La présence de Fabio Quartararo et Johann Zarco en MotoGP, le plus haut niveau de la compétition motocycliste de vitesse, a attiré l’attention des grands médias français sur cette discipline et, à ce titre, est susceptible de susciter bien des vocations parmi la jeunesse hexagonale.
Du moins, on peut l’espérer, et pour encourager et faciliter la pratique de la discipline vitesse moto, la Fédération Française de Motocyclisme a présenté lors d’une conférence de presse un plan d’action qui remanie en profondeur le parcours des futurs champions de demain.
Nous étions présents à cette conférence et allons ici en simplifier le contenu pour en retenir la substantifique moelle (la vidéo complète est disponible ici).
Quand et où débuter la pratique de la vitesse moto ?
C’est une des questions à laquelle la FFM apporte une réponse
claire en entreprenant un gros travail afin de faciliter l’accès à
la vitesse.
L’âge minimal requis est de 6 ans.
Aujourd’hui, l’offre est multiple mais hétérogène. On peut débuter soit par le biais de moto-clubs, le plus souvent sur des pistes de karting avec un encadrement parfois minimal (CQP), soit dans une des écoles de vitesse actuellement labellisées FFM avec un Brevet d’État (École de Vitesse FAST 48 à Alès, MiniGP Normandie), Kid Découverte Moto, Loisir Motorsport, ASM 24 Heures ACO, Sécurité d’abord Philippe Monneret) . On trouve aussi des structures proposées par des pilotes, à l’image par exemple de celles d’Alexis Masbou ou Sébastien Gimbert, qui permettent de faire ses premiers tours de roues sur une piste en toute sécurité.
Bien sûr, une des priorités de la FFM est d’augmenter très notablement et le plus vite possible le nombre des écoles labellisées, gage de sécurité et d’homogénéité, tout comme le nombre de pistes de karting homologuées moto. Actuellement, ces dernières sont une cinquantaine mais la FFM espère au moins doubler ce nombre à court terme, malgré la difficulté d’intéresser les propriétaires de piste à la mini-moto (activité bien moins rentable que la location des kartings).
Quel parcours pour viser l’excellence ?
Entre les premiers tours de roues et le MotoGP, le chemin est évidemment long et extrêmement difficile, mais il doit au moins être clair ! C’est dorénavant chose faite avec le remaniement proposé par la FFM, articulé en quatre niveaux pour les activités se déroulant sur le sol national.
Après une année passée à faire ses premières armes dans les structures précédemment cités, les enfants peuvent débuter en compétition sur des circuits de karting dès l’âge de 7 ans. Ce qui s’appelait jusqu’à présent des championnats de ligue régionale prend dorénavant le nom de Championnat de ligue Mini OGP. Leur nombre sera porté de 2 en 2021 (Normandie, Occitanie) à 8 en 2022 (Auvergne Rhône-Alpes, Bourgogne Franche-Comté, Centre Val-de-Loire, Normandie, Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Pays de la Loire, Provence) afin d’attirer le plus grand nombre et de faciliter leurs déplacements. L’objectif est d’arriver à 13 championnats de ligue Mini OGP fin 2024.
A ce niveau, l’accent est prioritairement mis sur la pratique,
ce qui explique les nombreuses machines admises, toutefois toutes
limitées à 12 chevaux à la roue arrière.
Les enfants peuvent rester dans la catégorie Mini OGP Ligue 115
jusqu’à l’âge de 12 ans, voire 13 en passant en Mini OGP Ligue 160
(à partir de 9 ans, 15 chevaux à la roue arrière), mais ce n’est
pas l’objectif des meilleurs ou des plus motivés qui pourront
participer au Mini OGP France.
Ce dernier reprend les mêmes catégories et y ajoute la formule
créée par Dorna Sports, la Mini GP France, à partir de 10 ans sur
des motos Ovhale GP160.
A partir de 11 ans, on arrive dans la cour des grands, dans le cadre du Championnat de France Superbike FSBK, avec la catégorie Objectif Grand Prix OGP. Cette compétition autorisera encore plusieurs types de motos en 2022 (avec un boîtier unique) mais ne devrait accueillir que les Honda Moto3 en 2023, à l’image de l’European Talent Cup, la marche suivante, cette fois à l’international.
C’est encore confus ? Voici un exemple de début de parcours idéal :
- 6 ans, École labellisée FFM ou structure équivalente,
- 7 ans, Mini OGP Ligue 115,
- 8 ans, Mini OGP France 115,
- 9 ans, Mini OGP France 160,
- 10 ans, Mini GP France,
- 11 ans Objectif Grand Prix OGP.
Et ensuite ?
Ensuite, on passe à l’international avec le parcours classique
European Talent Cup (à partir de 12 ans), Championnat du monde
Moto3 Junior FIM CEV (à partir de 14 ans) puis Championnat du monde
Moto3 (à partir de 16 ans), Moto2 et MotoGP. Le travail de la FFM
ne s’arrête pas là pour autant, puisqu’elle a décidé de poursuivre
l’engagement de l’Équipe de France – Filière GP en European Talent
Cup.
Remarque :
A noter que, selon nos informations, les âges minimums de ces
catégories internationales vont être relevés d’une année ou deux,
probablement dès 2023. Une opportunité pour renforcer son
expérience en France avant de faire le saut à l’étranger…
Conclusion :
Nous avons succinctement présenté là la structure progressivement
mise en place par la FFM. Le parcours de chacun dépendra bien sûr
de sa motivation, de ses moyens et de son talent, mais le chemin à
suivre est maintenant clairement tracé. Peut-être qu’un ou deux
pilotes pourront poursuivre ce tracé d’excellence jusqu’au bout, et
ce serait déjà un succès, alors que les autres pourront s’orienter
vers d’autres disciplines (Promosport, Championnat de France,
Endurance, Superbike, etc.) pour assouvir leur passion.
Plus la base de la pyramide sera large, meilleures seront les
chances de « sortir » un futur
Quartararo ou un futur Zarco, et
c’est dans cette optique que Claude Michy, en tant
qu’expert sur le championnat FSBK, et Johann
Zarco, en tant qu’ambassadeur médiatique, sont impliqués
dans ce profond remaniement entrepris par Sébastien
Poirier, Président de la Fédération Française de
Motocyclisme, avec l’aide de Monsieur Patrick
Coutant, Président de la Commission Nationale de
Vitesse.
Nous suivrons cela avec attention et reviendrons sur le sujet
périodiquement.