Nous avons profité de la présence de Guy Coulon à la Sunday Ride Classic pour recueillir son point de vue sur le début de la saison MotoGP 2023 : Nouveau format, nouveaux pilotes, nouveautés aérodynamiques. Nous avons essayé de passer rapidement le plus de choses possibles en revue, même si l’homme était fort occupé sur le circuit Paul Ricard, en plein dans son domaine de prédilection, entre l’exposition de moteurs et les machines qu’il faisait rouler.
Monsieur Coulon, qu’est-ce que vous faites à la SRC
?
Guy Coulon : « Ah, ben je
suis venu me promener, vu qu’il y a quand même un beau climat.
J’avais aussi rendez-vous avec vous pour une interview, donc je
suis venu également pour ça. Et puis, je suis venu pour rencontrer
des gens que je ne vois que là, finalement, et puis regarder un peu
les motos aussi, et la très bonne idée et très belle exposition de
moteurs : Très, très sympa ! C’est ce qui m’a le plus plu, je.
crois. Et puis j’ai, j’ai déjeuné avec des amis, c’est très bien.
Hier aussi. Et puis sûrement ce soir aussi. Voilà, je crois que ce
type de réunion, c’est un peu fait pour ça, non ? »
Convivialité, intérêt historique des motos et des
moteurs… Vous en avez même fournis, je crois ?
« Oui, un petit peu. Et puis on a fait tourner 2 motos avec un
pilote émérite. »
Qui est ?
« Guillaume Dumas,
accessoirement ingénieur GASGAS chez Tech 3, côté Pol
Espargaró. »
Avec une Kawasaki et une Honda, c’est ça ?
« C’est ça, on reste éclectique. »
Maintenant, laissons la SRC de côté sinon on va vite
décrocher avec l’alésage-course de l’Adler ou les roulements à
aiguilles du 4 cylindres Jawa , et parlons un peu Grand Prix. On
sait que vous êtes à la retraite mais vous êtes quand même sur les
circuits et vous avez des yeux et des oreilles. Alors, parlez-nous
de ce début de saison…
« Le nouveau format s’est
bien mis en place. D’après les échos que j’ai, moi je vois plutôt
ça sur le terrain qu’à la télé, mais en tout cas les gens qui m’en
parlent apprécient le format et les courses, et l’intensité de la
course et le spectacle qu’il y a eu : C’était pas mal. C’est aussi
l’impression que j’ai. Je suis assez surpris, et malgré que je sois
dedans, par le bond technologique d’un peu toutes les marques entre
2021-2022 et 2022-2023. Ce sont 2 années où franchement, même si ça
ne se voit pas trop de l’extérieur sur tous les systèmes de départ
et de contrôle de tout, le travail fourni est impressionnant, je
trouve. Chez un peu tout le monde. »
Alors nous, ce qu’on voit, c’est l’aérodynamique, en
particulier chez KTM ces derniers temps, y compris au dernier test
à Jerez où c’était quand même extrêmement spectaculaire. On est à
l’effet de sol latéral en virage, non ?
« Bah je
ne crois pas que ça soit pour l’effet de sol, mais ça, c’est les
journalistes, ils disent ça parce que ils ont trouvé que c’était
intéressant de dire ça sans doute, mais je ne crois pas que ça soit
ça. Mais j’ai trouvé ça aussi spectaculaire, et puis surtout, dans
des choses qu’on a essayées lundi, il y avait du très efficace,
donc ce n’est pas qu’une vue de l’esprit.
Là, on rentre dans une autre dimension, c’est-à-dire que les débuts
de l’aéro ont été faits par le biais de gens qui travaillent de
l’aéro sur les motos, un peu déjà depuis quelques années. Et là,
petit à petit, il y a des collaborateurs extérieurs, si je puis
dire, qui sont venus… »
De la F1, on peut le dire…
« Voilà,
donc avec des moyens bien plus sophistiqués, surtout une bien
meilleure connaissance de l’aéro. Sans avoir de connaissance de la
moto, mais ils se sont vite adaptés et ils comprennent les besoins.
En tout cas, ils sont capables de répondre aux besoins ou aux
demandes des ingénieurs moto. Aux essais de lundi à Jerez, des
ingénieurs de Red Bull F1 ont apporté des choses qu’ils ont
testées, eux, en soufflerie, sûrement, et quand on l’a mis sur la
piste, c’était vraiment intéressant. Alors maintenant, c’était à
Jerez et il faudra avoir l’occasion de tester ça ailleurs pour voir
si l’efficacité est toujours là, puisque on a le droit à une seule
évolution dans l’année, donc, il ne s’agit pas de se précipiter sur
quelque chose qui ne marche peut-être pas partout : A voir, il faut
rester prudent, parce qu’une fois que vous l’avez pris, vous l’avez
pris. »
Vous nous parlez des grandes lames verticales qui
descendent jusqu’au bas du carénage qu’on a aperçues ?
« Ça en fait partie, oui. »
Et donc ce n’est pas de l’effet de sol ?
« Non ! »
En attendant les KTM, elles ont quand même fait un bond
en avant : On a vu 2 KTM en tête de course
pendant…
« Déjà, elles ont fait 4 bons départs à
Jerez, ce qui veut dire que le système de launch control est
efficace. Après, il faut savoir que ce sont des systèmes qui se
règlent circuit par circuit, et que vous pouvez avoir mieux
optimisé sur un circuit que sur un autre, donc ça ne veut pas dire
que si vous êtes le roi du départ à Jerez, vous serez le roi du
départ au Mans. D’autant plus qu’au Mans ça sera certainement très
compliqué, voire impossible, d’utiliser le système
arrière. » »
Pourquoi ?
« Parce que, comme c’est
mécanique et que vous devez freiner pour le remettre en place, en
particulier l’avant mais ça c’est peut-être possible, on va voir,
et qu’à l’arrière également il faut freiner pour le remettre en
place, ça va peut-être être difficile d’aller jusqu’à la chicane le
ventre à terre…
Donc au Mans, il va falloir trouver quelque chose, et on a
quelques idées. »
Donc là, vous êtes en train de nous dire qu’un départ,
maintenant, ce n’est plus juste : On baisse le cul de la moto, on
baisse l’avant de la moto, et on gère avec les gaz et l’embrayage.
Il y a autre chose.
« C’est-à-dire qu’il faut optimiser tout ça, c’est à dire qu’en
fonction, il ne faut pas être trop bas, il faut être le plus bas
possible à ce moment-là, sans que ça patine. Quand le centre de
gravité est bas, vous patinez. Donc il faut éviter ça, donc il faut
déterminer petit à petit, pendant les séances d’essai, la bonne
hauteur de départ en fonction de votre braquet, de machin, et
cetera, qui changent à chaque circuit, en fonction de si la ligne
de départ est en montée ou en descente, s’il y a un freinage
significatif pour remettre tout ça sur ses pattes, à temps.
»
A suivre…