Des trois d’essais qui ont eu lieu sur le circuit de Motorland Aragon avec trois Moto2 motorisées par Triumph dans des châssis Kalex, KTM et NTS, on a pour le moment surtout retenu la présence inattendue de Jonas Folger (Voir ici), mais quid des performances des motos elles-mêmes ?
Le pilote allemand n’était pas tout seul puisque Alex Márquez et Jesko Raffin ont également pris le guidon de la moto d’outre-Rhin, Julián Simón et Ricky Cardús ont fait de même pour la KTM, et l’expérimenté Alex de Angelis a fait faire ses premiers tours de roues à la nippone NTS, les trois motos étant équipées d’une version intermédiaire du propulseur britannique fournies par ExternPro, ainsi que de la dernière mouture de l’ECU Magneti Marelli.
Evidemment, pas question de chronos, mais on avance néanmoins quelque peu sur le sujet.
Tout d’abord parce que Triumph s’est exprimé par l’intermédiaire de Steve Sargent, chef de produit de Triumph Motorcycles : « C’était très excitant de voir les nouveaux châssis et notre moteur tri-cylindre 765cc ensemble sur la piste pour la première fois, et encore mieux, de voir de si bons résultats dès ce premier essai. Nous sommes très satisfaits des progrès réalisés jusqu’à présent et très impressionnés par le niveau de passion et d’effort qui est insufflé par les constructeurs de châssis, les pilotes, l’équipe Magneti Marelli, ExternPro et Dorna pour développer la nouvelle génération de Moto2 ».
Alexander Baumgärtel (CEO Kalex) partage cet avis : « Les choses se sont montrées très prometteuses lors de notre premier essai avec le moteur Triumph en spécification de course avec l’électronique provenant de Magneti-Marelli pour l’année prochaine. Nos pilotes pour ce test, Jesko Raffin, Alex Marquez et Jonas Folger, ont fait un excellent travail au cours des trois derniers jours à Aragón. Mardi, Jesko a commencé avec le premier déploiement de ce tout nouveau moteur. Évidemment, il y a eu des problèmes mineurs, bien que l’on pouvait s’y attendre au début de ce nouveau projet. Mais avec le grand soutien et les efforts des ingénieurs de Magneti-Marelli, ils ont pu être immédiatement résolus. Jesko a également fait d’autres tests fonctionnels. Ainsi, le premier jour, ainsi que le deuxième avec Alex, ont été complètement occupés par l’électronique. Il était nécessaire de fournir autant d’informations que possible aux trois partenaires Magneti-Marelli, Triumph et ExternPro, et nous pensons que nous avons rempli cette partie avec succès en raison des expériences abondantes de Jesko et Alex. De plus, nous avons pu élaborer une cartographie différente avec Alex lors de sa dernière sortie mercredi après-midi. Cette cartographie offrant une meilleure facilité a été d’une grande aide pour Jonas le lendemain. Voir Jonas rouler avec la moto Triumph a alors été aussi très instructif, et les trois pilotes nous ont donné des informations et des déclarations très similaires. Ceci, bien sûr, est très positif et utile pour aider Magneti-Marelli grâce à de plus amples informations concernant les réglages fins en termes de frein moteur, de gestion du moteur et de contrôle de l’accélérateur requis pour la catégorie Moto2. Pour le moteur lui-même, il n’y a eu absolument aucun problème alors qu’avec l’embrayage, il y a encore du travail à faire au niveau des départs en course. Cela est probablement dû au couple particulier de ce moteur trois cylindres. A part cela, la fonctionnalité est garantie, et les pilotes se sentent à l’aise avec la délivrance de la puissance. Il y a également eu des éloges sur la boîte de vitesses qui fonctionne sans faille jusqu’à présent, même si c’est pour dire que cette partie dans sa globalité était loin d’avoir été stressée au maximum. De notre côté, tout s’est bien passé en ce qui concerne la technologie et les pièces mécaniques. Par conséquent, nous pouvons maintenant continuer à travailler sur les réglages et attendre les prochaines mises à jour de Magneti-Marelli. De plus, nous avons reçu des commentaires positifs de la part de chacun des trois pilotes concernant la tenue de route du châssis. Bien sûr, il y a encore beaucoup de travail à faire jusqu’au début de la saison 2019, mais nous sommes impatients de relever ce nouveau défi. Mais avant tout, un grand merci à Jesko, Alex et Jonas pour leur excellent travail et tous leurs efforts dans ces conditions extrêmes ».
Peut-être plus précis est le commentaire de Trevor Morris, directeur technique d’ExternPro : « Aujourd’hui, c’était la première fois que nous avons pu tester les effets du nouveau moteur et de la nouvelle unité de contrôle sur le châssis de chaque constructeur et les résultats ont été incroyablement positifs. Nous sommes particulièrement heureux de constater que la nouvelle configuration permet des chronos en ligne avec ceux des motos 2018, en seulement deux jours d’essais. Cela montre à quel point le changement va être grand et nous sommes exactement là où nous voulions être ».
Des résultats « en ligne avec les motos 2018 » reste un terme un peu vague pour avoir une image précise du niveau de performance de ces futures Moto2 qui devront s’intercaler entres les Moto3 (record en 1’57.755 par Enea Bastianini en 2015) et les MotoGP (record en 1’46.635 par Dani Pedrosa en 2015).
Pour le moment, le record des Moto2 appartient à Esteve Rabat en 1’52.232 depuis 2015. Durant l’édition 2017, Miguel Oliveira s’est assuré de la pole position en 1’53.736 au guidon de sa KTM à moteur Honda.
Or, selon nos sources, au guidon d’une moto de la même marque autrichienne mais équipée de son moteur Triumph, moto, rappelons-le, qui effectuait ses premiers tours de roues avec ce moteur, sans la moindre optimisation des réglages mécaniques et électroniques, Julian Simon a tourné en « petit 1’54 ».
De là à penser qu’avec une machine finement mise au point, et un top pilote, on pourrait viser la barre des 1’51, voire mieux, tout semble possible… pour peu que Dunlop fournisse des pneus en rapport avec la sophistication accrue de ces machines.