La saison 2024 du Championnat du Monde Superbike a mis en évidence les difficultés rencontrées par Yamaha. Malgré l’arrivée de pilotes de renom comme Jonathan Rea et les promesses des super concessions, la R1 a peiné à rivaliser avec les Ducati et les BMW.
Le Championnat du Monde Superbike 2025 s’annonce crucial pour Yamaha, qui cherchera à effacer l’humiliation subie en 2024. Larguée par Toprak Razgatlioglu, parti conquérir un titre avec BMW, et incapable d’exploiter le potentiel de Jonathan Rea, sextuple champion du monde, l’équipe d’Iwata doit impérativement redresser la barre.
Malgré un duo prometteur avec Rea et Andrea Locatelli, les résultats ont été bien en deçà des attentes. Les défauts de la Yamaha R1, souvent masqués par le talent exceptionnel de Razgatlioglu par le passé, sont devenus criants. Rea, habitué à une domination sans partage avec Kawasaki, a peiné à s’adapter à une machine qui manque de compétitivité face aux Ducati et BMW.
Pour 2025, Yamaha pourra compter sur les super concessions, un atout permettant de réduire l’écart technologique avec les meilleures motos de la catégorie. Mais les défis sont nombreux, et comme l’a souligné Marvin Fritz, pilote Yamaha Endurance, les problèmes vont bien au-delà d’un simple déficit de puissance.
Fritz, qui a remplacé Dominique Aegerter en 2024 lors de plusieurs manches, a identifié des faiblesses clés : « ce n’est pas seulement une question de puissance maximale. Nous avons perdu en accélération sur les intermédiaires et l’électronique est loin d’être parfaite. La moto était très difficile à piloter pour moi. Peut-être que Yamaha a évolué dans la mauvaise direction. »
« Avec la Yamaha d’Endurance j’étais une seconde ou une seconde et demie plus rapide que la Superbike, qui a 20 chevaux de plus »
Puis il ajoute sur Corsedimoto en guise de sonnette d’alarme : « j’ai fait les tests en Aragon avec des motos d’endurance, 12°C et vent, j’étais une seconde ou une seconde et demie plus rapide que la Superbike, qui a 20 chevaux de plus ».
La réduction de la puissance globale des motos Superbike en 2025 pourrait jouer en faveur de Yamaha, en nivelant les performances. Cependant, comme le note Fritz, des ajustements significatifs restent nécessaires, notamment sur l’électronique, où des petits pas ne suffiront pas à combler l’écart.
Jonathan Rea aborde cette saison avec une pression particulière. À 38 ans, il devra prouver que son transfert chez Yamaha n’était pas une erreur, tout en décidant s’il souhaite poursuivre en 2026 ou prendre sa retraite. Rea, connu pour sa motivation et son mental de fer, devra s’impliquer pleinement dans le développement de la R1, espérant que Yamaha exploitera l’intersaison pour relever le niveau.
De son côté, Marvin Fritz reste un observateur attentif. Champion EWC 2023 avec Yamaha, il continue en Championnat du Monde d’Endurance mais pourrait être appelé en WorldSBK pour des remplacements ou des Wildcards. Il insiste sur l’importance d’un sursaut en Superbike, non seulement pour le championnat, mais aussi pour renforcer les performances en Endurance.
Alors que Ducati et BMW continuent d’évoluer rapidement, Yamaha est face à un ultimatum. Avec des outils comme les super concessions et une volonté déclarée de se rattraper, Iwata peut rebondir. Mais la question reste ouverte : les ajustements techniques et organisationnels seront-ils suffisants pour rivaliser avec les cadors de la catégorie ?
2025 sera l’année de la vérité pour Yamaha, Rea, et une R1 qui n’a plus droit à l’erreur. La mission est claire : retrouver le sommet, ou risquer de sombrer définitivement dans le peloton.