La Kawasaki H2. Un monument, une légende, qui fête cette année ces 50 ans. Pour l’occasion, la « Mach IV » sera mise à l’honneur lors de la Sunday Ride Classic 2022, les 11 et 12 juin prochain sur le tracé du Paul Ricard.
Trois cylindres, deux temps, 750cc. Ces quelques chiffres suffisent à n’importe quel passionné de vous dire à quel modèle vous faites référence. Dès sa sortie en 1972, la Kawasaki 750 H2 fait grand bruit, pour les bonnes ou mauvaises raisons. On parle d’elle comme une moto de course homologuée tant ses performances sont folles. Inspirée de la 500 H1, elle ne laisse personne indifférent. Aucune concurrence dans la même gamme, avec un 400 mètres départ arrêté en 12 secondes, au-delà de 200 km/h en pointe…
C’est la machine de tous les superlatifs. Les pilotes apprécient son caractère, son bruit inimitable et par dessus tout, son look d’enfer avec les sorties d’échappement asymétriques. En revanche, pour gaver les 74 chevaux, la moto consomme énormément, l’un des problèmes pour l’époque. Nous parlons ici d’environ 10 L/100 km et d’une autonomie d’environ 160 km en ayant la main un peu lourde, comportement fréquent (et compréhensible) au guidon de cette œuvre d’art. Aux USA, elle se fait appeler la « moto la plus rapide du monde… entre deux pompes à essence ».
Même si la puissance est revue à 71 chevaux en 1973, la crise pétrolière aura rapidement raison de cette passionnante assoiffée. La production cesse en 1975, mais la légende autour de cette machine ne s’arrête pas là. Christian Debarre dit « Bar2 », attribue la Kawa’ à Jean-Raoul Ducable dans la non moins populaire bande dessinée Joe Bar Team. La japonaise compte bien d’autres apparitions, chevauchée par Alain Delon dans Le Gitan ou Eikichi Onizuka dans le célèbre manga GTO. Aujourd’hui encore, elle reste particulièrement convoitée des collectionneurs.
Comme souvent, elle fut déclinée en version course. La Kawasaki H2R sillonna les circuits dès 1972, malheureusement sans grand succès. Cette dernière fut conçue pour le nouveau championnat FIM en préparation, la Formule 750, promouvant les modèles de série. Certes, la nippone était puissante mais consommait trop, tout en étant peu fiable à ses débuts. L’installation d’un réservoir surdimensionné ne réglait pas le problème : plein, la monture devenait trop piégeuse.
Aux mains de Paul Smart, Gary Nixon ou Yvon Duhamel, la H2R ne convainc pas lors du Daytona 200 1972. Trois abandons. En cause, les problèmes de pneus et de chaîne, qui supportaient mal les 100 chevaux du monstre. Duhamel, pilote n°1, arrivait à s’imposer sur le sol américain, mais jamais dans des épreuves de grande envergure.
L’équipe prometteuse réalise des performances correctes outre-Atlantique en 1973, mais la crise pétrolière, encore elle, coupe court aux ambitions des hommes en vert. De plus, Yamaha sort en 1974 la fameuse TZ750, qui aura raison de toute compétition.
Si Barry Sheene, sur Suzuki, avait réussi à remporter le titre inaugural en Formula 750, Yamaha profita d’un règlement permissif pour écraser la concurrence jusqu’en 1979, dernière saison dudit championnat dominée par Patrick Pons. En 1976, Gary Nixon se hisse tout de même à la deuxième place, mais bien loin de Victor Palomo et sa Yam’.
Malgré une courte carrière, les Kawasaki H2 et H2R auront marqué leur époque au fer rouge. Une ligne somptueuse, pas prête de décoter (quand elles sont bien entretenues, ce qui n’est pas garanti) au grand dam de milliers de rêveurs, prêt à tout pour un jour connaître la sensation de conduire la « Mach IV ».
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