Après avoir débuté en Grand Prix au Mans en mai 2013 au sein de l’équipe Marc VDS en Moto3, Jules « Ninety Five » a disputé sa 93e épreuve mondiale (dont 76 en Moto3) en Moto2 à Valence en novembre dernier sur une Kalex du Nashi Argan SAG Team. Puis il donné une nouvelle orientation à sa carrière en quittant les Grands Prix, après avoir marqué les esprits en terminant cinquième et sixième à Assen en 2017 et 2016 en Moto3 (avec comme meilleure qualification une 6e position sur la grille).
Danilo prend cette saison le chemin du Championnat du Monde Supersport au guidon d’une Honda CBR600RR de l’équipe CIA Landlord Insurance du Britannique Simon Buckmaster, qui fit rouler Jules Cluzel en 2017 (entre MV Agusta en 2016 et Yamaha NRT en 2018) avec 6 podiums pour Jules cette année-là.
Pourquoi as-tu quitté la Moto2 pour aller en Supersport ?
« Tout simplement parce que je n’avais plus d’option en Moto2 cette année, après n’avoir rien montré la saison dernière. La Moto2 est la catégorie en-dessous du MotoGP donc beaucoup de pilotes de Moto3 voulaient monter. Au final il n’y avait plus de place pour moi. Après une telle saison, il est positif pour moi de changer d’air et de rebondir ailleurs. »
Tu quittes la Moto2 quand arrive le moteur Triumph, pour t’engager en Supersport dans une équipe qui fait rouler des Honda. Aurais-tu une affection particulière pour le 600 CBR ?
« Non, pas du tout. Quand on a cherché du côté du Supersport, la Yamaha avait dominé l’année dernière, et donc forcément tous les teams Yam étaient déjà complets car je me suis décidé vraiment très tard parce qu’il me restait une chance en Moto2, qui ne s’est pas concrétisée à la dernière minute. »
Pourquoi as-tu choisi l’équipe CIA Landlord Insurance de Simon Buckmaster ? Est-ce une initiative de ton manager Michael Bartholémy ?
« On a fait le tour des teams et je dois dire que pas mal de gens m’ont appelé, ce qui a été assez agréable. Pour moi le meilleur package était celui de Simon Buckmaster parce qu’il fait rouler des Honda en Supersport depuis 15 ans avec de très bons résultats.
« Pour ce qui est de Michael Bartholémy, on a discuté de ça avec aussi mon père, mais c’était surtout ma décision. Je voulais une bonne équipe composée de gens compétents, pour passer une bonne saison. »
Quand et où va se dérouler ton premier test ?
« Je ne participerai pas aux tests de Jerez les 23 et 24 janvier, mais roulerai peu après à Portimao les 27 et 28 janvier. »
Voici les records du tour (établis en course) en Moto2 et Supersport pour les circuits communs aux deux disciplines :
Losail : Moto2 1’59.421, Supersport 2’01.832
Misano : Moto2 1’37.422, Supersport 1’38.193
Brno : Moto2 2’02.383, Supersport 2’02.708
Assen : Moto2 1’37.449, Supersport 1’38.108
Aragon : Moto2 1’52.767, Supersport 1’54.605
Buriram : Moto2 1’36.924, Supersport 1’37.620
Phillip Island : Moto2 1’32.814, Supersport 1’33.072
D’après toi, la différence de chrono se justifie-telle au niveau des moteurs, des pneus, du pilotage ?
« Je croyais que les Supersports étaient plus rapides que les Moto2 sur certaines pistes, notamment Phillip Island. Ça a été le cas en 2018 (Ndlr : 1’33.715 en Moto2 et 1’33.072 en Supersport), avec les Dunlop les plus durs en Moto2.
« La Moto2 a un châssis prototype et en 2018 un moteur très standard, alors que la Supersport a un châssis standard avec un moteur vraiment préparé et un peu d’électronique. Je m’attends à ce que la partie-cycle de la Supersport soit plus souple et bouge plus sur l’angle. »
Quels sont les principaux pilotes que tu redoutes en Supersport ?
« Il y a un beau plateau cette année, et si je regarde les fidèles de la catégorie il y a bien sûr Cluzel et Mahias. On verra pour Barbera, en fonction de son équipe (Ndlr : Team Toth by Willirace). Isaac Vinales peut être rapide aussi sur une Yamaha, c’était mon coéquipier l’an dernier. Il y a beaucoup de bons pilotes sur les Yamaha. »
Quels sont tes objectifs pour la saison 2019 ?
« J’ai envie de jouer le plus devant possible. Je veux faire des top 5, viser des podiums. Je vais peut-être commencer par jouer dans les 10 avant d’atteindre mes objectifs car je n’ai pas envie de me précipiter. Le but est de rouler devant, j’en ai besoin pour rebondir après cette année vraiment compliquée, mais je pense en être capable.
« Quand tout se passait bien pour moi en Moto3, je me battais pour le podium et sinon dans le top 10. Ce qui me manque, c’est d’être plus régulier sur la durée, et ça je travaille dessus. Il faut que j’arrive à régler ça. »
Une question annexe : j’ai entendu tout et n’importe quoi au sujet du prix d’une saison pour un pilote privé en Grand Prix. Toi qui connais réellement ce domaine, peux-tu me donner un montant approximatif pour une saison en Moto3 et une en Moto2, s’il te plait ?
« De mon côté, j’ai entendu aussi beaucoup de choses. C’est l’hiver où j’ai écouté le plus de bêtises. Le plus fou que j’ai entendu, c’est un team demandant 850 000 euros pour une saison en Moto2 ! En Moto3, une saison peut coûter entre 100 000 et 350 000 euros si on n’est pas dans le top 12. »
Photos © motogp.com, Jules Danilo