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La saison 2019 a été longue et difficile pour Aprilia. L’embauche de Massimo Rivola en tant que PDG d’Aprilia a entraîné l’arrêt du développement du RS-GP pendant que celui-ci repensait totalement l’organisation d’Aprilia, et a permis à Romano Albesiano de se concentrer sur la construction d’une toute nouvelle machine, avec un moteur V4 à 90 °, à partir d’une feuille presque blanche.

C’était un pari majeur. Aprilia abandonnait quatre ans de développement en MotoGP et recommençait presque à zéro. L’usine de Noale avait beaucoup de nouvelles opportunités de développement, mais elle devait faire les bons choix dans de si nombreux domaines qu’il serait facile de se retrouver encore une fois dans la mauvaise direction.

Le pari semble avoir porté ses fruits. Aleix Espargaro et le pilote d’essai Bradley Smith étaient extrêmement enthousiastes à propos du nouveau RS-GP. « Je ne m’attendais pas vraiment à ce qu’avec une moto aussi nouvelle que celle-ci, je sois d’entrée de jeu aussi compétitif », a déclaré Espargaro. « Même après 20 tours en piste et des pneus usés, je peux rouler en 1’59, c’est incroyable à quelle vitesse je peux aller. Je pense qu’avec cette RS-GP, la moto est beaucoup plus proche du podium. »

 

Aleix Espargaro était ravi suite aux premiers tours de roues effectués sur sa nouvelle monture

 

Bradley Smith était également positif. « La nouvelle moto était très attendue », a déclaré le pilote d’essai à Sepang. « Elle a été retardée par rapport au moment où nous l’attendions, mais cela valait la peine d’attendre, cela valait le temps passé et les heures d’ingénierie supplémentaires pour obtenir toutes les informations que nous avions l’année dernière. Les gars ont compris et ont réussi à mettre en œuvre dans beaucoup de domaines tous les améliorations dont nous avions besoin. Sur un prototype MotoGP, il y a tellement de choses que vous pouvez faire et tellement de variables, et ils ont pu affiner beaucoup de choses. »

Quant à Romano Albesiano, directeur technique d’Aprilia Racing, il ne tarissait pas d’éloges quant à leur nouveau prototype : « Nous sommes vraiment ravis de constater que la nouvelle moto a réellement franchi une étape par rapport à la précédente, dans de nombreux domaines : stabilité, virage, réponse du moteur, performances de freinage. C’est ce que nous recherchions, et peut-être même plus que ce à quoi nous nous attendions. Ensuite, nous ne savons pas où nous en sommes dans le classement car tout le monde s’est amélioré. Nous verrons. Quoi qu’il en soit, nous mettons tout en œuvre sur le terrain pour avancer le développement. »

Et effectivement, l’Aprilia de 2020 n’a rien à voir avec celle de 2019. Il suffit d’observer le cadre et les carénages pour s’en rendre compte. Mais, bien caché ces carénages, un moteur totalement nouveau a été développé par l’usine de Noale. Mais pourquoi Aprilia a changé l’angle du moteur de la RS-GP et comment cela affecte la puissance fournie ?

L’angle du moteur est un peu plus ouvert qu’auparavant. C’est désormais un V4 à 90°, au lieu de 72° depuis 2016, première année d’apparition de la RS-GP. Ce changement n’est pas négligeable en termes de performances, car sur les V4, un angle de cylindre de 90° est la solution optimale, et ce pour plusieurs aspects.

 

Le moteur de la RS-GP, ici au banc d’essais

 

Cela donne la possibilité de rendre la zone d’admission plus optimale, en optimisant les tubulures d’admission et en les plaçant plus facilement. Le V étant plus ouvert, une boîte à air avec plus de volume peut être installée. Et qui dit boite à air plus grande, dit efficacité d’admission plus importante. Le débit est également supérieur. En favorisant le remplissage en air du moteur, les performances s’en ressentent.

Cela permet également d’utiliser un calage big bang sans avoir de problèmes d’équilibrage.

Enfin, Aprilia avait des soucis de frein moteur trop faible, les pilotes contraignaient plus leur système de freinage et risquaient la surchauffe de celui-ci. Sur cette dernière version de moteur, totalement repensée, l’utilisation d’une valve à l’échappement leur permettrait d’augmenter le frein moteur, même si pour le moment, Romano Albesiano disait ne pas encore avoir testé ce système.

Quant à la fiabilité, qui était un des points noirs d’Aprilia les années passées, le passage à un V de 90° n’a aucune incidence. Ce n’est pas une question de design. C’est une question d’expérience que l’usine doit acquérir, et doit apprendre de ses erreurs. En partant d’une feuille blanche, l’équipe d’ingénieurs Aprilia était bien consciente des soucis de l’ancienne version. Ils ont ainsi fait évoluer l’intégralité de la moto, sans totalement la révolutionner.

Partir vers ce qu’on pense être les bons points, en essayant de ne pas aller trop loin, de ne pas aller vers une solution révolutionnaire et inconnue, mais tout orienter vers la direction qui semble être la bonne est là un sacré travail d’ingénierie. Et c’est également valable en termes de position du centre de gravité, de rigidité, d’ergonomie du pilote, de refroidissement, beaucoup de choses. Apparemment, cela semble fonctionner.

Le processus de développement vient seulement de commencer, et Aprilia conçoit de nouvelles évolutions au niveau du moteur et du châssis. Même s’il semble qu’ils ont actuellement trouvé un bon équilibre, et qu’ils ne doivent pas perdre. Comme toute usine engagée en MotoGP, ils ont de nombreux composants en cours de développement : une nouvelle culasse qui doit apparaitre d’ici la mi-saison, un nouveau cadre, un nouveau bras oscillant en fibre de carbone. Autrement dit, chez Aprilia, beaucoup de nouvelles idées sont en préparation. Pour Aprilia, le gel technique décidé pour les moteurs et l’aérodynamique n’interviendra que le 29 juin. Il est fort probable de voir apparaître de nouvelles pièces lors du test à Misano les 10 & 11 juin prochains.

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