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En proie à une mise au point tardive durant l’hiver, les Ducati officielles avaient pourtant su redresser la barre et arriver à leur meilleur niveau juste à temps pour le premier Grand Prix de la saison.

Hélas, une certaine malchance de Dovizioso, alliée à une certaine maladresse de Iannone n’ont pas permis aux D16GP de concrétiser un aussi beau début de saison que celui de l’année dernière.

Pire, à Jerez, on a frôlé la débâcle et l’on ne doit qu’à une étonnante montée en rythme de Iannone au fil de la course le fait d’avoir une moto rouge dans le Top 7.

Le lendemain, durant les essais, les pilotes d’usine ont essayé les nouveaux pneus Michelin et un bras oscillant, et sont rentrés chez eux, en attendant les tests de lundi prochain au Mugello.
Le constat est donc là; en ce début de saison, les D16GP ont régressé par rapport à la concurrence.

Dans une interview accordée à Corsedimoto, Paolo Ciabatti, le Directeur sportif du team MotoGP s’en explique et en impute la faute à la nouvelle construction des pneus arrière Michelin, suite aux incidents ayant principalement touchés Scott Redding: « En fait, tous les pilotes doivent adapter leurs conduite, d’une manière différente, parce que quand vous relevez la moto, la partie centrale de la carcasse qui a un composé spécial, réagit d’une certaine façon. 
Paradoxalement nos motos 2014, dans certains cas, semblent souffrir un peu moins, mais cela dépend aussi du type de pilote. Si vous êtes habitués à relever la moto le plus tôt possible pour ouvrir les gaz, à ce moment vous obtenez du patinage, alors que si vous êtes enclin à exploiter plus de distance (ndlr : trajectoire moins cassée), quelque chose que beaucoup de pilotes ont appris à ne plus faire, vous vous retrouvez à être plus rentable , car vous profitez de la partie la plus latérale du composé qui vous donne quelque chose de plus ».

Traduits en termes bruts, Paolo Ciabatti reporte donc sur la seule partie centrale du pneu arrière Michelin (construction + gomme) la cause des relativement modestes performances des D16GP.
Il le confirme d’ailleurs explicitement, tout en respectant le travail des hommes de Clermont-Ferrand: « Pour le moment, les pneus sont ceux-ci, et nous devons travailler avec ce que nous avons, mais c’est une situation temporaire et commune à toutes les usines, et nous savons que Michelin travaille déjà dur pour améliorer la situation. En fin de compte, nous devons utiliser les mêmes pneus que tout le monde, et les autres équipes, comme nous, se retrouvent à vivre une réalité à laquelle elles ne s’attendaient pas. Dans notre cas, cela est très préjudiciable, mais ce ne sera pas toujours comme ça. »
Pas toujours, certes, mais au moins pour les trois prochaines courses à venir, selon les déclarations de Michelin!

Soit. Tout cela sont des constatations exactes, mais il manque ne serait-ce qu’un début d’explication

Jerez est une piste glissante, surtout quand il y fait chaud, et il y faisait chaud pendant la course (piste à 40°)! Quasi tout le monde a donc souffert de patinage en ligne droite et cela s’est traduit par des temps au tour plus lents que ceux de l’année dernière. Là, évidemment, Michelin possède une certaine part de responsabilité même si l’on sait que c’est au nom de la sécurité.

Par contre, avec une adhérence précaire en ligne droite, il ne faut pas chercher très loin la raison du relatif manque de performance des Ducati usine; coincé d’une part entre un moteur plus puissant que la concurrence et, d’autre part, une résistance à l’avancement supérieure que la concurrence, du fait des énormes ailerons qui ornaient à Jerez les D16GP (configuration maximale, tête de fourche + flancs), le pneu de ces dernières s’est tout simplement retrouvé à glisser davantage que ses petits camarades.

Du côté Michelin, on confirme implicitement cette explication en avançant même des chiffres des effets engendrés par les ailerons;  4 mm d’ écrasement de la suspension avant contre 1 mm à l’arrière, ce qui favorise la perte de charge à l’arrière.

Personne ne s’attendait à une telle adhérence précaire en ligne droite, et le domaine de l’aérodynamique moto n’en est encore qu’à ses premiers stades; avec des « si », « si » Ducati avait connu par avance les conditions de piste, et l’adhérence du pneu, ils auraient sûrement enlevé (ou débraqués) leurs ailerons et réduit la puissance de ses moteurs…

Il sera donc intéressant de suivre l’apparence qu’auront les D16GP lors des prochaines courses, en cas de fortes chaleurs et/ou de piste à faible adhérence; vivement Barcelone !

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