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Claude Fior était un avant-gardiste. Un précurseur de génie, un inventeur multi fonction, un De Vinci des temps modernes, moins la peinture. Aujourd’hui, concentrons-nous sur son histoire, aussi folle qu’inspirante. Pour retrouver certaines de ses plus belles créations, rendez-vous à la Sunday Ride Classic les 11 et 12 juin sur le Paul Ricard.

1964, Nogaro, dans l’Armagnac. Un jeune garçon, haut comme trois pommes, modifie le VéloSoleX de son frère. À seulement neuf ans, le petit Claude a déjà les mains dans le cambouis. Pourtant, peu étaient capables d’assurer que cet enfant aux mains de fée arriverait un jour dans le monde fermé des Grands Prix, bataillant avec les meilleurs.

Rapidement, le jeune Claude s’oriente vers la compétition. Automobile dans un premier temps, il s’illustre grâce à ses talents de soudeur. L’aluminium n’a aucun secret pour lui ; Fior, à seulement 21 ans en 1976, monte sa boîte à Nogaro et sous-traite pour l’industrie automobile française. En parallèle, « Pif » adore les deux-roues et n’hésite pas à les enfourcher pour des courses nationales.

Deux ans plus tard, le voilà au départ des premières 24 Heures Motos, sur une Yamaha XS1100 accompagné de Pierre Guy. Durant cette course, quelque chose chagrine Claude : la maniabilité et stabilité du train avant. Très instable, ce dernier usait la concentration et gâchait l’énergie de l’équipage. C’est après cet évènement que Fior décida de s’attaquer à une tâche de titan : révolutionner le principe de la « fourche », ni plus, ni moins.

Aussitôt dit, aussitôt fait. En 1979, la troupe est de retour en Sarthe avec la Fior-Yamaha XS1100, équipé d’un nouveau système. Notre larron en avait profité pour dessiner un châssis, non content de s’arrêter au train avant. Le principe de la « fourche Fior » est en réalité assez simple : Elle consiste à séparer la fonction « freinage » et la fonction « direction », de manière à ce que la stabilité et la précision ne soit pas impactée sous la contrainte de la décélération. Bien entendu, le concept a été amélioré au fil du temps, mais les bases étaient posées.



Dans le paddock, la machine originale attire les regards. Pourtant, en se classant 8e au bout de la journée de course, la concurrence rit jaune. Si bien que ces travaux sur des TZ250 attirent l’œil de Sonauto-Yamaha, importateur officiel sur l’hexagone et engagé en 500cc avec des moteurs d’usine ! Malheureusement, les japonais, devant l’étrangeté de la chose, ne prirent pas le risque de l’afficher en piste au début des années 1980. Une désillusion pour le Nogarolien, qui rêvait de Grands Prix.



Qu’à cela ne tienne ! Grâce à l’argent promis par Sonauto, « Pif » alignera ses propres motos ! D’abord avec des moteurs Suzuki puis Honda, Fior prend du galon avec les meilleurs. S’il ne pilote plus ses machines depuis un moment, la passion n’avait pas disparue. C’est dans le cadre de ces expérimentations qu’il collabore avec son ami suisse Marco Gentile, pilote honorable.



En 1988, Claude passe la démultipliée. Il intègre à son châssis un moteur « maison », dérivé des JPX utilisés en side-car. Gentile, au guidon, progresse sans pour autant intégrer le top 10. En 1989, Fior remet le couvert. Marco parvient même à se hisser en 4e position à Misano, en l’absence des meilleurs. 33 points marqués pour une 17e place au championnat. Avec peu de moyens malgré le sponsor Marlboro, le duo Fior/Gentile égale Mamola sur Cagiva, disposant d’un budget immensément supérieur.

Pourtant, le sombre hiver 1989 marque la fin de l’épopée. Le cigarettier claque la porte et pire, Marco se tue à Nogaro sur un kart conçu par Claude. Malgré une approche d’Aprilia en 250cc pour 1990, les rêves de catégorie reine prennent fin.

La technologie de Fior, jamais brevetée, fut « empruntée » (certains diront « copiée » ou « volée ») par l’ingénieur Norman Hossack. Depuis, BMW adopta l’idée de la fourche, connue sous le nom de Duolever, et en équipa certains de ses modèles grand tourisme à l’image de la K1200.

Inventeur de génie à l’ancienne, Claude faisait tout, littéralement. Skateboards à moteur, buggys, planeurs … sa maîtrise de l’aluminium et son expertise lui permettaient de traduire ses idées en concepts. Le 13 décembre 2001, « Pif » périt dans un accident d’avion (qu’il avait lui même conçu) à proximité du circuit de Nogaro, chez lui. Âgé de 46 ans seulement, le fier gascon était un modèle, un exemple à suivre et laissa une trace indélébile dans l’histoire de la moto française. Afin de mieux connaître ce formidable personnage, n’hésitez pas à faire un détour par le Paul Ricard les 11 et 12 juin prochain à l’occasion de la Sunday Ride Classic où vous pourrez y retrouver certains de ses modèles.

Sunday Ride Classic
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