Après un bon début de saison où Jules Cluzel l’emportait à Buriram et prenait la tête du Championnat du Monde – à égalité avec Randy Krummenacher – la suite a été plus difficile. Mais Jules vient de gagner ce week-end la course de Donington de manière imparable. Faisons le point avec son team manager Christophe Guyot.
Après deux premières brillantes courses, Cluzel a eu plus de mal avec une seule troisième place en cinq courses. Quelle a été la raison de cette contre-performance ?
« Il y a eu en effet deux courses sur lesquelles nous avons eu du mal à trouver les réglages. C’étaient celles d’Aragón et de Jerez. Sur ces deux courses-là, on s’est sentis un peu en retrait, mais modérément car par exemple à Jerez on a terminé à 0.3 de la deuxième place ».
« Ça a été surtout à Assen et à Imola que nous avons été écartés de la victoire. A Assen, on termine quatrième, mais à 0.5 du vainqueur, après que Raffaele de Rosa a fait perdre beaucoup de temps à Jules. A Imola, c’est un faux point mort qui l’a contraint à passer par le bac à gravier ».
« Avec ces deux faits de course, il y a eu deux circuits où on a été en difficulté au niveau des réglages, et où on a été écartés du podium pour Imola et de la victoire pour Jerez ».
Le week-end dernier à Donington, c’était la « renaissance » : Jules a dominé nettement les deux premières séances d’essais libres, puis failli réaliser la pole position. Avez-vous découvert un secret garantissant l’efficacité de la Yamaha R6 ?
« Oui, on a travaillé sur beaucoup de réglages fins parce que c’est à ce niveau-là que ça se joue. On s’est rendu compte que sur deux circuits où on a été en difficulté, c’était sur les fins de course.
« Et malgré la victoire de Buriram et la deuxième place à Phillip Island, on a vu que par rapport à nos adversaires, on était un peu plus en difficulté sur les trois ou quatre derniers tours de course. C’était malgré tout l’analyse qu’on faisait depuis le début de l’année ».
« On a toujours été performants et il n’y a pas une seule course où Jules n’ait pas été en tête ou avec les hommes de tête. Mais il y avait des moments où on sentait qu’en termes d’adhérence, de grip, on perdait peut-être un peu plus que les autres ».
« C’était surtout au niveau des suspensions, de l’électronique et de la remise des gaz qu’on a énormément travaillé. Et d’entrée de jeu ensuite on a réussi à être efficace avec Jules dès la première séance d’essais du vendredi ».
En course, Jules l’a emporté magnifiquement à Donington, sans jamais être vraiment inquiété par ses adversaires. Votre stratégie a-t-elle été impeccable ?
« Oui, je pense qu’à ce niveau-là Jules a été très malin. Il est extrêmement intelligent. Il a une intelligence de course exceptionnelle ».
« Il est vrai que comme tous les pilotes brillants, ils rêvent tous de partir devant et de laisser les copains derrière, mais Jules a une très bonne connaissance de ses adversaires. En course il a très bien géré pour ne pas trop taper dans la moto et les pneus. Il a eu une très bonne gestion de l’épreuve, et dès le début il a appliqué exactement ce qu’il avait décidé de faire, c’est-à-dire de tout mettre en place avec comme seul objectif de gagner à la fin ».
Il reste 4 courses au Championnat et Jules a 41 points de retard sur le leader Krummenacher. Quel est votre état d’esprit ?
« Il est simple : Il faut gagner des courses ! Il n’y a pas d’autre choix possible. Il faut savoir remporter des courses sans se précipiter, ce qu’a su faire Jules à Donington. C’est-à-dire sans partir sous pression, sans se dire qu’il faut gagner absolument, parce que sinon on peut faire la faute ».
« C’est un exercice très difficile, l’équilibre est compliqué à trouver entre l’envie de gagner et ne pas faire de faute. C’est ça qui fait la force de Jules, en ajoutant qui si on veut que Jules se renforce, il faut aussi renforcer Corentin. C’est la force du team d’en face : Ils ont deux pilotes rapides, ce qui aide à mettre plus vite la moto au point ».
Corentin Perolari a bien débuté la saison jusqu’à Imola où il se fracturait une clavicule. Il est très bien revenu à Donington avec la huitième place à quinze secondes du vainqueur son coéquipier Jules Cluzel. Est-ce un soulagement pour l’équipe ?
« Oui, parce que même s’il y a quinze secondes à l’arrivée, pendant la course il a fait durant de nombreux tours jeu égal avec les meilleurs. Krummenacher par exemple est resté derrière lui pendant six tours sans arriver à le passer ».
« Depuis sa clavicule cassée, il a fait un très bon sixième temps lors du warmup à Misano, ce qui a été une résurrection. Après il était tendu, peu à l’aise, et peu performant tout simplement. A Donington il n’était pas très à l’aise le vendredi et en qualification, mais en course il a trouvé les ressources qui sont très encourageantes. Ce qu’on avait observé en fin de saison dernière s’est réveillé sur cette course ».
Photos © Mateusz Jagielski, Yamaha Racing, worldsbk.com, GMT94 Yamaha