Alors qu’il vient d’effectuer ses première armes en Supersport, Jules Danilo s’est entraîné sur le toboggan portugais, en la compagnie des principaux adversaires qu’il retrouvera lors du Championnat du Monde Supersport, c’est-à-dire Jules Cluzel, Raffaele de Rosa, Lucas Mahias, Hikari Okubo et Corentin Perolari.
Sur sa CBR de l’équipe CIA Landlord Insurance Honda, gérée par le Britannique Simon Buckmaster, Danilo a réalisé son meilleur temps le deuxième jour en 1’47.474, après avoir la veille bouclé sa meilleure journée inaugurale en 1’48.674. L’évolution était d’autant plus appréciable qu’il découvrait presque tout, c’est-à-dire le circuit de Portimao, la 600 CBR, le Supersport, son équipe et les Pirelli. Nous allons examiner avec lui ces différents points et leur importance non négligeable.
Après n’avoir pu participer aux tests de Jerez, débuter en Supersport pour toi sur un circuit aussi vallonné de celui de Portimao n’a pas dû être facile. Aimes-tu ce tracé de l’Autodrome de L’Algarve ?
« Il est vrai qu’il a été un peu dommage de ne pas aller à Jerez. Si nous avions pu y rouler, notre première journée aurait été un peu plus simple. Mais il était important d’aller à Portimao car nous allons y courir à mi-saison, et on pourrait d’ailleurs y retourner cet été car c’est une piste vraiment très compliquée. La moto n’a pas vraiment posé de problèmes au niveau adaptation. J’ai tout de suite eu les bonnes sensations dessus. C’est vrai qu’il y a beaucoup plus de puissance qu’en Moto2. Il faut changer son style de pilotage, casser un peu plus les virages pour mieux pouvoir ouvrir les gaz.
« La piste est très difficile parce qu’il y a beaucoup de virages en aveugle, donc il est dur d’y trouver ses références. En plus le matin il faisait froid, donc on est sorti un peu plus tard. Cette piste est la plus compliquée sur laquelle j’ai roulé… et j’ai roulé sur beaucoup de circuits ! »
Tu as connu par cœur le moteur de la Honda 600CBR en Moto2. Qu’est-ce qui t’as le plus impressionné sur ce même moteur en version Supersport ?
« Ce moteur est plus puissant et dispose d’un très bon couple. La moto pousse plus fort en termes de vitesse de pointe, mais c’est surtout le bas moteur qui impressionne. Elle a tendance à tracter fort sur la première ouverture de gaz, donc comme je le disais il faut casser plus les virages, mettre un peu moins de vitesse de passage, parce que sinon elle glisse. Il faut vraiment faire passer la puissance au sol.
« Ensuite, ce que j’ai vraiment aimé par rapport à la Moto2, c’est le système de frein moteur parce que l’électronique est plus développée sur cette moto. La gestion du frein moteur est très agréable. Avec les Moto2, on avait tendance à se caler à l’équerre dès qu’on relâchait l’embrayage, ce qui n’était pas forcément très facile à gérer. Maintenant l’électronique fait que la décélération est beaucoup plus progressive et moins violente.
« On sent aussi la décélération avec le pneu arrière, alors qu’avec la Moto2 la roue avait tendance à bloquer complètement, enfin pas complètement, mais avec une différence de vitesse entre la roue avant et la roue arrière beaucoup plus importante. Et donc ça nous poussait dans les virages.
« Le dernier point concerne la boîte de vitesses. Les écarts étaient beaucoup plus serrés entre les rapports, notamment entre la première et la seconde. En Moto2, on essayait de ne jamais utiliser la première parce qu’elle est conçue pour démarrer en ville au feu rouge ! Alors qu’avec la Supersport je pouvais me servir de tous les rapports sans à-coups, sans vitesse qui saute, donc ça c’était très agréable. »
Moteur poussif mais châssis prototype en Moto2, puis moteur plus puissant mais partie-cycle de moto de route en Supersport ? La différence a-t-elle été énorme lors de tes premiers tours ? Laquelle des deux catégories préfères-tu techniquement ?
« La différence n’a pas été énorme parce que justement je savais à peu près à quoi m’attendre. Bien évidemment le châssis Supersport est moins rigide, donc on sent beaucoup plus ce qui se passe sur la moto. On sent également moins les bosses parce que le châssis absorbe mieux. Le style de pilotage est différent. On ne peut pas rester longtemps sur l’angle parce que ça bouge et qu’on n’arrive pas à faire passer la puissance au sol.
« Quelle moto préféré-je ? La Moto2 est une moto de course bien sûr, mais j’avais du mal à me sentir à l’aise dessus. Donc je pense que la CBR va être plus facile à apprivoiser, et c’est un peu normal étant donné que ce n’est pas un châssis de course. »
Après avoir couru au sein de l’équipe italienne Marinelli Rivacold Snipers avec comme coéquipier le caractériel Romano Fenati, l’ambiance dans ton équipe actuelle (CIA Landlord Insurance Honda) est-elle plus calme, plus britannique ?
« Oui. Je dois dire que j’aime beaucoup l’ambiance dans l’équipe. C’est la première fois que je roule dans un team anglais. Et avec mon background assez international (je suis toujours allé à l’école anglaise, jamais à l’école française) je suis assez à l’aise dans l’équipe. J’aime bien l’ambiance et leur façon de faire, c’est carré, c’est professionnel. Il y a des briefings et des débriefings, choses que je ne faisais pas l’an dernier.
« Ils sont derrière moi, ils veulent qu’on performe ensemble. Ils vont essayer de régler les problèmes constatés au Portugal avant de partir à Phillip Island. Il m’est agréable de constater qu’ils s’investissent, car c’est comme ça qu’on peut obtenir des résultats. »
Quelles sont les principales différences entre les Dunlop Moto2 et les Pirelli Supersport ?
« La différence est assez grosse, et il m’a fallu un peu de temps pour la comprendre. Le Pirelli avant sur la CBR a tendance à tomber plus facilement dans les virages donc la moto est plus facile à pencher. En fait, il n’y a plus vraiment un point de résistance, la moto rentre directement dans le virage. Et ça correspond aussi au style de pilotage de cette moto parce qu’il faut se ralentir plus au point de corde, donc ça permet de garder du frein longtemps.
« Le pneu arrière a plus de grip que le pneu Moto2. Il patine aussi moins. La Moto2 a un pneu très dur et à un moment donné le châssis absorbe moins et le pneu commence à patiner vraiment vite, sans que l’amortisseur pompe, il n’y a vraiment que le pneu seul qui glisse.
« Avec le pneu arrière Supersport, on sent vraiment l’amortisseur qui travaille. La moto a tendance à pomper et ce sont vraiment l’amortisseur et les suspensions qui absorbent. Seul Phillip Island est un peu différent parce qu’ils amènent des pneus différents, mais en général les pneus ont plus de grip, surtout sur les cinq premiers tours, mais il est vrai que le total de tours est inférieur. Je n’ai pas encore fait de simulation de course, donc ça m’aidera à mieux comprendre tout ça à Phillip Island. »
Photos © CIA Landlord Insurance Honda, PHA GP de France