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A eux cinq, ils dépassent largement le siècle de journalisme consacré aux Grands Prix et ils se sont réunis pour la quatrième fois pour faire le point en vidéo sur toutes les questions que se posent actuellement le petit monde du MotoGP.

Le maître des débats, Franco Bobbiese, qui officie habituellement dans l’émission italienne Paddock TV, est en effet entouré de l’ancien pilote et néanmoins excellent journaliste Mat Oxley (MotorsportMagazine.com, Royaume-Uni), de Michel Turco (Moto Revue, France), de Manuel Pecino (PecinoGP.com, Espagne) et de Giovanni Zamagni (Moto.it, Italie).

Après Carmelo Ezpeleta, le grand patron de Dorna Sports, c’est cette fois Cal Crutchlow qui est venu se prêter au jeu des questions-réponses durant une cinquantaine de minutes.

Nous vous proposons le résumé de ce quatrième chapitre, pour ceux qui ont un peu de mal avec la langue de Shakespeare…


Cal Crutchlow débute le débat en indiquant qu’il apprécie cette période atypique à San Diego où il peut profiter de sa famille. Il signale qu’il est très heureux également pour son Team manager, Lucio Cecchinello, confiné dans l’atelier LCR : « la situation la meilleure dont il puisse rêver. Il peut s’amuser avec les motos qui sont dedans. Je l’ai déjà vu dormir par terre dans un avion et je peux imaginer ce qu’il peut faire dans un atelier. Il doit probablement être complètement dans son élément. »

Ne pas pouvoir rouler ne change en rien les habitudes du Britannique : « vous me connaissez, je ne pilote jamais de motos. Depuis le dernier test à Jerez jusqu’à mon premier tour en Malaisie, je ne me suis jamais assis sur une moto, ce qui est exactement la même chose que l’année dernière quand je me suis cassé la cheville. Je sais ce qui fonctionne pour moi. J’aime piloter ma moto en course mais je n’aime pas me balader en moto. Pour parler franchement, je ne suis pas très bon pour piloter une moto tout-terrain ou une autre moto, à part une moto de course. Si je roule sur une moto de route, je n’ai pas l’impression de m’entraîner. Bien sûr, j’aime piloter les motos et j’aimerais sortir me balader en moto, mais quand vous faites de la compétition moto et que vous avez la mentalité que j’ai, vous voulez seulement aller vite ! Et si vous voulez aller vite avec une moto de route ou en tout-terrain, là où je ne suis pas très bon, ce n’est, selon moi, pas une très bonne chose. »

A la question de savoir si cette longue interruption pourrait bénéficier ou pas aux pilotes des teams satellites, Cal Crutchlow répond : « c’est vraiment difficile à dire car je pense que, maintenant, les pilotes font également la différence. Je pense qu’il va y avoir quelques-uns des jeunes pilotes qui ont été enfermés pendant longtemps et qui vont sortir comme des animaux, et je pense que l’on va avoir des courses fantastiques de cette façon. Si vous regardez à quel point les chronos étaient proches en Malaisie et au Qatar durant les tests, quand nous allons faire les courses, si nous faisons les courses, on va avoir un grand championnat, quelque soit le nombre de courses. Je ne vois pas quelqu’un soudainement gagner avec 10 secondes d’avance. Je pense que ce sera une grosse bagarre et un super spectacle, comme toujours. Je pense que ce sera plus dur pour certains pilotes alors que d’autres seront directement dans la course. Personnellement, je n’aime pas vraiment les tests mais je pense qu’un test avant la course serait bien. Je sais que ce ne sera probablement pas possible, mais comme on l’a dit au sujet de Jack (Miller) qui a pu rouler tout le temps, ou d’autres gars en Italie qui ont également pu rouler, ils vont probablement revenir plus forts que d’autres pilotes. Mais vous avez des pilotes qui roulent durant tout l’hiver et qui ne sont pas fantastiques à la première course, donc les choses peuvent tourner en ma faveur et en faveur des pilotes des teams satellites. Je ne pense pas que les pilotes d’usine auront plus d’avantages que ce qu’ils ont d’habitude. Cela dépendra des circuits où nous irons et des conditions, et tout le monde pourra gagner ou perdre. »

Le pilote LCR a ensuite été interrogé au sujet de Jerez au mois de juillet…

« Venant du Royaume-Uni, je ne suis pas un grand fan de la chaleur, mais cela m’est égal car mon corps devient vraiment froid facilement et vraiment chaud facilement. Je pense que je serai préparé autant que possible et il n’y a rien d’autre à faire que ce que les autres pilotes peuvent faire pour être prêts à courir. Je n’ai pas peur. Nous aurons des plans différents et des routines différentes car il pourra faire incroyablement chaud, mais j’aime Jerez et j’y ai fait une bonne course en 2012, lors de ma deuxième année en MotoGP. En 2018, je me suis qualifié en pole position mais l’année dernière je n’ai pas fait une très bonne course, donc peu importe le circuit. La seule chose qui concerne ce circuit, c’est que nous n’aimons pas y aller pour tester en fin d’année. Normalement, le vainqueur s’y échappe mais derrière il y a généralement de bonnes courses, alors espérons que ce soit le cas si nous courons en juillet à Jerez. »

Quant à son futur, Cal Crutchlow est clair : « franchement, comme je l’ai dit en fin d’année dernière, j’ai toujours la motivation et le désir de courir jusqu’en 2021. Et cela n’a pas changé. Donc, selon mon point de vue et bien sûr si l’opportunité est là et me motive pour le faire, il n’y a pas de raison que je ne continue pas en 2021. Mais cela dépend de ce qui sera sur la table. »

« Il est tout à fait vrai que ces garçons, Maverick, Marc, Álex, Joan, ont déjà signé un contrat et ont déjà un boulot en MotoGP dans le futur. Je pense les constructeurs et les teams ont été malins de les signer. »

« Je pense que le marché ne changera pas beaucoup. Tout le monde connaît la valeur des pilotes par rapport à ce qu’ils peuvent apporter aux équipes, et ce que les équipes peuvent apporter aux pilotes. Nous savons que Dovi sera compétitif s’il reste chez Ducati. Donc bien sûr, ils vont continuer à discuter. S’il va chez un autre constructeur, que peut-il apporter ? Il peut apporter un talent énorme et des informations sur les autres constructeurs pour lesquels il a piloté au fil des années, car c’est un bon pilote de développement qui peut aussi obtenir des résultats. »
« Pour Fabio, c’est sans aucun doute quelqu’un qui peut gagner des courses en MotoGP, donc Yamaha a bien fait de le signer. Maverick ne peut pas être battu quand il est dans un bon jour. Bien sûr, Yamaha a signé quelqu’un qui peut potentiellement gagner le championnat. »
« Les constructeurs et les teams managers savent exactement ce qu’ils auront, et en ce qui concerne la situation, ils auront un pilote qui est monté chaque année sur le podium en MotoGP, excepté (???). Et c’est la réalité ! Et il n’y a pas de raison pour que je ne le fasse pas à nouveau en 2021. »

Manuel Pecino a ensuite recueilli l’avis du britannique sur un éventuel weekend comportant deux courses…

« Il y a quelques années, quand nous avons argumenté pour les qualifications et que c’était le bazar car personne n’aimait la Q1 et la Q2, j’ai proposé d’avoir une Superpole comme en Superbike : un seul tour à fond ! Mais ils n’ont pas aimé ma proposition. Un jour, j’ai demandé pourquoi on n’avait pas deux courses dans un week-end, comme en Superbike, mais ils ont dit que ce n’était pas le MotoGP et que j’étais plus un pilote de Superbike que de MotoGP. »
« Je pense que maintenant, techniquement, avoir deux courses durant un weekend serait très, très difficile. Et si nous avions deux courses consécutives sur le même circuit, ce serait étrange si un gars gagnait avec 10 secondes d’avance car tous les autres pilotes se demanderaient si ça vaut la peine de se battre la semaine suivante. Mais si nous avons ces courses consécutives, nous prendrons ce que nous aurons. Les pilotes sont flexibles et nous sommes heureux de ce que Dorna propose. »

Enfin, Cal Crutchlow ne serait pas Cal Crutchlow s’il n’avait pas quelque chose de drôle à nous raconter, cette fois lancé par Franco Bobbiese au sujet d’une abeille dans son cuir et d’une souris dans son motorhome…

« C’était à Jerez et, putain, je suis sûr qu’elles attendent là-bas que je revienne. Les deux ! C’était un rat ! Un putain de gros rat ! Deux choses… Quand j’ai eu la guêpe dans le cuir, nous devions nous qualifier, et je me revois en train d’essayer de faire sortir cette abeille de mon cuir et de crier au commissaire espagnol « Ce un ape ! Ce un ape ! », ce qui est de l’Italien. Il secouait la tête et me regardait comme un martien. Honnêtement, avec le casque, vous ne pouvez pas regarder en bas pour voir votre cuir, et cette enfoirée m’a piquée 50 fois, à la poitrine et aux épaules. Je me souviens qu’un photographe était là et me regardait en se demandant ce que je faisais. Puis il m’a demandé ce que je faisais et je lui ai répondu : « pose ton putain d’appareil photo et attrape l’abeille ! » Si vous allez sur Watsapp, il y a un gig de moi devenant complètement fou. »
« J’ai aussi eu le rat dans le motorhome, et nous l’avons seulement retrouvé au Mans, deux semaines plus tard, et ce rat était la chose la plus intelligent que j’ai jamais vue dans la vie. C’est une histoire vraie et je vais prendre deux minutes pour vous la raconter. Je dormais dans le motorhome durant la nuit et Lucie m’a frappé en me disant « tait-toi ! » alors que je n’avais rien dit. Deux minutes plus tard, elle me frappe de nouveau me disant « tait toi ! ». Je lui réponds que je n’ai rien dit mais elle me dit que je grince des dents ou quelque chose comme ça. Je lui réponds que non, que je suis en train de dormir, quand d’un coup, on entend ce bruit… »
« A cette époque, je pilotais pour Hervé (Poncharal) et on était passé par l’hospitalité pour prendre une baguette française avant de rentrer au motorhome. »
« Dans celui-ci, on pouvait entendre ce bruit donc je suis sorti de la chambre pour voir ce qui se passait : cette enfoiré de rat avait mangé la moitié de la baguette et se tenait sur mon sofa. Tout ce qui lui manquait, c’était la télécommande de la télé ! La première chose que j’ai faite, je suis retourné dans la chambre et j’ai poussé Lucie dehors en lui disant « attrape le rat, attrape le rat ! » (rires). Je ne voulais pas m’en approcher et nous sommes partis à l’hôtel. On a passé tout le week-end à essayer de trouver ce rat : on a mis du chocolat, du fromage, des pièges, mais cette putain de chose a réussi à tout manger sans se faire attraper. Finalement, un chien ratier est venu dans le motorhome mais n’a pas pu le trouver. Deux semaines plus tard, nous sommes allés au Mans et il était mort après avoir mangé du poison. Dans la soute du motorhome, il avait mangé trois cuirs, des sacs à main de Lucie, des vêtements, il avait complètement détruit l’endroit. »

Retrouvez ici la première table ronde MotoGP animée par les mêmes journalistes.

Retrouvez ici la deuxième table ronde MotoGP animée par les mêmes journalistes.

Retrouvez ici la troisième table ronde MotoGP avec Carmelo Ezpeleta.

 

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