A côté de la communication parfois un peu formatée des traditionnels communiqués de presse, les échanges entre le pilote français et les journalistes dans l’hospitalité Tech3 sont d’une richesse et d’une simplicité que les vrais passionnés apprécieront (vous pouvez retrouver tous ses débriefings passés dans notre rubrique (“Interviews“).
Il y a toujours le petit détail qui nous fait plonger chaque jour davantage en immersion dans le monde de la MotoGP…
Comme à notre habitude, nous reportons ici l’intégralité des propos de Johann Zarco, de façon brute, donc sans aucune mise en forme ou déformation journalistique.
Johann Zarco : « je me sens bien. Je suis satisfait d’avoir pu démarrer avec un bon rythme ce matin. J’ai avant tout utilisé le pneu arrière médium. Le pneu arrière tendre sera une bonne option pour la course, et nous devons garder cette option pour la qualification et la course. Même en utilisant cette stratégie, je peux être compétitif en travaillant avec le médium. En travaillant toujours avec le médium, nous avons ensuite une amélioration avec le tendre. Je suis donc content de cette première journée. J’ai attaqué avec la moto et je m’attendais à une meilleure amélioration cet après-midi, mais au final, je ne l’ai pas senti. C’est peut-être bien que, même si je n’ai pas senti d’amélioration, je sois toujours compétitif. J’attends demain. Mon technicien dit que ce que nous avons fait aujourd’hui n’a pas fait sentir d’amélioration mais ce que nous avons changé durant la séance a procuré à chaque fois plus d’informations que nous pourrons en principe appliquer demain. »
Avez-vous pu observer le rythme de course de Marc Márquez aujourd’hui et en faites-vous votre favori ?
« Je n’ai pas analysé son rythme. Je pense que ce matin nous avons sans doute été les deux seuls pilotes du top 10 à conserver nos pneus. Nous avons eu quelques problèmes après 15 tours. Nous travaillons dessus et quand nous aurons trouvé la solution et ce bon feeling au-delà de ce tour, alors assurément nous pourrons espérer rester avec lui et, pourquoi pas, se battre pour la victoire. »
Lin Jarvis a dit en conférence de presse qu’il ne savait pas encore quel matériel vous aurez l’année prochaine…
« Je pense que la meilleure façon de demander quelque chose est d’être devant les pilotes d’usine (rires). J’attaque donc pour cela. C’est du travail et je ressens encore que j’apprends. J’essaie sans cesse de m’améliorer en donnant de bonnes informations. J’ai du personnel japonais avec moi et ils peuvent analyser. Si je le mérite, je serai heureux. Je pense que nous le déciderons après avoir fait les tests ensemble après Valencia. »
Quelle est la plus grande différence de ressenti entre aujourd’hui et les premiers essais que vous avez faits ici en MotoGP il y a un an ?
« Je comprends bien plus les pneus. C’est la plus grande
différence avec l’année dernière et avec les tests de février. Je
me rends compte que quand je suis sur la moto, je sais où les pneus
vont m’emmener, donc je m’en sers pour aller toucher ce point, et
alors le chrono vient. C’est vraiment bien. J’ai juste besoin
d’expérience.
Il y a aussi le stress. L’année dernière, je forçais beaucoup alors
que maintenant, quand je passe la sixième, la vitesse me plaît.
Peut-être qu’on peut encore attaquer plus en sixième, mais je
n’étais pas en mesure de dire cela l’année dernière. »
Vous avez fait une excellente année…
« Oui, je réalise très bien ce que j’ai fait, et je l’apprécie, mais l’objectif est de gagner, quelle que soit la catégorie. Donc si cela prend beaucoup de temps pour y arriver, OK, mais si j’ai presque été en mesure de le faire cette année, c’est encore mieux. Cela veut dire que j’ai gagné du temps et j’apprécie cela. »
Pourquoi n’allez-vous pas à la Commission de sécurité de la Direction de course le vendredi ?
« C’est un choix personnel. A mon avis, la Direction de
course est composée de bonnes personnes. Concernant la sécurité,
ils ont déjà vu beaucoup de choses et ils nous procurent la
sécurité. Si nous avions un commentaire à faire, nous le ferions.
Si vous avez quelque chose à dire, vous allez à la Commission de
sécurité et vous le dites, ou vous le dites à la Direction de
course. Mais pour moi, les choses sont relativement sûres, alors
allez parler sécurité tous les week-ends…
Quand j’ai quelque chose à dire, je leur dis, et c’est la seule
façon. Pour moi, quand la sécurité est là, je n’ai pas besoin d’y
aller. Si certains pilotes se plaignent parce que je les touche ou
je les pousse… ils se sont plaints de cela en Commission de
sécurité ! Mais j’ai confiance et je fais confiance aux personnes
qui travaillent pour la Direction de course, car ils peuvent
analyser. La bonne chose, c’est qu’il il y a eu des courses avant,
donc ils comprennent très bien. »
Peut-être qu’il faudrait parler tous ensemble à la Commission de sécurité…
« Non ! Cela n’est pas nécessaire, lorsque nous sommes là il y a parfois trop de discussions pas uniquement pour la sécurité, tout le monde parle de ses propres problèmes mêmes sans rapport avec la sécurité, tout le monde parle de ce qu’il ressent, moi je me sens bien (rires). »
Il y a de plus en plus de dictaphones, cela veut dire que ça marche…
« Oui, surtout par rapport aux trois dernières courses, on se rend compte que « la triple » est agréable parce que il y a beaucoup moins de monde autour. »
Tu disais que par rapport à février la plus grosse différence technique pour toi, le plus gros gain c’est la compréhension des pneus, qu’est-ce qu’il y a d’autres, où as-tu progressé ?
« (La compréhension) de la moto aussi, vraiment cette puissance, au départ, tu es impressionné et après tu sens que tu peux contrôler. J’ai même pu faire un commentaire dès la première session : « là je sens que l’on n’accélère pas assez fort », mais pas parce que l’on n’a pas assez de puissance ! Justement, il y en a trop et j’arrive à sentir si l’électronique se déclenche ou pas. Ça, je ne pouvais pas le sentir il y a un an. »
Tu arrives à sentir la limite des pneus ? Car c’est ce qu’il y a de plus compliqué…
« Oui, oui. Surtout, tu sais ce dont a besoin le pneu pour aller vite et donc, tu vas tout de suite chercher ça. J’ai eu besoin de pas mal de temps, et encore maintenant, il faut presque toujours rouler à son maximum pour progresser dans ce feeling là. Et là, ce n’est pas mal du tout. »
Tu as la sensation que, parfois, le pneu prévient ?
« C’est l’avantage du Michelin. Avant, quand il partait, il tombait. Maintenant, quand on est bien, tu pousses à la limite, tu glisses, et tu te rattrapes. Si je tombe, c’est juste le signe que l’on n’était pas assez bien réglé. Quand on est bien réglé, ça glisse, tu rattrapes ! »
Tu parles de l’avant ?
« Oui, mais même de l’arrière. L’arrière, tu as toute l’électronique qui te sauve. »
Franco Morbidelli a dit que la capacité d’économiser les pneus apprise en Moto2 lui servirait sans doute pour son arrivée en MotoGP. Était-ce le cas pour toi ?
« Je pense qu’il lui faudra de toute façon s’adapter à quelque chose de nouveau, mais d’avoir appris à progresser sur soi-même, cela lui a ouvert plein de portes pour progresser aussi en MotoGP. Donc sans penser vraiment à cet aspect technique de préserver ces pneus, il est en fait plus ouvert à comprendre de nouvelles choses. Ça c’est vu de 2016 à 2017. Dès le Qatar, il avait compris et c’est signe que c’est un garçon intelligent, et ça, je pense que ça va l’aider en MotoGP. »
Après les trois courses qui se sont enchaînées et dans lesquelles tu étais dans une sorte de cocon, tu arrives à Valence, la finale, où il y a beaucoup de monde. Après ces courses où tu t’es mis en valeur, y a-t-il plus d’attention sur toi, et comment l’abordes-tu ?
« Je l’aborde bien. Je reste bien dans ma bulle. Il y a beaucoup de gens qui m’appellent, mais je ne m’arrête pas, quitte à susciter des « pour qui se prend-il à ne pas s’arrêter ? ». Mais je pense qu’ils peuvent comprendre que si je m’arrête, je ne peux ensuite plus bouger. Il faut penser à se protéger, et foncer. On a aussi bien discuté avec l’équipe des gens qui peuvent venir dans le box, par exemple en tant qu’invités. Il faut quand même que l’on garde notre esprit de travail et la tranquillité que l’on avait durant les trois courses hors Europe. On y a été ultra performant, mais ce n’est pas seulement le pilote, car on était tous en symbiose et il faut apprendre de ça, ensemble. Mais on le gère bien, je mets mes lunettes de protection de mon nouveau sponsor et je suis protégé (rires). »
Sens-tu une sollicitation différente du public par rapport aux dernières courses en Europe ?
« Non, pas davantage. Rien que le step MotoGP et ce qu’on a vécu au Grand Prix de France, cela a été le plus., Après, j’ai découvert que ce n’était pas seulement en France, mais aussi en Italie ou à Barcelone. Mais là, non, ce n’est pas plus que d’autres courses européennes. Là où ça s’endort un peu, ce serait peut-être Aragon la course la plus tranquille des courses européennes. »
Et au niveau professionnel ? As-tu été davantage sollicité ?
« C’est toujours Laurent (Fellon) qui filtre, et je pense qu’il a bien filtré parce que j’ai été très tranquille (rires). »
Sais-tu de quel matériel vas-tu disposer pour les essais post-GP ?
« Aucune idée. Ce que j’espère, c’est du beau temps et
faire du roulage, parce qu’il y a toujours à évoluer sur soi-même.
Rouler de plus en plus vite avec de plus en plus de facilité. Que
ce soit avec un apport d’un nouveau matériel ou pas. Je suis plutôt
dans un esprit « je vais rouler et me régaler ». Et
après, il faudra sans doute rentrer dans l’esprit de travailler et
de donner les informations concernant l’éventuel nouveau matériel
que je vais essayer. Si les Japonais veulent donner ce nouveau
matériel. On verra…
Je n’y pense pas trop. Il y a dimanche, et il y a un après
dimanche… »
Sens-tu la différence du nouveau carénage aérodynamique par rapport aux essais que tu as fait l’année dernière ici-même ? Et qu’est-ce que ça apporte sur ce circuit ?
« C’est favoriser un peu les accélérations, car comme le circuit est court, la roue a vite tendance à décoller quand on accélère. Le but est donc qu’elle recolle par terre pour pouvoir utiliser la puissance. C’est dur à dire si c’est beaucoup mieux que ce que j’ai eu l’an dernier, mais ça ne me gêne pas pour conduire la moto. Guy (Coulon) a dit qu’on partait avec ça, donc on est parti avec ça et on va travailler avec ça tout le week-end car c’est logique que cela apporte quelque chose ici. Il faut donc le garder. »
#ValenciaGP MotoGP : Classement combiné J.1
1 | 99 | Jorge LORENZO | Ducati | 1’30.640 | ||
2 | 26 | Dani PEDROSA | Honda | 1’30.762 | 0.122 | |
3 | 4 | Andrea DOVIZIOSO | Ducati | 1’30.949 | 0.309 | |
4 | 29 | Andrea IANNONE | Suzuki | 1’31.045 | 0.405 | |
5 | 5 | Johann ZARCO | Yamaha | 1’31.054 | 0.414 | |
6 | 93 | Marc MARQUEZ | Honda | 1’31.243 | 0.603 | |
7 | 43 | Jack MILLER | Honda | 1’31.357 | 0.717 | |
8 | 35 | Cal CRUTCHLOW | Honda | 1’31.383 | 0.743 | |
9 | 51 | Michele PIRRO | Ducati | 1’31.413 | 0.773 | |
10 | 44 | Pol ESPARGARO | KTM | 1’31.438 | 0.798 | |
11 | 46 | Valentino ROSSI | Yamaha | 1’31.488 | 0.848 | |
12 | 25 | Maverick VIÑALES | Yamaha | 1’31.624 | 0.984 | |
13 | 41 | Aleix ESPARGARO | Aprilia | 1’31.698 | 1.058 | |
14 | 45 | Scott REDDING | Ducati | 1’31.733 | 1.093 | |
15 | 17 | Karel ABRAHAM | Ducati | 1’31.858 | 1.218 | |
16 | 42 | Alex RINS | Suzuki | 1’31.876 | 1.236 | |
17 | 36 | Mika KALLIO | KTM | 1’31.879 | 1.239 | |
18 | 8 | Hector BARBERA | Ducati | 1’31.926 | 1.286 | |
19 | 53 | Tito RABAT | Honda | 1’31.958 | 1.318 | |
20 | 9 | Danilo PETRUCCI | Ducati | 1’32.029 | 1.389 | |
21 | 19 | Alvaro BAUTISTA | Ducati | 1’32.076 | 1.436 | |
22 | 76 | Loris BAZ | Ducati | 1’32.151 | 1.511 | |
23 | 38 | Bradley SMITH | KTM | 1’32.457 | 1.817 | |
24 | 22 | Sam LOWES | Aprilia | 1’32.587 | 1.947 | |
25 | 60 | Michael VAN DER MARK | Yamaha | 1’33.101 | 2.461 |