N’allez pas croire que le Moto3, Moto2 ou le MotoGP rendent riches tous ceux qui touchent de près à la discipline. On pourrait même dire qu’il y a un gouffre qui sépare les pilotes, généralement millionnaires, et ceux qui travaillent à leur solde, qu’ils soient ingénieurs, mécaniciens, techniciens, chauffeurs…
Avec plus de 3 000 personnes dans le paddock chaque weekend de course, cela fait autant de salaires à honorer. Nous avions déjà abordé l’été dernier l’épineuse question du salaire des pilotes – qui vont sans doute être revus à la baisse, notamment chez KTM ou encore Ducati – et, plus récemment, le coût de fonctionnement d’une machine de MotoGP. Mais quid du salaire des mécanos, ingénieurs et chefs d’équipes ? Et est-ce différent en selon les catégories : Moto3, Moto2 & MotoGP ?
Rappelons-le, mis à part quelques personnes dans les équipes d’usine, la plupart des personnes qui travaillent dans le paddock sont en freelance. Sans courses, ils se retrouvent donc au chômage technique. La compétition fait rage aussi dans les coulisses, et ce milieu n’est pas un monde dans lequel on entre et prend place indéfiniment. Chaque jour est un défi pour ceux qui travaillent dans le paddock, où ils sont appelés à donner le meilleur d’eux-mêmes pour gagner la confirmation de la saison suivante.
Chef d’équipe : entre 40 000 et 130 000€ bruts
Le chef d’équipe est évidemment l’une des figures clés de la gestion des opérations à l’intérieur des garages. Souvent, le chef d’équipe est soumis à la même exposition médiatique que le pilote avec lequel il travaille. Du « sorcier » Guy Coulon, figure de l’équipe Tech 3 depuis ses débuts, à Santi Hernández, dédié à Marc Márquez depuis des années, nombre de ces noms ne vous sont pas inconnus.
Ensuite, il y a les hommes d’expérience, qui font la différence grâce aux connaissances techniques qu’ils ont accumulées au fil des ans et qui sont évidemment dotés d’un savoir-faire souvent infini, des hommes comme Ramon Forcada ou, probablement, Jeremy Burgess. Les chefs d’équipage Moto2 avec un passé glorieux, qui peuvent avoir une expérience considérable en MotoGP et en SBK, gagnent également beaucoup d’argent.
En bref, le chef d’équipe est un personnage qui, plus que quiconque présent dans l’équipe, aide à faire bouger le marché. Luigi Dall’igna ne pourrait nous contredire, avec toutes les avancées technologiques que le MotoGP lui doit. Les professionnels expérimentés sont bien payés, et souvent les équipes qui souhaitent investir pour s’établir dans des catégories telles que Moto2 ou Moto3 sont prêtes à prendre des figures de haut niveau pour ce rôle afin d’être sûr d’être compétitif sur la piste.
Ingénieur datas : entre 35 000 et 80 000€ bruts
Les motos sur la piste sont truffées de capteurs et toutes ces données sont enregistrées précieusement. Elles doivent ensuite être récupérées, analysées, par les ingénieurs datas, qui les comparent aux sensations des pilotes. Souvent, l’ingénieur datas comprend également les domaines dans lesquels le pilote ne fonctionne pas à son plein potentiel, et il suggère où il y a place à amélioration, peut-être en croisant les données avec celles de son coéquipier.
En bref, nous parlons d’une figure très importante à l’intérieur du box, quelqu’un qui peut faire la différence en particulier lors de modifications sur la moto ou lorsqu’un pilote essaie de changer de style (Johan Zarco avouait récemment suivre les directions données par ses ingénieurs Ducati). Comme en entreprise, l’expérience fait une grande différence dans l’établissement du prix du marché. Un analyste de données, généralement nommé à tort télémétriste, qui a des décennies d’expérience en MotoGP a évidemment un coût différent de ceux qui en sont à leur première saison au championnat du monde.
Mécanicien : entre 25 000 et 70 000€ bruts
Un mécanicien d’équipe est la personne qui permet à la moto de rouler sur piste. Le pilote a entièrement confiance en lui, et toute erreur de montage ou de démontage de certaines pièces peut avoir un prix très élevé, sans parler d’une potentielle chute ! Un pilote comme Rossi a plus ou moins les mêmes hommes à ses côtés dans le garage depuis l’an 2 000, année de ses débuts en 500cc.
Ce sont surtout les pilotes MotoGP qui ont le luxe de demander à être entourés de gens qu’ils connaissent bien et en qui ils ont confiance, faisant souvent passer d’une équipe à une autre leurs mécaniciens.
La situation est différente en Moto2 et Moto3. Dans la plupart des équipes, les mécaniciens portent les mêmes couleurs durant très peu de saisons.
Le rôle du mécanicien, en plus de travailler sur des machines de compétition, et de monter et démonter les hospitalités et les boxes, charger et décharger les camions, les nettoyer, etc.
Des employés contraints de suivre leur équipe toute la saison
Les salaires sont annoncés bruts, c’est-à-dire sans prendre en compte les charges. Si vous ajoutez à cela les charges, la sécurité sociale (déduite du salaire en France mais pas dans tous les pays), les impôts sur le revenu, et le temps passé loin de chez soi, la vie dans les paddocks n’est pas aussi enviable que l’on peut l’imaginer.
Pour résumer, en salaire net avant impôts, cela donnerait :
– Chef d’équipe : Entre 30 000 et 100 000€, soit entre 2 500 et 8 300€ par mois
– Ingénieur datas : Entre 27 000 et 62 000€, soit entre 2 250 et 5 200€ par mois
– Mécanicien : Entre 20 000 et 54 000€, soit entre 1 650 et 4 500€ par mois
Il y a évidemment de nombreux autres professionnels qui composent le paddock et établir une liste de revenus pour chacun d’eux n’est pas une tâche facile. Mais nous pouvons sans aucun doute dire que des attachés de presse aux responsables de l’accueil, les revenus sont souvent inférieurs à 30 000€ par an brut (soit 1 900€ nets mensuels).
Ces personnes nous font rêver, lorsque nous regardons les courses affalés sur nos canapés : voyager, visiter le monde, côtoyer nos pilotes préférés, c’est une vie de luxe ! La réalité est très différente de ce dont tout le monde rêve, en particulier pour les jeunes professionnels qui cherchent à prendre pied dans le paddock.
Les hôtels ne sont pas les mêmes que les luxueuses stations balnéaires où les pilotes MotoGP dorment et les vols sont souvent en classe économique, avec de longues attentes dans les aéroports disséminés dans le monde entier. Il n’y a pas de jours de congé pour visiter ces endroits, donc la réalité est que le voyage pour le week-end de course transforme le dicton métro/boulot/dodo en aéroport/hôtel/circuit/hôtel/aéroport.
C’est certainement une vie pleine d’aventures, faite pour ceux qui sont prêts à sacrifier beaucoup en attendant de gagner un prix, peut-être sous la forme d’un contrat pour une équipe d’usine en MotoGP, qui ne viendra peut-être même jamais. N’oubliez pas, l’herbe est toujours plus verte ailleurs !
Sources : GP-One – Sources personnelles