Les pneus slicks, utilisés sur circuit et destinés à la compétition, ne doivent jamais être utilisés sur la voie publique. Ils présentent plus d’inconvénients et de danger que de réels avantages, sur route. Le développement des manufacturiers est tel que les pneus de route actuels sont déjà meilleurs que certains pneus de course d’il y a seulement 5 ans.
Alors, pourquoi l’utilisation de slicks est-elle une si mauvaise idée ? Tous les pilotes MotoGP les utilisent pour gagner des courses, après tout. Cela doit signifier qu’ils grippent comme des fous, non ? Ils sont chers mais ils sont nécessaires pour rouler rapidement, n’est-ce pas ? Et comme ils adhèrent très fort, cela signifie qu’ils rendent également la conduite beaucoup plus sûre, non ?
Mais avant de continuer, une petite définition : c’est quoi, des pneus slicks ? La réponse courte est : des pneus qui sont exclusivement destinés à la course. On les appelle des slicks car ils sont dépourvus de rainures sur la carcasse, afin de présenter une surface ininterrompue appelée empreinte sur la surface de la route. Cela équivaut à plus d’adhérence.
Mais il y a de sérieuses mises en garde pour lesquelles ils ne devraient pas être utilisés sur les routes publiques. Le non-respect de ces conditions entraînera tôt ou tard) des situations indésirables.
Température
Les pneus slicks ne fonctionnent correctement que sur une plage de température restreinte
C’est le facteur le plus évident. Tous les types de pneus fonctionnent à leur niveau optimal dans une certaine plage de chaleur. Cependant, les slicks fonctionnent mieux autour de 100 degrés pour l’avant et 120 degrés pour l’arrière. C’est relativement chaud, et plus chaud que le point d’ébullition de l’eau au niveau de la mer.
C’est pourquoi les équipes de course les enveloppent dans des couvertures chauffe-pneus avant une course. Les couvertures sont réglées à 90 degrés Celsius, pendant au moins une heure.
Vous comprenez pourquoi les coureurs professionnels définissent généralement leurs temps de course les plus rapides après le troisième tour ou au milieu de la course ? Pourquoi les pilotes MotoGP continuent-ils de chauffer leurs pneus lors du tour de formation alors que les pneus sortent des couvertures ?
La réponse est la température et comment la maintenir dans cette plage. Lors d’un départ, même si les couvertures sont enlevées au dernier moment, les motos restent suffisamment à l’arrêt pour qu’ils aient le temps de refroidir. Donc la température du pneu au départ d’une course est déjà incorrecte.
Deuxièmement, rouler sur des routes publiques, même sans circulation, ne fera pas monter la température assez rapidement.
Troisièmement, même si le motard est capable de chauffer les pneus jusqu’à leur température de fonctionnement optimale, la circulation, la route et les conditions météorologiques vont le ralentir à un moment donné, forçant les pneus à refroidir en dessous de leurs températures de travail.
Cycles de chauffe
Un pneu qui a subi un cycle de chauffe
Vous le verrez après avoir roulé fort sur les routes ou la piste – cette bande bleue / violette sur les bords des pneus. Les bandes indiquent que les pneus libèrent leur huile après un cycle de chauffe. C’est naturel car les pneus contiennent de l’huile en tant que partie de leurs composés.
Un cycle de chauffe signifie le processus de refroidissement des pneus de leur température de fonctionnement à la température ambiante. Selon la marque et le composé, un pneu de course supporte très peu de cycles de chauffes (entre 8 et 10).
Cela signifie que même si vous pouviez les faire fonctionner à la température idéale, vous ne pourriez les utiliser que pour 4 trajets quotidiens. Ça ferait un sacré budget pneus…
Peu importe si les pneus ont encore 99% de leur épaisseur de gomme, ces pneus sont déjà inutilisables après un certain nombre de cycles. En d’autres termes, ils perdent de l’adhérence.
Cisaillement à froid
Le cisaillement à froid engendre ce type d’usure
Sur les bords d’un pneu slick qui sort de piste, on relève la présence de petits de morceaux de caoutchouc qui ressemblent à ce qu’on obtient lorsque l’on utilise une gomme en caoutchouc sur du papier.
Les pilotes associent généralement cela à un pneu adhérent, mais ils étaient plutôt larges et profonds.
Cela est appelé cisaillement à froid. Comme son nom l’indique, la surface est arrachée en raison de son utilisation en dessous de la température de fonctionnement. Au lieu de rouler sur la piste, le pneu s’enfonce. Le pneu peut même projeter des morceaux de caoutchouc dans des cas extrêmes.
Conditions météorologiques
Jack Miller avait osé monter les slicks et pas ses adversaires, qui s’étaient tous rués dans les stands. Cela nous avait valu cette image épique!
C’est l’autre raison évidente, à part la température. Les pneus slicks sont conçus pour fonctionner uniquement avec une seule condition météorologique : temps sec. Les rainures d’un pneu aident à évacuer l’eau entre la surface de contact et la surface de la route et assurent l’adhérence. À l’inverse, l’absence de rainures entraînera l’aquaplanage du pneu.
Pour être juste, les slicks peuvent fonctionner sur des routes humides (à condition qu’ils soient à la bonne température) mais pas au-dessus d’une pellicule d’eau.
C’est là tout le jeu de l’équipe technique et l’enjeu de réaliser un bon chrono sur piste séchante : utiliser les slicks ou les pluies ?
Réglages de suspension
L’utilisation de pneus différents nécessite des réglages de suspension différents. Cependant, il est beaucoup moins crucial de le réaliser avec des pneus de route qu’avec des slicks. D’un autre côté, l’utilisation de paramètres classiques, utilisés sur route, pour les slicks peut ne pas engendrer suffisamment de déformation pour les réchauffer. Là encore, le recours aux paramètres de piste pour la route entraînerait une conduite inconfortable.
Pour essayer de gagner… quoi ?
Tout le monde n’est pas capable de ce genre de prouesse sur route… fermée!
Pour faire l’expérience des slicks à leur niveau optimal, il n’y a pas de meilleur endroit que sur la piste. Ici, les pneus se réchaufferont plus rapidement même sans couvertures. Il suffit d’être souple sur les premiers tours, puis de mettre du gaz pour aller chasser le chrono quand la moto, les pneus et le pilote sont chauds !
Les pneus de série sont déjà impressionnants !
Actuellement, les pneus de série fonctionnent à des niveaux auxquels nous ne pouvions même pas rêver il y a deux décennies. Des pneus de tourisme sportif collent à la route sur le sec comme sous la pluie.
Cela permet de faire des économies et d’utiliser, pour la vie de tous les jours, des pneus de série. Ils se réchauffent rapidement, peuvent durer plus de cycles de chauffe, fonctionnent dans toutes les conditions, sont confortables et sont certainement moins chers et plus faciles à entretenir que les slicks.
Nous ne vous critiquons pas si vous utilisez des slicks, mais réfléchissez à ce que nous avons écrit et revenez aux pneus de rue. Vous serez étonné de ce que vous pourriez faire avec eux.
