Nous étions en 1992 et Mick Doohan menait le championnat du monde quand il a été impliqué dans un épouvantable accident durant le Grand Prix des Pays-Bas sur le circuit d’Assen. En conséquence de sa chute, Mick a subi de graves blessures à sa jambe droite, soit celle qui a l’habitude d’activer le frein arrière.
Après sa longue période de récupération, Mick Doohan est remonté sur la selle de sa Honda mais, malheureusement, les dégâts à sa jambe se sont avérés permanents. Les ingénieurs de Brembo sont alors intervenus et lui ont conçu un frein arrière commandé à la main depuis la partie gauche du guidon.
Aujourd’hui, Andrea Dovizioso utilise très
fréquemment ce montage, mais pour une toute autre raison. Les
pilotes de MotoGP utilisent de plus en plus le frein arrière,
jusqu’à 80% comme Marc Marquez (voir ici) mais plus vraiment en phase
de freinage. Il est devenu essentiel en courbe (pour resserrer une
trajectoire) et surtout en phase d’accélération, pour éviter de
trop cabrer la moto.
Or, les MotoGP prenant de plus en plus d’angle en courbe, il est
maintenant difficile de déplacer le pied de sa position
« pointe du pied » sur le repose-pied à la position
classique du pied pour freiner (pointe du pied sur la pédale de
frein).
Du coup, certains comme Dovizioso préfèrent commander ce frein au pouce, par l’intermédiaire d’une palette depuis le demi-guidon gauche, tandis que d’autres essaient parfois ponctuellement ce montage pour voir ce qu’il donne.
C’est ainsi qu’à Sepang, l’une des deux motos à disposition de Jorge Lorenzo et Marc Marquez disposait de ce montage, même s’il ne s’agissait pas de la première tentative pour le pilote majorquin. En effet, il avait déjà essayé cela en 2014 et 2015 sur sa Yamaha, aussi bien dans une version « palette » commandée par le pouce que dans une version « levier » commandée par un doigt.
Celle solution n’avait toutefois pas su séduire le pilote Yamaha malgré la perte de sensibilité qui l’affecte depuis sa double fracture des chevilles survenue en 2008.
Wilco Zeelenberg : « Le problème, à la fois avec le frein au pouce et le frein au doigt, est que, comme les pilotes se déhanchent maintenant tellement de leur moto à cause des angles pris, ils ne peuvent pas correctement appuyer sur le frein. Dans le passé, les pilotes restaient davantage sur la moto, et c’était donc très bien. »
Jorge Lorenzo a-t-il réessayé ce système mis à sa disposition à
Sepang. Non, d’après les membres du team Ducati.
Quant à Marc Marquez, il semblerait que oui sans que, pour autant,
rien n’ait filtré sur le sujet.
Crédit photos: MotoGP.com, Crash.net
Danilo Petrucci: « Salut les gars!
Aujourd’hui, je vais vous expliquer comment fonctionne le frein
arrière au pouce. Tout le monde ne dispose pas de cette sorte de
frein. Normalement, seulement les pilotes les plus grands l’ont, ou
ceux qui ne sont pas en mesure de freiner dans les virages à droite
puisque, comme vous le savez, le frein arrière est à droite.
Donc, quand vous êtes vraiment penché (ces motos prennent beaucoup
d’angle), la pédale est très proche du corps, loin du sol, vous
n’êtes pas en mesure de freiner et d’incliner en même temps. Donc,
comme certains autres pilotes, j’ai un frein au pouce sur ma moto
et, de façon basique, cela fonctionne comme un frein normal. Cela
fonctionne en poussant la manette, pas en tirant le levier car le
levier est celui de l’embrayage, puisque, comme vous le voyez, ce
n’est pas une moto de série.
Normalement, je l’utilise quand je suis incliné, quand je coupe les
gaz et que mes pieds sont comme ça, donc ils ne se plient pas et je
ne suis pas en mesure de freiner. Pour pouvoir utiliser ce frein
pendant la mise sur l’angle, j’aurais besoin d’un angle plus grand,
ce qui n’est pas possible. Donc, depuis le milieu de l’année
dernière, j’ai fait installer un frein au pouce.
Je pense que le premier pilote qui a utilisé ce type de frein était
Mick Doohan. Sa jambe droite était amoindrie et il devait donc
avoir un frein mis ailleurs. J’ai vu que de nombreux pilotes
avaient installé ce petit levier actuellement. J’aime vraiment le
frein au pouce et je pense également à faire mettre un petit levier
ici, car ça devient un peu fatiguant avec l’embrayage.
Les circuits sur lesquels vous utilisez le plus ce frein sont
souvent les plus difficiles pour la moto, ainsi que les circuits
étroits. Jerez est un circuit où vous l’utilisez beaucoup car il y
a de nombreux virages à droite que vous abordez après une ligne
droite en montée, comme les #1 et 2. C’est dans ces virages que la
moto travaille fort.
Je l’utilise également pour gérer l’accélération, car dans ce cas,
les motos peinent beaucoup donc je l’utilise beaucoup. De façon
générale, vous utilisez ce frein sur de nombreux circuits et cela
dépend aussi beaucoup de comment vous vous adaptez pour utiliser et
mixer les deux freins arrière. »