Au vu de ce qui se passe dans l’automobile cette prise de position du grand patron d’un groupe KTM Stefan Pierer qui pèse sur le marché de la moto en Europe fait l’effet d’un électrochoc. Justement, il s’agit de la propulsion électrique et l’Autrichien, qui est également président de l’ACEM, soit l’Association européenne des constructeurs de motos, revendique clairement un contre-courant à cette dévotion pour la propulsion avec des batteries, qui est clairement définie comme une ineptie. Une conviction que cette phrase de l’homme de Mattighofen illustre : « je peux dire que, contrairement à l’industrie automobile, nous avons une vision globale claire de l’orientation vers laquelle nous nous dirigeons ». Intéressant…
Stefan Pierer met les pieds dans le plat en fustigeant cette tendance de voir le monde d’après alimentée par les seules batteries. Et il faut un certain courage pour nager ainsi à contre-courant. Les dernières décisions politiques sur ce thème sont en effet autant d’oukases enrobés d’un sentiment de culpabilité imposé à l’auditoire citoyen qui n’a plus qu’à courber l’échine sans mot dire. Le moteur thermique doit mourir pour le bien d’une planète à qui on ne propose pas une solution mais un autre problème. Qu’importe, les décisions se prennent, comme dans le cas récent d’Audi, le patron de Ducati, qui a annoncé ne plus vouloir produire de moteurs à combustion à partir de 2033.
De son côté, Pierer, comme le reste du monde de la moto, a une vision sans préjugés de la situation. Il ne rejette pas l’électrique. Il l’intègre à un plan global certainement plus en phase avec la vraie préoccupation d’un environnement à préserver : « nous supposons qu’avec des appareils électriques de 48 volts jusqu’à la classe A1, c’est-à-dire 11 kilowatts ou 15 ch, beaucoup deviendront électriques au cours des dix prochaines années, en particulier en Europe », a déclaré Pierer dans une interview sur Speedweek.
Il précise : « cela s’applique aux scooters, cyclomoteurs et cyclomoteurs. Tout le moteur à deux temps s’en ira. Tout ce qui concerne les deux-roues motorisés de plus de 48 volts va dans le sens des e-fuels. Il y a des plans de développement très clairs entre les constructeurs ». Stefan Pierer est aussi le président de l’association des fabricants de motos de sport MSMA, qui est responsable des règlements techniques pour les championnats du monde de MotoGP et de Superbike. Et cette expérience lui donne cet argument qui montre les limites de la propulsion électrique : « pour une MotoGP qui parcourt une distance de course avec 20 litres de carburant aujourd’hui, vous auriez besoin d’une batterie de 500 kg pour obtenir des performances et une autonomie comparable et pour créer la même densité d’énergie ».
Stefan Pierer : « les batteries du paddock sont chargées avec des générateurs diesel«
Ce qui l’amène à ceci… « Comment envisager quelque chose d’aussi stupide ? L’électromobilité est un non-sens poussé par des politiciens sans éducation politique. Une absurdité ». Et qu’on ne lui parle pas du MotoE… « Les batteries du paddock sont chargées avec des générateurs diesel, les émissions de CO2 sont rejetées dans l’atmosphère, ce qui vous rend malade ». L’Autrichien conclut : « le carburant synthétique est la solution, pas la propulsion électrique. Parce que ce carburant est sans CO2. Il faut aussi regarder combien de matières premières précieuses sont nécessaires pour fabriquer une voiture électrique par rapport à une voiture conventionnelle ». Mais qui veut encore regarder parmi nos dirigeants ?
On rappellera que, fin novembre, Dorna et la FIM ont présenté un calendrier précis : à partir de 2024, au moins 40 pour cent du carburant dans toutes les classes du Championnat du Monde FIM des Grands Prix seront des carburants non fossiles. Et à partir de 2027, le carburant devrait même être composé à 100 % de matières premières non fossiles.