L’équipe Ducati a tout raflé en 2022 : ce sont les Champions du Monde en titre, détenteurs de la triple couronne, et donc logiquement le team à battre pour la saison 2023. Ducati s’est imposé comme objectif de réitérer cet exploit en 2023, mais cela sera-t-il aussi simple ?
Il y a quelques éléments clés pour qu’ils réussissent à défendre leur couronne : la première concerne le développement de leur moto, deuxièmement, la relation dans le box entre leurs deux pilotes d’usine et troisièmement, la gestion des nouvelles menaces…
Avec le succès vient l’attente et avec l’attente vient la pression et il n’y a vraiment rien de tel que de mettre un numéro 1 sur sa moto pour accumuler la pression.
Pour la première fois depuis plus d’une décennie, on retrouvera un numéro 1 en piste en catégorie MotoGP. Un projecteur, un point de repère, une cible à viser. Pecco Bagnaia a tout le peloton à sa poursuite cette année, tout comme les anciens champions l’ont eu avant lui. C’est un fait superficiel mais remarquable qu’aucun pilote n’a conservé son titre en utilisant le numéro 1 à l’ère moderne du MotoGP, que ce soit Nicky Hayden, Casey Stoner, Jorge Lorenzo et Casey Stoner à nouveau. Tous ont perdu leur statut de numéro 1 un an seulement après avoir réalisé rêve et en 2023, Pecco Bagnaia visera à briser la malédiction pour la première fois. Il faut dire qu’il a plus que les outils pour faire le travail. Mais lui et Ducati doivent obtenir des clés cruciales avant même de pouvoir songer à redevenir Champions du Monde…
Tout d’abord et surtout, avoir la machine la plus efficace du plateau, et ce dès le début de saison, ce que Ducati n’a pas réussi à faire au cours des deux dernières saisons.
Les difficultés de Pecco Bagnaia en début de saison 2022 étaient assez évidentes. Après avoir remporté quatre des six dernières courses de 2021, il est arrivé dans l’intersaison en tant que pilote le plus en forme. Il était très confiant envers sa machine, disant qu’elle était parfaite et qu’il serait difficile de l’améliorer. Il s’est avéré qu’il avait raison, il était difficile de s’améliorer.
Ducati a apporté toute une série de nouvelles pièces aux tests de pré-saison, notamment un nouveau moteur et un nouvel échappement. Ces deux composants associés l’un à l’autre ont provoqué le chaos pour Pecco Bagnaia, alors que lui et l’usine se perdaient quelque peu en essayant de faire fonctionner leurs nouveaux composants. Le nouveau moteur avait plus de puissance et le nouvel échappement amplifiait la puissance démoniaque à bas régime, les obligeant à rechercher diverses solutions ergonomiques et de réglages pour les faire fonctionner.
En fin de compte, les 2 pilotes officiels, Pecco Bagnaia et Jack Miller ont recouru à une spécification de moteur de transition 2021-2022 et ont utilisé l’échappement plus ancien et plus court pour lisser la puissance du nouveau moteur. Cela leur a permis de retrouver une moto plus équilibrée à leur gout, et plus proche de la GP21 en termes de moteur.
Pour 2023, ils ne peuvent tout simplement pas recommencer. Pecco Bagnaia est revenu d’un déficit de 91 points cette saison principalement grâce à son travail acharné et à sa constance sur la seconde partie de saison. Mais aussi à cause de la malchance et de la forme vacillante de son principal rival au titre, Fabio Quartararo. En 2023, ils n’auront peut-être pas autant de chance
Enea Bastianini était l’une des sensations de 2022. Dès sa deuxième année en MotoGP, il a réussi à remporter quatre courses l’an dernier, juste derrière Pecco Bagnaia. Leurs batailles en piste à Misano, en Aragon et en Malaisie n’étaient qu’un aperçu de ce que nous pouvons attendre de ces deux-là en 2023 et c’est relativement intrigant. Ils vont être rivaux, c’est inévitable, reste à savoir si l’ambiance peut rester amiable entre les deux italiens.
Pecco Bagnaia a souvent parlé de sa relation avec Jack Miller au cours de leurs multiples années en tant que coéquipiers. Le pilote australien était une source constante d’encouragement et d’amitié, lui donnant confiance dans les moments où il avait besoin de ce léger coup de pouce. Le meilleur exemple étant la Thaïlande l’année dernière, où Jack Miller a dit à Pecco Bagnaia de vraiment croire en lui avant la course et qu’il pouvait bien performer dans des conditions humides dangereuses.
Enea Bastianini sera sans aucun doute un type de coéquipier très différent. La question sera de savoir si Pecco Bagnaia peut maintenir son niveau incroyable sans cette poussée supplémentaire d’un coéquipier. Ou peut-être qu’une éventuelle rivalité entre les 2 italiens les conduira tous les deux à atteindre un niveau supérieur à tout ce qu’ils ont montré auparavant ?
Enfin, il y a aussi la variable constante du MotoGP : le changement. En effet, en 2023, sept pilotes ont changé d’équipe et ces changements apportent tous de nouvelles menaces. Le plus important d’entre eux pourrait bien s’avérer être Miguel Oliveira alors qu’il entame un nouveau chapitre avec Aprilia après avoir quitté KTM. Le pilote portugais a été très impressionnant lors du test à Valence après la finale de la saison 2022. Il était rapide, constant et, surtout, satisfait de la moto, de l’équipe et de sa nouvelle opportunité.
Un pilote heureux est un pilote rapide et cela n’aurait pas pu être plus vrai pour lui après sa première rencontre avec l’Aprilia RS-GP. Beaucoup le désignent déjà comme l’outsider de 2023, le joker prêt à bouleverser l’ordre établi. Il ne fait aucun doute sur sa vitesse, il a déjà remporté cinq courses en MotoGP et avec une moto qui a été capable de disputer le titre jusqu’à l’avant-dernière course de l’année dernière, il n’y a pas vraiment grand-chose pour le retenir. L’histoire est contre lui, aucun pilote satellite n’a jamais remporté de couronne MotoGP dans l’ère moderne, mais les malédictions et les records sont destinés à être battus.
Bien sûr, les six autres pilotes qui ont changé de machine, Jack Miller, Pol Espargaro, Alex Marquez, Joan Mir, Alex Rins et le coéquipier d’Oliveira, Raul Fernandez, seront également présents aux avants-postes. En regardant cette liste, Ducati a beaucoup de pilotes dont il faut s’inquiéter avant même d’aborder ceux qui n’ont pas changé d’équipe. Marc Marquez espère que Honda pourra construire une machine capable de se battre pour le titre, KTM a l’air d’avoir fait d’énormes progrès et il y a bien sûr la menace de l’intérieur chez des gens comme Jorge Martin qui, comme nous le savons, est un homme de revanche après avoir été snobé pour le guidon d’usine en faveur de Bastainini.
Ducati est la référence, cela ne fait aucun doute. Disons-le simplement, ils ont la meilleure machine sur la grille, et de très bons pilotes. Mais, comme nous le savons trop bien, ils doivent faire des pas en avant, car les autres équipes avancent également à grands pas.
Photos : Dorna Sports