pole positions. Vainqueur également du Bol d’Or, des 24 H de Liège et des 24 Heures motos du Mans, Foret est depuis quelques années le coach de Johnny Rea. Il assure le suivi physique du quintuple Champion du Monde et élabore en sa compagnie des stratégies gagnantes.
Tout en travaillant sur un sixième titre consécutif cette année, les deux hommes comptent sur leur complicité, leur confiance réciproque, leur expérience et leur complémentarité pour décrocher de nouveau le jackpot cette saison. Fabien conseille également l’ancien Champion du Monde Supersport Lucas Mahias.
Pour la première fois depuis des années, Kawasaki n’a pas homologué l’hiver dernier de nouvelle ZX-10RR. L’équipe KRT s’en est un peu inquiétée, mais en fait ce sera peut-être un avantage – en fonction de la situation actuelle – d’avoir la moto réglée d’avance pour tous les circuits ?
« La moto est aboutie et certes en bout de développement,
mais comme tu le dis à juste titre, on a quand même une base de
données importante qui permettra d’éviter de perdre du temps. Et
sur un championnat qui va être très condensé dans le temps et sur
quelques circuits, ça peut être un avantage. »
« Mais notre principale force est que Johnny est un pilote qui fait très peu de fautes, et qui termine très régulièrement parmi les trois premiers. Ça devrait être une fois de plus un atout important pour le genre de saison qu’on devrait vivre cette année. »
Au niveau de son coéquipier, quelles sont les différences essentielles entre l’ancien, Leon Haslam, et le nouveau, Alex Lowes ?
« Alex amène du sang frais, par rapport à Leon qui a plus d’expérience. Ce sont deux bons pilotes capables de jouer les avant-postes. »
« Johnny, quant à lui, reste concentré sur ses objectifs. Il est certain que pour lui, voir son coéquipier bien figurer lors des premières courses aurait pu l’énerver, mais une fois de plus son expérience devrait parler cette année. »
« On sait que la saison va être étonnamment courte, mais paradoxalement longue également. Avec deux courses et demie – disons-le ainsi – par week-end, il a le temps de récupérer une éventuelle erreur qu’il aurait commise, comme on l’a vu par exemple en début de cette saison à Philip Island. »
Quand l’équipe KRT a décidé de ne pas faire rouler Toprak Razgatlioglu aux dernières 8 Heures de Suzuka qu’elle a remportées, son manager Kenan Sofuoglu a pris ça comme une insulte et a décidé de faire quitter Kawasaki à Toprak. S’il avait roulé à Suzuka, ne serait-ce qu’un seul relais, Razgatlioglu serait-il aujourd’hui le coéquipier de Johnny chez Kawasaki ?
« Je n’ai pas vraiment beaucoup plus d’infos que toi à ce sujet et pas trop envie de me prononcer, mais je pense que c’est un vrai-faux problème. Cette histoire à Suzuka est éventuellement plus un prétexte qu’autre chose. »
« On a pu voir que du côté de Kenan, qui avait lors de ces dernières années une étiquette très Kawasaki, il a quand même vite « retourné sa veste » et maintenant il est en étroite collaboration avec Yamaha pour ses activités diverses et variées en Turquie, notamment pour la formation des jeunes. »
« Je pense qu’il avait peut-être aussi un intérêt personnel à ce que Toprak passe chez Yamaha, et lui permette à lui de son côté de faire son business. Donc, pour répondre à ta question, je pense qu’il s’agit plutôt d’un prétexte que d’un problème qui lui a fait prendre cette direction. »
Que penses-tu du calendrier WSBK actuel, resserré sur à peine trois mois, et ayant lieu essentiellement en Europe ?
« Et beaucoup en Espagne, d’ailleurs. Ce calendrier est bizarre, mais on vit une période très particulière. Ce championnat est à l’image de cette année qu’on subit. Ce sera, c’est certain, un championnat bizarre et tronqué, mais il aura la même valeur que les autres. Quand on est Champion du Monde, c’est pour toujours, mais, malgré tout, ça ne semble pas pour le moment une année très variée et palpitante. »
« Quand on concentre un championnat sur aussi peu d’épreuves et de circuits, il est vrai que ça peut éventuellement par exemple être un avantage pour cette Ducati en Aragón avec la ligne droite. Mais encore une fois il faut faire avec, et que le meilleur gagne. Mais c’est quand même un petit peu bizarre. »
Tu es également coach pour Lucas Mahias. Comment vois-tu sa saison sur la Kawasaki*, qui n’est pas la moto la plus récente par rapport à la Yamaha ?
*La Kawasaki ZX 600 R F (ZX-6R) actuelle a été homologuée en janvier 2009. La Yamaha YZR R6 l’a été en janvier 2017, en même temps que la MV Agusta F3.
« Il est sûr qu’il ne faut pas se leurrer. La Yamaha à ce jour a un léger avantage technique, comme tu le disais à juste titre. Maintenant, Lucas est un pilote rapide et d’expérience. Il a prouvé, notamment lors de la deuxième partie de la saison l’année passée, qu’il pouvait être meilleur que les pilotes des Yamaha, car il a scoré plus de points que n’importe quel autre pilote à partir de la mi-saison. »
« Tout peut arriver. Il est motivé. Il est bien préparé aussi physiquement. Moi je fais en sorte que le reste suive. On va se battre jusqu’au bout. »
« Le champion en titre est passé sur une autre marque (Randy Krummenacher sur MV Agusta, NDLR). Ça reste un championnat très ouvert. Ils sont trois ou quatre prétendants à la victoire, et ça va se jouer aussi à celui qui fera le moins d’erreurs. En Supersport, il n’y a qu’une course par week-end, donc ça sera très compliqué, sur un tel championnat, de se refaire après d’éventuelles erreurs ou contre-performances. »
Photos © Kawasaki, Yamaha, Fabien Foret, Johnny Rea (thanks JR for the picture)