Avec deux victoires et deux deuxièmes places, Cal Crutchlow avait fait une brillante saison 2016, se classant finalement 7e du championnat du monde avec 141 points malgré ses 26 chutes.
Cette année, le pilote britannique ne peut se targuer que d’une 3e place à son palmarès, et s’il figure tout de même à la 9e place du championnat avec 112 points et 24 chutes, le bilan apparaît plus terne, surtout au regard des espoirs engendrés par sa saison précédente et ses rapports étroits avec le HRC.
Au soir des premiers essais MotoGP 2018 à Valence, nous avons pu recueillir la vision de Christophe Bourguignon, son responsable technique, qui, en quelques mots, a parfaitement su nous résumer la situation…
Christophe, on a l’impression que la saison 2017 a été plus difficile que la précédente…
« Je pense que c’est une année comme une autre. Cela n’a pas été particulièrement plus difficile qu’une autre. Maintenant, par rapport à 2016, peut-être qu’on n’a pas eu les mêmes résultats car peut-être qu’en 2016, les choses ont un peu tourné à notre avantage, alors que cette année on a un peu raté des opportunités, comme à Jerez, à Assen ou à Brno. C’étaient tous des circuits où on était sur le podium si on avait mieux géré. Donc 2017 a été une année un peu plus difficile au niveau des résultats et il y a un peu de frustration dans l’équipe, par manque de concrétisation. »
Cela est-il dû à un point technique particulier qui se serait répété ?
« On sait que la Honda est délicate sur l’avant, qu’il s’agisse de Marc, de Cal ou des VDS. Donc pour aller vite, on n’a pas vraiment d’autres solutions que de faire les chronos en poussant fort sur l’avant. Les pilotes le savent, et le font, et probablement qu’on est peut-être un peu plus à la limite car je suppose qu’ils n’ont pas l’information nécessaire en provenance de l’avant pour savoir où se situe cette limite. Donc parfois, ou souvent, en poussant, on passe outre la limite et on perd l’avant. »
Ces essais avec la nouvelle moto ont-ils permis de progresser dans ce domaine ?
« On travaille tous les jours dessus et on essaie de trouver des solutions. Maintenant, s’il était très clair qu’il existait une solution miracle et qu’il suffisait d’ouvrir un fichier ou un bouquin pour la trouver, on l’aurait déjà fait depuis longtemps. Honda travaille là-dessus et on leur donne un coup de main. Les deux jours, on a travaillé avec eux, et ils nous ont demandé de faire pas mal de tests de fonctionnement, donc on bosse. C’est le caractère de notre moto pour le moment, et on va essayer de garder les bons points, puisqu’on a encore vu aujourd’hui que la moto savait aller vite. Il faut juste que l’on travaille un petit peu pour rendre, entre guillemets, la vie plus facile aux pilotes. »
À demi-mots, on comprend que le pneu avant a une part de responsabilité dans ce problème…
« Oui, bien sûr. Je ne sais pas si on peut appeler ça de la « responsabilité », mais c’est sûr qu’avec la Honda, on pouvait se permettre de davantage pousser sur l’avant avec l’ancien constructeur de pneus. Et peut-être que la Honda, vu son caractère, en profitait un peu plus que les autres. Maintenant, c’est à nous et à Honda de nous adapter car je ne pense pas que l’on puisse dire que ce soit un point faible du pneu Michelin, puisque les autres s’en sortent bien. C’est donc un point faible de notre moto. Je pense qu’on abuse du pneu avant et qu’on stresse plus le pneu avant que les autres. »