Gestion des pressions et des températures des pneus, nouvelles gommes Michelin, cadre en carbone et prise d’angle de Pedro Acosta, autant de sujets que nous avons abordé avec Nicolas Goyon, Team Manager de l’équipe Red Bull GASGAS Tech3 qui fait rouler le sensationnel rookie en MotoGP.
Nicolas, on ne va pas te faire parler des
performances de Pedro Acosta qui doivent vous apporter beaucoup de
bonheur, car tout a déjà été dit ou presque, mais on a vu récemment
un article indiquant que Ducati avait mis au point un petit
programme tout bête qui indique aux pilotes le décompte des tours
valides et invalides par rapport à la réglementation sur la
pression des pneus.
Sans trahir de secret, on croit savoir que vous avez depuis
un bon moment des voyants au tableau de bord pour indiquer les
pressions avant et arrière. Aujourd’hui, vous en êtes où, dans ce
domaine ?
Nicolas Goyon : “Alors sur les dashboards des motos, de toute façon, on peut maintenant vraiment afficher tout ce qu’on veut. Donc on peut vraiment choisir d’afficher tout un tas d’infos effectivement sur la machine. Après, ce qui est judicieux, c’est d’afficher vraiment ce qui est important pour le pilote. Donc nous, comme tu dois le savoir déjà , on a des voyants pour indiquer les températures de pneus, à l’avant et à l’arrière, et c’est surtout pour indiquer si on est trop faible en température. Et en pression, c’est pareil, on a plusieurs seuils d’alarme que l’on affiche. Si on commence à être trop haut en pression, donc ça on leur affiche pour que les pilotes le sachent et puissent se décaler éventuellement du slipstream (sillage) d’un autre pilote. »
Ce sont bien des voyants, pas des indications chiffrées
?
“Oui, ce sont des voyants parce qu’on l’a
décidé. On aurait pu mettre des indications chiffrées, mais on a
préféré allumer des voyants, des petits carrés dans le dashboard,
et en fonction des couleurs les pilotes savent exactement s’il faut
par exemple qu’ils fassent attention parce que le pneu est trop
froid et qu’il doit être mis en régime. Ce sont vraiment
des indications pour eux, c’est à dire que si le feeling
de l’avant commence à être un peu difficile et qu’il a la LED
allumée, et bien il sait qu’il est en surpression de l’avant et
qu’il vaut mieux se décaler un peu du slipstream du mec de
devant.”
Ou au contraire faire des freinages un peu plus
appuyés s’ils veulent faire monter la pression ?
“Non, non. Alors par rapport aux règles de pneus, pour
l’instant on n’a pas réagi à ça parce qu’on estime chez
nous que c’est le travail des techniciens d’être dans les
règles. Le pilote n’a pas à s’occuper de savoir s’il doit
faire 2 ou 3 freinages appuyés pour essayer de monter en pression.
Donc pour l’instant, on n’en est pas là, ça, c’est notre
boulot. Le pilote, on ne lui donne que les infos qui lui
sont utiles, qui peuvent l’aider. L’aider, c’est éviter de
tomber si les pneus sont trop froid ou l’aider en évitant de tomber
si la pression de l’avant, par exemple, est trop haute. Le reste,
on essaye de le gérer nous.”
Alors justement, avec la la réglementation, Michelin a
un peu abaissé sa pression minimale et a introduit de nouvelles
gommes. Est-ce que ça change quelque chose de façon perceptible
pour vous par rapport à l’an dernier, ou pas ?
« Alors oui, Michelin a ajusté ses pressions, par contre
ils ont réclamé 60% au lieu de 50% des tours au-dessus. Alors pour
nous, pratiquement, ça ne change pas grand chose, 50% ou 60%, ça ne
change pas grand-chose. Par contre, le fait qu’ils aient abaissé la
pression minimale, ça change énormément, parce que grosso modo, on
travaille un peu avec les mêmes normes qu’avant et les mêmes
limites qu’avant, sauf que du coup on a gagné un peu de marge.
Avant on n’avait pas du tout marge et il était très facile, sans
forcément vouloir tricher mais avant il était très facile de te
faire pénaliser parce que parce que tu n’étais pas bon. Alors qu’en
ayant un petit peu abaissé ça, on continue à travailler
pareil et on a gagné un petit peu de marge de sécurité. Et
quoi qu’il en soit, de toute façon, 50% ou 60%, c’est grosso modo
pareil pour nous, ça ne change pas grand chose.”
Donc une approche plus…
« Pas plus
permissive, mais moins restrictive, dans le sens où on est toujours
dans la norme, on est toujours à respecter les pressions et les
protocoles, sauf que ça respecte plus la philosophie de la
norme, plutôt que d’aller punir des mecs pour rien parce qu’ils ont
fait la course en tête et qu’ils ne se sont pas trouvés dans l’aspi
d’une moto, et que leur pression n’était pas comme prévu,
quoi. C’est plus ça l’esprit de cette règle.”
A suivre demain…