Lorsque l’on écoute Jonathan Rea faire le bilan de sa Course 1 en Catalogne, on comprend qu’il n’attend déjà plus grand-chose de cette saison avec sa Kawasaki. L’idée d’aller chercher Alvaro Bautista et sa Ducati n’est pas à l’ordre du jour. Il s’agit plutôt de travailler pour 2024 tout en gardant son esprit de compétition en se mesurant à l’occasion à la Yamaha de Toprak Razgatlioglu. Une résignation qui désole un Jorge Lorenzo qui regarde le WSBK de loin mais d’assez près pour se forger cette opinion : le sextuple champion du monde doit risquer plus…
Jonathan Rea a terminé troisième de la Course 1 du WSBK en Catalogne, loin derrière le vainqueur Alvaro Bautista, intouchable sur sa Ducati, mais aussi juste dans le sillage d’un Toprak Razgatlioglu qui l’a suivi durant toute l’épreuve pour mieux l’épuiser et lui donner le coup de grâce dans les deux derniers tours… Vu comme ça, l’officiel Kawasaki semble être le dindon de la farce, mais il n’en prend pas ombrage. Cela fait d’ailleurs un petit moment qu’il a passé ce cap, optant plutôt pour la carte fatalité plutôt que celle de la révolte…
Sur Speedweek, il explique ainsi son point de vue : « quand je pense à notre situation avec notre performance, je me serais coupé la main d’avance pour une place sur le podium. Nous devons nous en réjouir ». Si ça ce n’est pas de la résignation… « C’est une nouvelle situation pour moi », a admis le sextuple champion du monde WSBK. « En 2019, j’étais énervé quand il gagnait. Mentalement, je ne m’y suis pas vraiment bien pris à l’époque. Il est rapide. Il fait du bon travail ».
Jonathan Rea : « une fois que vous acceptez que vous êtes là où vous êtes, cela devient plus facile à gérer »
Jonathan Rea précise : « une fois que vous acceptez que vous êtes là où vous êtes, cela devient plus facile à gérer. Nous sommes maintenant dans une différente compétition. Pour nous, il s’agit de développer la moto. Il s’agit moins de gagner que d’aller loin et de réduire l’écart. Il a des kilomètres d’avance, nous avons beaucoup de travail à faire. Mais il y a six gros trophées à la maison qui me rappellent ».
Un état d’esprit que Jorge Lorenzo a aussi connu et humblement, il propose à l’officiel Kawasaki une solution pour le combattre… « J’étais un peu dans cette situation dans le passé, surtout en 2011. Honda avait fait un net pas en avant avec sa boîte seamless, ils étaient si rapides en ligne droite, et j’essayais de risquer un peu plus avec la Yamaha et j’ai eu beaucoup chuté. J’ai eu un terrible accident à Phillip Island et j’ai perdu une partie de mon doigt. Tout se complique quand on a besoin de ces deux ou trois dixièmes supplémentaires ».
Por Fuera ajoute : « comme Marquez, avec la Honda et on dirait que c’est aussi arrivé avec Rea, surtout parce que Bautista et Toprak sont de très bons pilotes et qu’ils ont un package très solide. Si votre moto est un peu plus faible et que vous avez des rivaux très forts, si vous voulez gagner, vous devez prendre plus de risques ». Un conseil que, a priori, n’a pas porté mais pendant ce temps Jonathan Rea garde tous ses doigts intacts.