On a souvent associé chez Ducati la courbe d’évolution du projet WSBK avec celle du MotoGP. Un parallèle qui s’explique d’autant plus depuis l’arrivée de la Panigale V4R dont la base est une Desmosedici de Grand Prix. Mais pendant que la GP21 joue les terreurs, on ne voit pas le même niveau de forme chez la machine issue de la série. Le succès du projet MotoGP serait-il finalement un problème pour l’équipe WSBK ? Le directeur technique Marco Zambenedetti répond.
Ducati a-t-il concentré à ce point ses forces sur le MotoGP que le département mobilisé en WSBK en aurait souffert ? Force est de constater que la puissance de feu de l’armée rouge fait des dégâts en Grands Prix alors qu’en Superbike, elle permet de gagner des batailles, mais pas la guerre. Une évaluation qui n’est pas du goût du directeur technique Marco Zambenedetti qui a tenu à donner son avis sur la question : « il n’y a aucun lien », explique-t-il dans une interview exclusive avec « Motorsport-Total.com« . « Pour être honnête, je suis heureux du succès en MotoGP. Ce succès nous aidera également à développer la machine ».
« Nous travaillons en étroite collaboration » insiste-t-il. « Nous n’avons certainement pas un budget aussi important ici que d’autres fabricants. Mais je suis sûr que nous avons la meilleure façon de travailler et que nous pouvons mieux analyser la situation. Cela peut être attribué à notre expérience dans MotoGP », précise Zambenedetti. Cependant, l’arrivée fracassante de la Panigale V4R en 2019 laissait présager une ère de domination, avant qu’elle ne rentre dans le rang.
En 2020, de Redding à Chaz Davies, la moto italienne s’est montrée moins conquérante tandis que l’an passé, elle n’a pas été épargnée par la critique venue de ses propres pilotes. Près de trois ans plus tard, la superbike V4 de Ducati n’a toujours pas de titre. La première conséquence a été le retour acté de Bautista dans les murs… Mais Zambenedetti rappelle aussi le contexte particulier de la crise sanitaire, comme pour mieux dédramatiser le sujet…
Ducati : « il y a eu des gens qui ont perdu la vie pendant cette période »
« La moto n’est bien sûr pas identique à celle de 2020. Parfois, les différences ne sont pas si évidentes », dit l’Italien. « Mais je dois dire que nous avons pu faire un grand pas de 2019 à 2020. Quelques petits domaines sont restés ouverts qui pourraient être améliorés. Parfois, il est difficile pour les pilotes d’évaluer correctement la difficulté de l’effort accompli. Parfois, vous essayez différentes choses qui ne vous donnent pas les résultats que vous espériez ».
« De plus, force est de constater que les conditions ont changé pour tout le monde », ajoute-t-il à propos des conséquences de la pandémie de coronavirus. « En Europe, les gens ont dû travailler à domicile pendant longtemps. Il y a eu aussi des coupes dans les budgets. D’une part, nous pouvons être heureux de continuer à faire partie de ce spectacle. À ce stade, nous devons remercier Dorna. D’autre part, nous devons nous rendre compte qu’il y a eu d’autres domaines qui n’ont pas été aussi chanceux que nous ».
« En MotoGP, le développement des moteurs a été gelé pendant un an. Il y a eu des gens qui ont perdu la vie pendant cette période. Et, pour le dire exagérément, nous ne jouons qu’avec des motos », termine Zambenedetti.