C’était finalement logique: après avoir exploré sans relâche les différentes rigidités des cadres, des bras oscillants, des supports-moteurs et des pneus, les ingénieurs MotoGP se penchent actuellement sur le cas du dernier élément intervenant dans la rigidité globale, les jantes !
Ce travail se fait parallèlement aux expérimentations pour tenter de stabiliser au mieux la température (donc la pression) des pneus, avec moultes revêtement « magiques », allant de la jante brute sans peinture jusqu’au revêtement argenté des roues des Yamaha apparu l’an dernier. Pour le moment, les résultats ne semblent pas très spectaculaires, allant de « aucun effet mesuré » à « une diminution de 5 à 7° » selon nos sources interrogées, et il faudra peut-être en passer par de nouvelles jantes offrant un plus grand volume d’air, soit avec des bâtons creux (mais alors généralement très rigides), soit en périphérie.
En attendant, on travaille donc très activement sur leur rigidité lors de tests privés, grâce à quantité de jantes bardées de capteurs comme celle qui illustre cet article.
La réglementation
La réglementation
concernant les jantes n’est pas extrêmement limitative, mais
précise : fabriquées en magnésium ou en aluminium (carbone
interdit), elles doivent dépasser les normes japonaises JASO
(Japanese Automotive Standards Organisation) T 203-85 qui les
testent dans 5 domaines : test d’impact, test de charge radiale,
test de fatigue en torsion, test de fatigue en flexion et test
d’étanchéité à l’air.
De diamètre 17 pouces, leur largeur ne peut excéder 4 pouces pour
l’avant, et 6,25 à l’arrière. Dans la catégorie MotoGP, chaque
constructeur est limité à deux largeurs différentes de jantes avant
et une largeur de jante arrière.
Les fabricants
Marchesini (Groupe Brembo)
et OZ se répartissent le plateau MotoGP, le premier équipant
Ducati, Aprilia, Suzuki et KTM, le second Yamaha et Honda (depuis
2016). Les deux fabricants italiens proposent plusieurs modèles et
plusieurs largeurs, qui influent également sur la rigidité et le
poids.
Chez Marchesini, le classique jeu de jantes M7RR Genesi en alliage de magnésium forgé pèse aux alentours de 7,7 kilos une fois montées. Elles ont 7 rayons, ce qui, d’après le constructeur transalpin, donne une rigidité maximale à la liaison moyeu-jante, une répartition uniforme de la charge radiale sur la circonférence de la jante et une structure globale légère. La section et la forme des rayons ont été conçues pour optimiser la rigidité, la durée, la fiabilité, la réduction de l’inertie et l’efficacité aérodynamique de la roue lorsqu’elle est utilisée sur la piste de course, grâce au travail en FEM (Finite Element Method) et CFD (Computational Fluid Dynamics). Sauf que… On y reviendra plus tard.
Chez OZ, la Cattiva dispose de 8 branches dans sa version racing (6 pour la route) et s’agrémente de petites cavités sur sa circonférence pour la refroidir sans augmenter sa masse, donc son inertie.
Une marque de fabrique que l’on retrouve également sur les SBK Replica pour les motos de série. Visuellement, la jante n’a gère évolué depuis plusieurs années hormis son revêtement argenté chez Yamaha, partiel l’an dernier, complet cette année.
C’est donc chez Marchesini qu’il faut aller découvrir une
« nouveauté » rendant la jante plus souple pour
s’intégrer au mieux dans la chaîne de rigidités
pneu-jante-fourche-cadre. Vous ne la trouverez pas au catalogue et,
dans e paddock, elle est surnommée ‘cristaux de neige ».
Introduite dans une première version en 2020, ses 5 bâtons se
séparent en deux, ce qui lui procure 10 branches venant se terminer
chacune avec un alésage sur la circonférence. Un dessin qui,
finalement, n’est pas sans rappeler celui des Ducati 848…
Cette année, on a modifié les épaisseurs des sections résistantes
pour rendre la jante plus flexible.
On ne va certainement pas en rester là et les essais privés en cours cette année en témoignent : soumises à un cahier des charges rempli de facteurs contradictoires (légèreté, robustesse, rigidité, souplesse, inertie thermique, volume d’air contenu, etc.), les jantes, bien que rondes et inertes, sont un domaine qui nous promet encore de belles évolutions à venir…