Dans cette saison 2020 si particulière, c’est un des feuilletons qui nous aura tenu en haleine : la situation des moteurs Yamaha. Et il y a de quoi : Valentino Rossi et Franco Morbidelli en ont fait les frais dès les 2 premières courses de la saison, à Jerez, quant à Maverick Viñales, son moteur a rendu l’âme lors d’une séance d’essais, également à Jerez.
Il reste en théorie 3 courses avant la fin de saison 2020, ce qui ne représente pas moins de 21 séances en pistes, en comptabilisant les essais, qualifications, warm-up et courses. En comptant entre 400 et 500km par WE, cela représente encore un peu moins de 1500 km à parcourir pour les pilotes et leurs machines.
Contrairement à la période estivale en Andalousie, où les températures étaient très élevées et ont fortement sollicitées la mécanique, la saison 2020 se termine en novembre à Valence et Portimao. Les températures seront bien plus clémentes, voire un peu fraiches, comme nous l’avons déjà vu à Aragon les WE passés.
Retour sous la fournaise Andalouse
En début d’année, l’équipe Yamaha subissait une crise mécanique, tant et si bien que les moteurs défaillants ont été renvoyés à l’usine d’Iwata, au Japon, pour être examinés dans leurs moindres détails. Après autopsie, il s’est avéré que les soupapes étaient défaillantes. A plein régime, chaque soupape s’ouvre et se referme 150 fois par seconde, le tout en assurant l’étanchéité de la chambre de combustion, où des températures de plus de 1000°C règnent…
Yamaha a même sollicité l’accord de la MSMA – l’association qui regroupe tous les constructeurs de MotoGP – cet été en Autriche, pour obtenir l’accord d’ouvrir ses moteurs et remplacer les soupapes pour raison de sécurité (la seule raison pour laquelle une telle demande serait honorée), avant de se résigner à « seulement » abaisser le régime maximal de ses moteurs de 300 tours/min. Sans doute pour éviter que les concurrents ne découvrent les secrets de la marque d’Iwata.
Problème résolu ? En termes de fiabilité, effectivement, puisqu’aucun moteur Yamaha n’a subi de casse depuis. Mieux : après 11 courses, les pilotes Yamaha ont accumulé un total de 6 victoires et 4 autres podiums. Ils occupent les 2e, 3e et 4e places du championnat pilotes, et sont également en tête du championnat constructeurs.
Mais les pilotes Yamaha ne disposant chacun que de 5 moteurs cette année – seuls Aprilia et KTM ont des concessions, avec 7 moteurs disponibles – il s’en est suivi un casse-tête pour les ingénieurs Japonais afin de gérer au mieux les moteurs restants, qui ont une durée de vie d’environ 2500km chacun.
Où en est-on ?
Aussi étonnant que cela puisse paraitre, les 4 pilotes Yamaha auront principalement utilisé 2 ou 3 moteurs cette saison. Malgré les casses moteurs de Jerez, qui ont impacté Valentino Rossi, Maverick Viñales et Franco Morbidelli, les pilotes devraient pouvoir terminer la saison sans devoir partir depuis la voie des stands, pénalité qui est infligée si l’allocation du nombre de moteurs alloués est dépassée.
Source Dorna Sports
Jusqu’en Catalogne, Fabio Quartararo a beaucoup jonglé entre deux moteurs (n°3 et n°4), utilisés 31 et 33 fois. Le Niçois a régulièrement utilisé le moteur n°4 en course, jusqu’à Barcelone, où il a étrenné son 5e et dernier moteur. Quant au moteur n°3, il n’est pas sorti des stands depuis la course du GP de France. De plus, bien que non retirés, les deux moteurs utilisés par le Français lors de la première course à Jerez n’ont pas été revus en piste jusqu’à présent cette saison.
La seule fois où Viñales et Morbidelli ont de nouveau utilisé les moteurs de Jerez 1, c’était lors des essais en Autriche. Mais jamais en course.
Valentino Rossi, qui avait cassé un moteur en course, n’a pas non plus utilisé son autre moteur qui avait roulé à Jerez depuis. De plus, on peut noter que son absence en raison de tests positifs à la COVID-19 a épargné ses moteurs. Un mal pour un bien.
Hormis les pilotes Yamaha, Johann Zarco est le seul autre pilote à avoir déjà utilisé tous ses moteurs dès le GP de Catalunya.
Les températures plus faibles, peu comparables à la fournaise Andalouse, permettent aux moteurs d’être moins sollicités. En effet, il semble que le problème ne concerne pas seulement la qualité de fabrication des soupapes du moteur Yamaha (version officielle), mais aussi un défaut indirect de son système de lubrification, qui est mis à rude épreuve à des températures très élevées, où la lubrification moteur peut générer des problèmes annexes.