Le troisième et avant-dernier test de pré-saison 2017 s’est achevé ce vendredi sur le Circuit de Phillip Island. Par définition, ces tests ont pour seul objectif d’essayer, évaluer et ajuster les motos en vue de la nouvelle saison qui approche à grands pas. Néanmoins, ils donnent une certaine tendance de ce à quoi s’attendre pour 2017, comme l’a partagé hier sur les réseaux sociaux Nicky Hayden, Champion MotoGP 2006 et actuel pilote du team Ten Kate en WorldSBK :
« For the record, when I hear a rider/team say they aren’t looking or thinking of lap times at all, I don’t really believe them. »
Que faut-il retenir de ce dernier jour en Australie ?
Viñales et Marquez, dans un mouchoir
Maverick Viñales a dominé le classement des trois premiers tests officiels, à Valencia en novembre dernier, Sepang début février puis Phillip Island cette semaine. Le Catalan avait déjà dominé ce même test la saison dernière, au guidon de la Suzuki GSX-RR.
Cette fois-ci c’est au guidon de la Yamaha M1 qu’il s’imposait avec un meilleur chrono en 1’28.549, seul avec Marc Marquez sous la barre de la minute et 29 secondes. Pourtant, Viñales avoue en avoir encore sous la poignée, « Aujourd’hui, nous nous sommes essentiellement focalisés sur le rythme de course, » confiait-il. « Je suis satisfait, mais nous pouvons encore progresser. Nous n’avons toujours pas décidé lequel des carénages nous allons choisir, c’est encore une question ouverte. »
Viñales et son coéquipier Valentino Rossi évaluaient les deux châssis cette semaine en utilisant aussi bien le nouveau que l’ancien carénage. Rossi préfère la nouvelle version. « Nous sommes proches d’avoir trouvé ce que nous allons utiliser cette saison. Il reste encore quelques questions ouvertes auxquelles nous répondrons à Losail, mais nous sommes à 80% certains de la direction à prendre. » confiait Maio Meregalli, Team Manager de l’équipe Yamaha MotoGP, en fin de journée.
De son côté, Marc Marquez continuait de chercher ce qu’il lui manquait les deux premiers jours. Le pilote Honda ne parvenait pas à assurer la liaison entre la poignée de gaz et la roue arrière comme il le souhaitait. Sur ce point, le HRC suit de près les requêtes du pilote espagnol, « Nous avons beaucoup progressé, » déclarait-il. « Jeudi, j’affirmais ne pas être réellement content. Je n’étais pas à l’aise sur la moto et il me manquait quelque chose. Aujourd’hui, nous avons trouvé une direction qui pourrait être la bonne. Dans l’après-midi, en enchaînant plusieurs tours, j’étais de plus en plus rapide. Nous nous rapprochons pas à pas, mais nous ne devons pas oublier que Phillip Island est un circuit particulier au sujet des réglages et du pilotage. Nous devons rester calmes et analyser, car je ne suis pas encore à 100%. Au Qatar, nous verrons où nous en sommes. »
Marquez souligne que les deux Yamaha officielles se mêleront à la lutte pour le titre, même si Rossi figurait 11e au classement aujourd’hui, à près d’une seconde de Viñales, « Un week-end de course est bien différent d’un test, » ajoutait l’Espagnol.
Ce vendredi, Viñales bouclait deux simulations de course contre une pour Marquez. Lequel semblait légèrement plus rapide. Les deux adversaires se sont d’ailleurs retrouvés roue dans roue durant leur simulation, au grand mécontentement du pilote Yamaha, « Je ne sais pas quoi dire… mais ce n’est pas normal, » s’est agacé Viñales au micro de Crash.net après avoir dû mettre un terme à sa simulation. Malgré cet épisode, Viñales reconnait le rythme du pilote Honda. En ce qui le concerne, il doit encore parfaire ses freinages. De son côté, après avoir suivi son rival, Marc Marquez précise que la Yamaha semble stable sur le courbes rapides, « La Yamaha est stable, mais il est aussi très rapide. »
Toutes les Honda dans le Top 10
En l’absence de Tito Rabat, convalescent depuis sa lourde chute à Sepang, quatre Honda étaient présentes à Phillip Island.
Malade jeudi, Dani Pedrosa finissait ce test avec le troisième temps à moins de deux dixièmes de son coéquipier, « Hier je ne me sentais pas très bien, mais ce matin ça allait un peu mieux. Au final, nous avons été capables de faire du bon travail avec mon team. Ce vendredi, nous étions plus focalisés sur l’électronique et les réglages de la moto. La seule chose que je n’ai pas eu le temps de faire, ce sont de longs runs. »
Cal Crutchlow utilise une configuration moteur/châssis différente des deux pilotes officiels, mais il s’avouait satisfait en fin de journée, « Dans l’ensemble, les chronos ne sont pas si mauvais. Je pense que nous pouvons être encore plus rapides, nous verrons.»
« Nous avons trouvé une base de réglages qui semble fonctionner, » ajoutait Jack Miller. « Je pense que nous allons dans la bonne direction et je suis impatient d’être au Qatar. » À noter que Miller, neuvième temps des trois jours, ne disposait pas encore de la dernière évolution du nouveau moteur RC213V. Selon Livio Suppo, tous les pilotes Honda disposeront du même moteur au Qatar.
La révélation des rookies
Jonas Folger a longtemps occupé la troisième place du classement ce vendredi, avant de s’incliner derrière la Honda de Pedrosa. L’Allemand a chuté en fin de journée, mais au guidon de sa deuxième Yamaha YZR-M1, il est parvenu à progresser davantage, « Nous savons maintenant quelle direction choisir et nous essaierons de nouveau au Qatar. Le rythme était bon et les chronos étaient rapides. Nous avons évalué de nombreuses options et tiré au clair certaines choses. »
Son coéquipier Johann Zarco découvrait lui aussi le tracé australien au guidon d’une MotoGP. Pour le Français, il s’agissait principalement de jouer avec les réglages de sa Yamaha pour en comprendre le comportement, « C’est un peu comme des journées à l’école, » s’amusait Guy Coulon, son chef mécanicien.
Zarco d’ajouter, « Ce circuit n’est pas mon préféré, mais grâce aux nombres de tours parcourus, je suis capable de comprendre davantage la moto et d’ajuster les réglages au mieux. C’est important pour le dernier test, car je sais que je serai plus fort aux prochains rendez-vous. »
Alex Rins concluait ce test avec le sixième chrono à un peu plus d’une demi-seconde de Viñales. L’Espagnol chutait néanmoins, sans gravité, « J’ai ouvert les gaz trop tôt. Pas à pas, je trouve les bonnes trajectoires. »
Les deux pilotes Suzuki arboraient le nouveau carénage avec les ailerons. Pour Davide Brivio, le choix de ce carénage est encore à prendre, « Nous devons analyser les données. Certaines choses sont bonnes, d’autres beaucoup moins. Nous ferons des tests supplémentaires en soufflerie au Japon la semaine prochaine. Nous évaluerons si nous utiliserons la même version ou une évolution au Qatar. »
Lorenzo a besoin de temps, Rossi s’est trompé de direction
Après une journée de jeudi difficile, se rapprocher des autres Ducati était l’objectif principal de Jorge Lorenzo ce vendredi. Mission accomplie pour le Majorquin qui se hissait finalement en huitième position, juste derrière son coéquipier Andrea Dovizioso. « Mon objectif était d’améliorer mon feeling et de tirer le meilleur de la moto. Nous voulions aussi rouler en 1’29. Nous y sommes parvenus. Nous savons maintenant comment améliorer la moto pour la rendre encore meilleure. J’ai encore du chemin pour arriver à mon maximum. »
« Nous sommes satisfaits, même si nos temps ne sont pas ceux que nous souhaitions. Nous avons comparé différentes configurations châssis et différents réglages. Nous nous sommes focalisés sur les milieux de courbe et sur l’accélération pour rendre la moto plus douce» confiait Paolo Ciabatti qui assure que la version finale de la Desmosedici GP17 sera utilisée au Qatar lors du premier Grand Prix de la saison. De même au sujet des ailerons, « Je pense que vous ne verrez pas de changements à ce sujet au Qatar. Nous devrions rester avec le carénage traditionnel. »
Pour Chritian Gabbarini, Lorenzo doit encore adapter son style à la Ducati, mais « nous devons lui fournir la meilleure moto afin qu’il retrouve confiance et qu’il soit plus agressif en entrée de courbe. »
Loris Baz nous confiait que les Ducati manquaient cruellement de feeling à l’avant durant ce test, en particulier avec les nouveau pneus.
De son côté, Valentino Rossi dressait un bilan plutôt mitigé. Après avoir pris la mauvaise direction jeudi, l’Italien a rassemblé un maximum de données ce vendredi, « Nous avons beaucoup travaillé sur les pneus usés, mais finalement, nous n’avons pas réglé nos problèmes. Nous devrons tester quelque chose d’autre. Le moteur semble bon, mais ce test a été moins bon pour moi que celui à Sepang. Je ne suis pas content et nous avons besoin de faire mieux. »
La séance de vendredi était la dernière séance sous la lumière du jour pour les pilotes du MotoGP, avant la première séance d’essais libres du Grand Prix d’Argentine. Ils se retrouveront au Qatar à partir du 10 mars pour trois journées d’essais sous les projecteurs du Circuit de Losail.
