L’actualité récente de Yamaha en MotoGP s’est articulée entre deux axes, le renouvellement de Fabio Quartararo pour deux saisons supplémentaires pour la période 2025-2026, et la présentation d’une nouvelle YZR-M1 lors de la journée de test à Jerez. Et les deux événements sont sans doute liés…
Pour retenir El Diablo alors qu’elle a pris du retard par rapport à ses adversaires, la firme d’Iwata a probablement dû sortir le grand jeu, aussi bien financièrement que techniquement, et si le premier domaine ne nous intéresse guère (de toute façon les chiffres publiés par la presse sont dans l’immense majorité des cas complètement faux), le côté technique permet au moins de constater visuellement quelques avancées des trois diapasons…
Parmi les arguments présentés par Yamaha figuraient le recrutement de plusieurs personnages clés, à commencer par Luca Marmorini et son fils, dès 2022 pour s’occuper du moteur, de Marco Nicotra en fin de saison dernière, ex-Ducati dorénavant en charge de l’aérodynamique du team Monster Energy Yamaha MotoGP, puis de Massimo Bartolini en début de saison, ex-Ducati également avec tous les secrets de la Desmosedici GP24, assurant maintenant le rôle de directeur technique, aux côtés du chef de projet Kazuhiro Masuda, tous deux relevant de Takahiro Sumi, directeur général du département sport moto.
Le message envoyé au pilote français était donc clair,
« Yamaha met les moyens », financiers et
humains, pour exploiter au mieux les concessions dont bénéficient
les constructeurs japonais afin de revenir au premier plan.
Un premier plan qui n’est d’ailleurs pas à des années-lumières,
mais seulement de quelques dixièmes de seconde au tour, et qu’une
autre initiative devrait permettre d’accélérer : le contrat passé
avec Dallara l’été dernier.
Dallara, qu’est-ce que c’est ?
Pour les plus anciens, ce sont des petites barquettes qui
s’illustraient en courses de côte dans les années 70′, mais après
avoir travaillé pour Ferrari, Lamborghini et Maserati,
Giampolo Dallara a su faire évoluer sa petite
entreprise jusqu’à la F1, mais surtout décrocher le jackpot en
devenant l’unique fournisseur de l’IndyCar à partir de 2007 jusqu’à
nos jours.
Ce changement de dimensions a permis à l’entreprise située près de
Parme de renforcer encore ses compétences dans le domaine des
composites et de disposer de sa propre soufflerie, d’une dimension
généreuse.
Aujourd’hui, et depuis l’été dernier, c’est donc Dallara qui
participe au développement aérodynamique de la M1, jusqu’ici bien
moins chargée que ses concurrentes, en grande partie pour cause
d’un moteur également moins puissant.
Mais les récents progrès réalisés sur le 4 cylindres en ligne
permettent de mettre plus d’appui sur la M1, et ce que le carénage
qui a été essayé à Jerez nous montre ce que pourrait être la
machine de course dès que les évolutions du moteur le permettront,
sans doute en deuxième partie de saison.
Qu’a-t-on vu ?
En schématisant,
Dallara a repris à l’avant l’aileron de l’Aprilia, mais dans une
version à trois plans au lieu de deux.
Pour les flancs, il semble que l’on se soit inspiré du carénage KTM aperçu lors des tests hivernaux, avec des ailerons latéraux se prolongeant par des surfaces d’appui latérales bien canalisés, le tout agrémenté de classiques Downwash Ducts. Une belle avancée pour la M1, même si on a vu que la firme autrichienne avait déjà fait un pas en avant depuis cette version !
Tout va très vite en MotoGP, et le retard sera donc long à rattraper, mais pour le moment Yamaha s’en sort bien mieux que Honda, malgré un programme d’essais bien discret : nul doute que le recrutement d’Européens, en fait d’Italiens, à des postes clés permettront un développement bien plus rapide que les décisions prises à Tokyo…
Rendez-vous est pris dans quelques mois.
Crédit photos : MotoGP.com / Michelin /Dallara