Ce n’est un secret pour personne que dans la catégorie reine de la compétition de moto, nous avons affaire à des sommes astronomiques. Mais en fait, combien ça coûte un prototype MotoGP? Et pourquoi est ce si cher?
La catégorie reine : le MotoGP
Pour une équipe satellite, la location d’une moto complète peut coûter jusqu’à 2 millions d’euros par saison et par pilote. Selon le contrat, cela leur donne accès aux deux motos dont ils ont besoin pour chaque pilote, ainsi qu’aux améliorations développées, mais pas aux pièces détachées. Les motos d’usine, en revanche, ont généralement un coût total de 3 millions d’euros, ce qui n’inclue pas les coûts de R&D (comme par exemple les heures passées en soufflerie pour développer l’aérodynamique). En ce sens, on peut dire que ces prototypes sont inestimables !
Pourtant, une moto reste une moto, et en dehors de pièces réellement spécifiques, il y a beaucoup d’échanges d’informations entre la production et la course, et vice versa. Par exemple, la consommation de carburant en MotoGP est un problème clé car il faut trouver le meilleur compromis entre la puissance et la consommation, pour ne pas tomber en panne sèche juste avant la ligne d’arrivée (avec un réservoir limité par le règlement à 22L maximum). Parallèlement, le summum de l’électronique est développé pour le MotoGP, et c’est important d’en savoir plus sur l’électronique pour l’avenir des motos de route.
Pour vous donner une idée des coûts élevés, l’électronique d’une moto MotoGP peut coûter plus de 100 000 € si on inclut les capteurs, les câbles et le dashboard, ce dernier coûtant à lui seul 25 00 €. Une des pièces maîtresses de ces machines surpuissantes est le moteur : le prix d’un moteur de la catégorie reine oscille entre 200 et 250 000€ à lui seul ! Ils sont scellés pendant toute la saison de course, les équipes ne sont donc pas autorisées à les ouvrir pour apporter des modifications. C’est là que réside une grande partie du coût, car les moteurs doivent être conçus pour offrir des performances optimales et être fiables sur autant de courses que possible puisque le règlement limite chaque pilote à 7 moteurs pour une saison de 20 courses.
Les freins sont également chers, mais le coût est limité. La FIM a plafonné le prix du kit de frein avant à 70 000 € (hors taxes tout de même !), comprenant trois paires d’étriers, trois maîtres cylindres, 10 disques en carbone et 28 plaquettes. Si une équipe a besoin de plus de pièces pour terminer la saison, elle doit les acheter en supplément.
La fibre de carbone utilisée pour réaliser les carénages et un grand nombre de composants coûte environ 2 € les 100g, sans tenir compte du traitement nécessaire. L’acier, en comparaison, ne coûte que 0,2 € pour 100g, et si le choix se portait sur le plastique, le prix est encore plus bas. D’autres matériaux sont encore plus chers, par exemple le magnésium utilisé dans les jantes. Chaque jante en ce matériau a un prix total de 4 000 €.
Mais si on considère que ces motos sont des prototypes quasi-uniques, assemblées à la main, n’utilisant que des technologies de pointe (soupapes pneumatiques, boite de vitesse « seamless », avec 30 à 40 capteurs embarqués pour permettre de peaufiner les réglages), et que ces composants spécifiques sont également soumis à des conditions extrêmes pendant la course, beaucoup de ces pièces peuvent ne durer que quelques heures, alors ces tarifs ne sont pas si excessifs.
La chute coûte très cher
Un choc léger où la moto glisse sur l’un de ses côtés sur quelques mètres implique généralement un coût compris entre 15 et 20 000 € pour réparer les carénages, les repose-pieds, les leviers, le frein arrière ou d’autres éléments qui peuvent être endommagés.
Une chute brutale où la moto fait plusieurs tonneaux peut coûter 100 000 € pour réparer les jantes, les disques de frein, la suspension, le radiateur et les capteurs. Mais même cela vaut mieux qu’un impact qui pourrait endommager les parties plus critiques de la moto. S’il y a des dommages au bras oscillant, au châssis, à l’électronique interne, au réservoir de carburant ou au moteur, les réparations peuvent facilement atteindre un demi-million d’euros.
Imaginez le budget 2019 pour KTM (Johann Zarco ayant chuté 17 fois), Ducati (Jack Miller le suit avec 15 chutes au compteur) ou encore Honda (Marc Márquez a chuté 14 fois)…
Et une Moto3 ?
Dans les catégories inférieures, les prix sont plus raisonnables, bien que toujours conséquents. Un moteur pour l’une de ces machines peut coûter au fabricant jusqu’à 12 000 €, bien que les équipes qui décident d’en louer une puissent payer jusqu’à 60 000 € hors taxes ou transport. Cet ensemble comprend six moteurs, deux corps de papillon et deux boîtes de vitesses complètes.
Une moto Moto3 complète sans moteur, ni dashboard, ni transpondeur peut coûter au maximum 85 000 €.
Autres dépenses
Pièces, déplacements, personnel, fournitures… Un déplacement sur un GP engendre des coûts énormes, qui sont répartis entre l’organisation, les équipes, les sponsors et les collaborateurs. Les pneus sont l’un des coûts les plus élevés mais les plus nécessaires. Les MotoGP ont des pneus spécifiques pour chaque circuit, avec des composés créés exclusivement pour la compétition. Pour fournir des pneus à toutes les équipes MotoGP, Michelin doit dépenser plus de 1,2 millions d’euros à chaque GP (Cette dépense comprend les gommes elles-mêmes et le personnel technique et d’assistance).
Les frais de voyage sont d’environ 1 200 € pour chaque membre de l’équipe MotoGP à chaque GP (billet d’avion, hôtel, frais de restauration, etc.). Cela représente une dépense de près de 700 000 € pour une équipe de 30 personnes en une saison de 20 courses.
Le personnel d’accueil est également un élément clé sur de tels événements et représente une dépense de plus de 600 000 € par saison. Si nous additionnons tous ces éléments, le coût relatif aux voyages et infrastructures est supérieur à 2 millions d’euros.
En résumé, les sports mécaniques coûtent chers, et leur vitrine technologique encore bien plus, mais cela permet également de développer la moto de demain !