Lors des tests de Sepang, elles ont défrayé la chronique. « Elles », ce sont les Ducati, avec un nombre important de nouveautés, dont certaines bien mystérieuses…
Ne parvenant toujours pas à lutter à armes égales avec les constructeurs japonais, Ducati fait feu de tout bois pour grimper cette dernière marche qui lui permettrait de briguer le titre mondial; une GP17 où tout, du cadre au moteur, est nouveau, contrairement à Honda qui utilise toujours des cadres de 2014 et à Yamaha qui n’a de cesse de peaufiner sa M1. Mais cela ne suffit pas, et les ingénieurs italiens travaillent dans toutes les directions, quelles soient aérodynamiques, pour compenser la perte des ailerons (attendons de voir le carénage sur lequel ils œuvrent) ou réduire la traînée (roues lenticulaires), mais également dans des domaines plus exotiques, qu’ils se traduisent par une fourche aux tubes en carbone, un brevet « d’échappement à réaction » ou cette fameuse « black box » située sous la selle de toutes les GP17.
Chacun y est allé de son hypothèse à son sujet, de la boîte à sandwich de Petrucci au système de commande du futur « échappement à réaction »…
Mat Oxley, un des trois journalistes
les plus férus de technique du MotoGP, avance en étant assez
affirmatif une autre possibilité.
Il s’appuie sur le constat qu’il est étrange d’ajouter quoi que ce
soit à une moto si loin de son centre de gravité… sauf s’il s’agit
d’un amortisseur de vibrations. Une hypothèse également basée sur
une anecdote historique où l’équipe de Wayne Rainey avait réussi
par hasard à déplacer le chattering dans une zone non-gênante en
montant une masse sous la selle (en l’occurrence l’enregistreur des
datas).
L’idée est séduisante: atténuer les vibrations néfastes du chattering par un système mécanique d’autant plus efficace qu’il est placé loin du centre de gravité de la moto.
L’auteur présente ensuite deux systèmes d’amortissement
possibles.
Le premier, le Mass Damper, est une masse amortie
par des ressorts, un peu comme certains systèmes anti-sismiques
pour les immeubles de grande taille. Ce système a été utilisé sur
les suspensions en F1 avant d’y être interdit, les autorités
n’appréciant pas, en cas de choc, de voir des masses de
plusieurs kilos montés sur ressorts dans le nez détachable des
monoplaces.
Notons toutefois que dans le cas de la Ducati, pour rajouter une masse à l’arrière, surtout avec une fourche en carbone à l’avant, sans favoriser le wheeling, il faudrait vraiment activer le pot « à réaction » ! Tout cela semble s’éloigner du monde de la moto pour rentrer de plein pied dans la science-fiction, mais pourquoi pas: nous ne pouvons pas techniquement exclure cette possibilité.
Le second système, favorisé par l’auteur, est un
« inerter« , aussi appelé J-Damper, une
invention du professeur Malcolm Smith de l’ Université
de Cambridge utilisée par Mc Laren en F1, et à ce jour
toujours légale.
En gros, il s’agit de la version technologique d’un objet bien
connu par le passé, qui a ensuite subi une évolution, mais dont le
principe reste le même: amortir une vibration entre deux éléments
mobiles l’un par rapport à l’autre, par la mise en rotation
d’une masse mobile.
Version A:
Version B:
Là, nous avouons honnêtement ne pas comprendre comment cela pourrait fonctionner sur une moto, du moins à cet endroit là, puisque pour être opérant, le dispositif doit être relié à deux points mobiles l’un par rapport à l’autre, comme, par exemple, un cadre et un bras oscillant.
En résumé, si nous adorons voir Ducati chercher tout azimut de nouvelles solutions technologiques, nous ne croyons pas que la « Black Box » contienne un tel système (« inerter ») mais cela ne fait toutefois que renforcer l’hypothèse du Mass Damper, son mystère et son intérêt à nos yeux…
Nous rappelons par ailleurs que les suspensions « actives », c’est-à-dire contrôlées électroniquement, sont interdites, et donc probablement un système électronique de contrôle de chattering aussi, bien qu’il n’y soit pas fait explicitement allusion dans le règlement.