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Après une première journée où il a cédé la vedette à Scott Redding, le pilote Kawasaki a déjoué les pronostics ce dimanche en réalisant un doublé.

Le pire n’est jamais sûr ! En arrivant à Estoril, à une petite vingtaine de kilomètres à l’ouest de Lisbonne, Jonathan Rea pouvait nourrir de légitimes craintes quant au déroulé de son weekend portugais.

Il est vrai que son passif en ces lieux n’étaient alors pas des plus flatteurs, faisant même figure d’exception chez le pilote Kawasaki, davantage habitué à empiler les records sur tous les tracés. Jugez plutôt : pas un seul podium l’an dernier et une simple quatrième place comme tout pain blanc.

Autant dire une véritable aberration statistique, à laquelle le Champion en titre a remédié en signant tout d’abord le meilleur temps absolu du circuit lors de la Superpole, avant de réaliser un dimanche parfait avec deux victoires en autant de courses.

 

 

Un premier tour où tout aurait pu basculer

Pourtant, tout aurait très bien pu basculer dans le mauvais sens pour Rea, qui a connu un premier tour des plus chaotiques, et terminé à une sixième position. Bien peu auraient misé une pièce sur lui pour la victoire à ce moment-là, mais l’intéressé est habitué à conjurer le sort. « J’ai eu une vraie frayeur avec Rinaldi dans le virage 4 [dans le premier tour, lorsque le pilote Ducati l’a passé au freinage], et j’aurais pu me retrouver par terre, et ensuite Laverty a affiché un bon rythme », se remémore-t-il.

La providence a voulu qu’il regagne rapidement et pour ainsi dire sans effort la plupart des positions perdues au cours de cette première boucle : Toprak Razgatlioglu pénalisé pour un départ anticipé, accrochage entre Michael Ruben Rinaldi et Garrett Gerloff devant lui, baisse du rythme d’Eugene Laverty… Les astres se sont alignés à la perfection pour favoriser un retour en tête. « Dès que j’ai eu une piste dégagée devant moi, je me suis aperçu que Chaz et Toprak ne s’échappaient pas, et j’ai donc simplement essayé de maintenir l’écart », reprend-il. « Et puis tout à coup il y a eu ce long lap de Toprak, et c’était donc un dépassement « gratuit », d’autant plus appréciable qu’il est difficile à doubler. »

Restait Scott Redding. Le pilote Ducati a pris un départ canon, faisant même craindre un temps une pénalité pour excès de précipitation à l’extinction des feux, et a mené confortablement l’épreuve jusqu’à la mi-course, et le retour de Rea. « Scott était pour sa part sur un rythme très solide, mais je parvenais à revenir sur lui dans les secteurs deux, trois et quatre. Petit à petit j’ai refait mon retard. Je suis content d’avoir pu me mettre à son niveau grâce à l’aspiration. J’ai senti que Scott a essayé de me repasser dans le virage 4, et ensuite j’ai vu sur mon panneau qu’il était hors-course. C’est malheureux pour lui, mais cela m’a donné de l’air, et m’a permis de me concentrer sur ma course. »

 

 

Un choix de pneus atypique, mais payant

Dans cette nouvelle victoire du numéro 1, difficile de dire quel a été le rôle joué par les pneumatiques. Toujours est-il que le Britannique a opéré un choix de gommes à rebours de la plupart de ses concurrents, en optant pour les pneus SC0 en lieu et place des SCX, ce qui n’a pas été sans provoquer chez lui des interrogations bien compréhensibles.

« Je n’ai pas eu les couilles [sic] de les utiliser [les pneus SCX] », reconnaît-il sans difficulté. « Mais cela a été une décision difficile, car pour ainsi dire tout le monde dans la voie des stands les a utilisés. Mais il fallait que j’ai confiance dans ce choix : notre moto fonctionne vraiment bien avec les SC0, à l’inverse des autres pilotes. Nous arrivons vraiment à bien faire fonctionner les SC0. »

« Je n’ai pas eu les couilles d’utiliser les pneus SCX »

Pour autant, Rea n’exclut pas de recourir aux SCX à l’avenir, si les conditions le permettent. « Après, peut-être que sur des asphaltes différents nous serons amenés à considérer les SCX, car lors des essais hivernaux en Aragón j’ai fait une simulation de course et j’ai été plus rapide avec eux qu’avec les SC0. Ils conviennent peut-être mieux à certains profils de tracé, mais pas pour cette piste [Estoril]. Je ne les ai pas trouvés très adhérents, ils ne nous convenaient pas vraiment. »

 

 

Une avance confortable au championnat

Avec désormais une marge confortable au championnat, où il caracole en tête avec désormais un matelas de 35 points d’avance sur Toprak Razgatlioglu, son nouveau dauphin, Rea peut voir venir et éventuellement prendre plus de risques à l’avenir dans ses stratégies.

La prochaine manche, qui se déroulera dans deux semaines sur le circuit de Misano, sur la côte de l’Adriatique italienne, devrait en ce sens offrir un terrain propice aux Kawasaki. Déprogrammé l’an dernier du calendrier Superbike pour cause de crise sanitaire, le circuit Marco Simoncelli avait été le théâtre de deux victoires de Rea lors de sa dernière édition en 2019.

Si pareil scénario venait à se renouveler, l’actuel leader du championnat prendrait une sérieuse option sur le titre. Mais on peut compter sur ses adversaires, et notamment Ducati dont il s’agit de l’épreuve à domicile (les usines de Borgo Panigale ne sont situées qu’à une centaine de kilomètres du circuit), pour conjurer le sort, eux aussi.

 

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