On sait depuis le cas Johann Zarco qu’il faut bien choisir ses mots lorsque l’on n’est pas spontanément heureux de sa moto. Sinon, on s’expose à l’ire de son employeur. Chez KTM, on a vu le résultat. Voilà qu’à présent Álvaro Bautista taille un tantinet Ducati au sujet de son travail sur la Panigale V4R cette saison, en WSBK. Les rouges apprécieront-ils ? On ne sait. Mais il est aussi vrai que le même Bautista quittera la firme italienne à la fin de cette saison pour une destination qui n’est pas encore officiellement connue…
Tout avait pourtant si bien commencé entre Ducati et Álvaro Bautista, nouveau venu du MotoGP en Superbike. Phillip Island, Buriram, Aragón et Assen ont été autant de démonstrations d’une domination qui devait plier la saison bien avant sa conclusion. Mais on connait la suite. Un revirement qui a fait mal. Le temps est-il venu des règlements de compte ?
En tout cas, Álvaro Bautista donne sa version des faits. « Vous ne pouvez pas imaginer à quoi ça ressemble dans les virages en regardant à la télévision. Je me démène pour décélérer, faire tourner la moto dans les virages et accélérer » gronde l’Espagnol.
« Il est facile de dire « Bautista gagne parce que sa machine est une balle », mais il y a 15 virages et une seule ligne droite » note l’Espagnol, qui s’interroge ensuite sur le travail effectué à Bologne : « la moto est pratiquement inchangée. Nous n’avons pas eu de mises à jour au cours de la saison. Dès le début, nous voulions que la moto prenne mieux les virages et soit plus stable, comme ce fut le cas à Jerez en janvier, et nous n’avons pas progressé au cours de la saison. Je pense donc que les commentaires de Chaz Davies et les miens sont les mêmes : nous connaissons le même problème, mais nous ne faisons rien pour le résoudre. »
Selon Bautista, les victoires de début de saison masquaient les faiblesses : « nous avons gagné sur les pistes où les inconvénients étaient moins évidents, mais cela devient évident lorsque vous arrivez sur les pistes où vous pouvez mieux ressentir les problèmes. Ducati connaît le problème, mais ne connaît pas la réponse. Pour le moment, nous n’avons rien pour le résoudre. »
Chaz Davies, l’équipier cité, précise de son côté : « la moto est très sensible à la moindre modification. Elle est physiquement épuisante à piloter, elle n’est pas très bien équilibrée. À Bologne, il y a des gens intelligents qui peuvent nous aider à rendre la machine un peu plus conviviale sur des pistes telles que Portimão. C’était vraiment épuisant de piloter là-bas. »
La Panigale V4R doit beaucoup à la Desmosedici de Grand Prix. A écouter ses pilotes, elle semble souffrir de la même tare en termes de maniabilité dans les virages. Et on constate la même impuissance de Ducati à résoudre le problème…