Yamaha se doit d’apporter des améliorations à sa M1 pour la saison 2023, mais c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Les équipes techniques de la marque d’Iwata font face à plusieurs défis. Le premier est le plus évident : ils doivent confirmer la nouvelle puissance supposée qu’ils ont trouvée, mais ils doivent également résoudre leurs problèmes de châssis et ils doivent faire revivre Franco Morbidelli après une année 2022 incroyablement difficile.
Yamaha se retrouve dans un scénario légèrement inquiétant pour 2023. Après avoir lutté pour de nombreuses améliorations réelles avec la moto en 2022, ils sont resté au niveau qu’ils avaient atteint en 2021.
Pour 2023, ils ont besoin de plus de puissance. C’est leur premier des deux musts pour pouvoir réussir. Le MotoGP est désormais un jeu nettement différent d’il y a à peine cinq ans. Il ne suffit plus d’être rapide dans les virages et de se permettre de perdre du temps dans les lignes droites. Grâce au développement général du châssis et de l’aérodynamique, les V4 ont réussi à s’améliorer dans les virages, et de tourner beaucoup mieux qu’avant. Grâce aux ailerons et maintenant aux carénages inférieurs à effet de sol, les V4 ont beaucoup plus de vitesse en virage qu’auparavant et ont donc considérablement réduit leur déficit dans ce domaine. Tout cela signifie que Yamaha doit faire de même dans son domaine de faiblesse : la puissance pure et la vitesse de pointe.
C’est quelque chose que leur dernier homologue développant un 4 cylindres en ligne a réussi à faire la saison dernière.
Suzuki a réussi à trouver de gros gains de puissance en 2022. Mais si la Suzuki et la Yamaha sont toutes deux des 4 cylindres en ligne, elles ont une grande différence.
Le moteur de Suzuki était monté légèrement différemment dans le cadre, avec une plus grande inclinaison vers l’avant, ce qui facilitait l’entrée d’air dans le moteur et la génération de plus de puissance. Bien que Yamaha n’ait pas fait pivoter son moteur vers l’avant, ce n’est pas la seule façon d’arriver à augmenter la puissance moteur. Cela montre juste que sur les années passées, Yamaha n’a pas souhaité révolutionner sa M1 et prendre trop de risques.
Au milieu de la saison 2022, Yamaha a embauché Luca Marmorini, un ingénieur motoriste ayant notamment travaillé chez Ferrai, pour aider à développer le moteur de la M1 et lui apporter un peu plus de punch qu’auparavant. C’est une décision qui montre un grand changement dans la mentalité de Yamaha, en prenant une aide extérieure et en apportant son expertise à Yamaha plutôt que d’essayer d’apprendre et de tout faire en interne.
Des gains de puissance ont été réalisés. Nous avons entendu parler des gains de puissance que le pilote d’essai Cal Crutchlow a ressentis et Fabio Quartararo a également commenté cela lors de tests précédents. Mais après le mystère de Valence où cette nouvelle puissance a soudainement disparu, l’inquiétude s’est installée. Cependant, il semble que cet événement mystérieux était dû à des dommages au moteur et devrait être corrigé lors du test de Sepang.
Mais même si Yamaha arrive en 2023 avec un nouveau moteur plus puissant, pour vraiment s’imposer parmi les meilleures équipes de la catégorie MotoGP, ils doivent résoudre leurs problèmes de châssis.
Yamaha espère que son nouveau châssis pourra résoudre ses problèmes de train avant. Au cours des dernières années, le prototype Yamaha est passé d’une machine sur laquelle il fallait être le plus souple possible pour en tirer le meilleur parti, à une machine sur laquelle il faut forcer sur le train avant pour être compétitif. Franco Morbidelli a été celui qui a le plus souffert à cause de ce changement.
Nous avons souvent entendu dire que l’avant de la Yamaha est maintenant tellement à la limite dans les virages. Fabio Quartararo admet effectivement qu’il doit rouler à 110% juste pour suivre ses concurrents et cela à cause de cette sensation constante d’être à la limite, les tours de qualification sont devenus infiniment plus durs et beaucoup moins agréables.
S’ils peuvent trouver une certaine marge d’erreur avec l’avant, cela permettra aux pilotes d’être plus à l’aise et de se gérer eux-mêmes, la moto et les pneus beaucoup plus facilement.
Et la gestion de leur pneu avant a été une chose qui a été un gros problème quand ils roulent dans le peloton. En raison de la nature même de la façon dont se pilote un 4 cylindres en ligne, de la vitesse élevée dans les virages, le pneu avant subit beaucoup de stress, créant d’énormes quantités de chaleur.
Lorsqu’ils sont derrière d’autres motos, avec des gaz d’échappement chauds qui s’échappent sur leur pneu avant, cette chaleur supplémentaire fait gonfler leur pneu en raison de l’augmentation de la température et de la pression. Si Yamaha peut vraiment trouver une marge à l’avant, ne pas avoir à pousser si fort et à rouler à 110% tout le temps devrait également les aider à gérer ce problème.
Ce que Yamaha n’apporte pas sur la grille en 2023, ce sont quatre motos. L’équipe RNF a abandonné la M1 au profit de deux d’Aprilia RS-GP pour 2023, ce qui signifie que pour la première fois de son mandat en MotoGP, Yamaha n’alignera que deux prototypes.
Cela signifie que Yamaha ne pourra recueillir que la moitié des informations par rapport à ce qu’ils ont fait dans le passé. C’est une chose énorme, car cela peut signifier que la collecte des données nécessaires pour prendre des décisions éclairées sur le développement prendra deux fois plus de temps qu’auparavant. Cependant, cela libère une quantité importante de financement qui aurait autrement été investie dans leur équipe satellite qui pourrait désormais être consacrée à la recherche et au développement.
Cela pourrait être la clé, et pourrait permettre à Yamaha de produire plus de pièces qu’ils n’ont pu le faire ces dernières saisons. Bien que plus de pièces ne signifie pas toujours de meilleures pièces, un plus grand volume de pièces essayées signifie que les chances de trouver celle qui font avancer sont plus élevées. Une autre chose est qu’il est très probable que nous verrons le pilote d’essai Cal Crutchlow rouler sur plusieurs wild cards cette année. Avoir ce temps supplémentaire sur la piste sera crucial pour leur équipe de test pour rattraper les kilomètres qu’ils perdront dans le développement de leur équipe satellite.
Enfin, un petit mot sur Franco Morbidelli. Alors que des rumeurs circulent déjà sur qui pourrait le remplacer en 2024, il lui reste encore une demi-saison pour prouver sa valeur et retrouver sa forme antérieure. Faut-il rappeler qu’il a terminé 2e mondial en 2020 et a remporté trois courses MotoGP ? Son talent ne doit certainement pas être mis en doute, il a juste besoin de retrouver confiance en lui et de retrouver les sensations avec la moto dont il a besoin.
Photos : Dorna Sports