A la suite du départ de Marco Melandri et de Sandro Cortese de l’équipe GRT Yamaha, celle-ci s’est vue attribuer un nouveau rôle avec la formation des jeunes pour le Championnat du Monde Superbike. Federico Caricasulo est l’une de ses recrues pour 2020, et l’autre est le Texan (comme Kevin Schwantz et Colin Edwards, entre autres) Garrett Gerloff, double vainqueur en Supersport du Championnat MotoAmerica organisé par Wayne Rainey et soutenu par Dorna. Il est donc le nouveau coéquipier – au sens large – de Valentino Rossi.
Yamaha a eu là une excellente initiative car depuis plusieurs années les plateaux MotoGP et WSBK sont plutôt pauvres en pilotes américains. Or les États-Unis représentent le plus grand marché du monde, ce à quoi les constructeurs ne peuvent être insensibles. Eric de Seynes a donc décidé de donner sa chance à Garrett Gerloff, totalement inconnu en Europe, et qui se présente ici à nous.
Il commence par nous parler de sa forte volonté de traverser l’Atlantique pour courir en mondial : « J’ai beaucoup exprimé mon désir de participer au Championnat du Monde, que ce soit en Superbike, en Supersport, en Moto2 ou dans d’autres disciplines. A Laguna Seca, où j’ai gagné une des courses MotoAmerica dans le cadre du World Superbike, j’ai essayé de parler avec les gens pour voir s’ils étaient intéressés à m’emmener en WorldSBK. »
« Quand j’ai fait le voyage à Magny-Cours, j’ai vraiment pu parler aux gens face à face. Je pense qu’ils ont apprécié le fait que je sois allé jusqu’en France pour leur parler, au lieu qu’ils viennent me voir aux États-Unis. Je voulais transmettre la passion que j’ai pour la course. Je pense qu’ils l’ont vue et je suis vraiment heureux que GRT Yamaha m’ait donné cette opportunité. »
« L’’intérêt est là en Amérique et il y a des gars qui veulent le faire. Parfois, je pense que c’est difficile, et c’est un risque pour toute équipe du WSBK de prendre un Américain car je pense que beaucoup de gens ne connaissent pas bien le niveau des séries américaines. Je suis content qu’ils aient pris un risque pour moi. Je pense qu’à Laguna, ils ont vu ce qu’ils voulaient voir et cela les a aidés à miser sur moi. »
« J’étais un enfant du motocross dès l’âge de quatre ans. Je ne faisais pas de course mais j’étais un guerrier du week-end, j’allais avec mon père. Quand j’ai eu 12 ans, j’ai vraiment pensé que je voulais être un champion de Supercross. Puis mon frère et mon père se sont intéressés à la course sur circuit asphalté. Mon père avait un tas de blessures, des problèmes de dos et autres, alors la course sur route semblait plus facile pour le corps. Ils ont en quelque sorte pris cette direction. Je leur ai dit : « Non, allez vous faire voir ! Je veux être un coureur de motocross ! »
« Puis, quand mon frère a finalement eu sa petite moto de course Metrakit, une petite moto de course miniature, nous l’avons amenée sur un parking et il l’a conduite. Elle avait l’air amusante et je me suis dit : « Je vais peut-être l’essayer. » Je me souviens d’avoir mis des équipements de motocross dans un parking, d’avoir conduit cette moto de course sur route, d’avoir fait toucher mon genou sur le sol et tout ça ! Je ne suis pas tombé cette fois-là, mais je l’ai fait la fois suivante, quand j’étais en cuir ! Bref… Une fois que je suis monté sur la moto et que j’ai commencé à la conduire, je me suis rendu compte que c’était vraiment cool et que j’aimais vraiment ça. A partir de ce moment-là, j’ai changé de voie, passant du motocross à la course sur route. Je suis content de l’avoir fait ! Je suis content d’avoir pu au moins aller aussi loin. »
L’un des gros changements que Garrett Gerloff va devoir appréhender sera le passage des Dunlop utilisés en MotoAmerica aux Pirelli du Championnat du Monde.
« Le test d’Aragón en novembre était ma toute première fois sur Pirelli et ma première fois en Aragón ou sur un circuit européen ! C’était aussi la première fois avec l’équipe, avec le chef d’équipe et tout ! Tout nouveau, mais une bonne nouvelle. Nous travaillons tous ensemble en douceur et très bien. J’ai aussi eu ma première expérience par temps pluvieux en Mondial Superbike. J’étais très heureux parce que, par le passé, j’ai eu beaucoup de mal avec les pneus pluie Dunlop et je ne savais vraiment pas ce qui se passait avec la moto. Les Pirelli vous donnent beaucoup de retours, ce qui m’a tout de suite donné beaucoup de confiance. »
« Avec les slicks, il y a une grande différence, c’est sûr. L’avant tient très bien quand on pousse. L’arrière est un peu étrange, une carcasse molle qui bouge beaucoup, et je sens que je ne peux pas être aussi agressif dans mes mouvements sur la moto parce que cela bouleverse tout le châssis. Ce sont juste de petites choses comme ça pour lesquelles je vais devoir ajuster mon style. Je vais devoir être plus doux. C’est vraiment visible quand le pneu commence à s’user. »
« Je pense qu’ils utilisent des mélanges différents pour l’asphalte afin de faire face aux températures très élevées de la piste aux États-Unis. J’aime les tracés rapides et fluides des pistes européennes, c’est définitivement mon style. J’ai parfois l’impression que beaucoup de pistes américaines sont étroites et hachées, ce qui n’est pas vraiment mon style de conduite. Donc, en Amérique, je me sentais un peu désavantagé alors qu’ici, je sens que je peux rouler comme j’aime et comme je veux rouler. »
« Je n’ai pas encore beaucoup pensé à la pression, mais j’ai de grandes attentes pour moi-même, comme toujours. Je vais y aller pas à pas. J’ai mes objectifs à court et à long terme et je vais essayer de continuer à les atteindre, en espérant arriver un jour à ce que je veux être… »
« J’ai vraiment envie d’être un jour en MotoGP. J’adorerais ça. Ce serait la prochaine étape que je voudrais franchir. En ce moment, je suis 100% concentré sur ce championnat, en essayant de faire de mon mieux en Mondial Superbike. J’espère que ça ouvrira la porte du MotoGP parce que ce serait génial : c’est le summum de la moto et de l’homme. »
Photos © Yamaha Racing, Motoamerica.com
Source : Yamaha, Motorcyclenews.com