KTM est un constructeur ambitieux qui n’a pas froid aux yeux. Mené avec entrain et détermination par un patron Stefan Pierer haut en couleur, le trigramme qui se mourrait en 1992 est aujourd’hui le mur porteur d’un groupe Pierer Mobility AG qui rassemble les blasons Husqvarna et GasGas. Avec un partenaire puissant comme Bajaj qui ouvre les portes des marchés émergents et une stratégie de la plateforme unique inspirée du groupe VW dans l’automobile, les Autrichiens se targuent d’être en mesure de faire face aux défis de demain en termes de modèles et de production. Ce qui n’empêche pas de vouloir encore grandir. Ainsi, depuis 2017, la marque orange lorgne sur le blason rouge Ducati, mais le feu vert n’est pas encore pour demain …
Stefan Pierer n’est pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Adepte de la philosophie qui veut que celui qui n’avance pas recule, il a un objectif depuis un certain temps qui s’appelle Ducati. Une approche qui date de 2017 et qui a connu un nouvel épisode très récemment. Le patron de Pierer Mobility AG révèle ainsi sur Speedweek : « des discussions ont eu lieu en novembre et décembre 2020. Les familles Piëch et Porsche ne vendent pas, pas même la troisième génération. La vanité peut également jouer un rôle ».
Un commentaire bien senti digne du personnage qui a fait de KTM le constructeur européen qu’il est actuellement. Mais Pierer est aussi un pragmatique : « l’achat de Ducati est désormais hors de propos. Mais il ne faut jamais dire jamais. J’ai déjà appris cela dans notre industrie ».
Stefan Pierer pense que le temps joue pour lui et contre Ducati
On rappellera que le groupe VW a payé environ 740 millions d’euros pour Ducati en 2011. Plus récemment, des offres d’achat totalisant 1,5 milliard d’euros ont été entendues. Une belle plus-value qui, tant qu’elle sera possible, ne poussera pas les propriétaires à céder. Mais la conjoncture évolue. Et Pierer assure qu’elle finira par rattraper Ducati… « J’ai toujours soupçonné qu’en raison de l’affaire du diesel et des milliards d’investissements dans l’électromobilité, Audi pourrait bientôt avoir d’autres priorités que l’exploitation d’une usine de motos. Comme je l’ai dit : Ducati est la Ferrari de l’industrie de la moto. Avoir une telle marque dans notre groupe serait bien sûr intéressant ».
Il précise sur ces négociations : « ce n’est pas une question de prix, mais plutôt de savoir quand est-ce que tout le monde réalisera dans quelle situation il se trouve ? Nous sommes confrontés à de nouveaux défis avec l’homologation. Par exemple, nous avons Euro5. En 2024, le thème du bruit sera ajouté. Il s’agit également de l’évolution démographique en Europe. Aujourd’hui, vous devez vous rendre en Asie avec le commerce de la moto, en Inde. Si vous n’y parvenez pas, vous finirez par disparaître. La question de Ducati ne concerne pas le prix d’achat, mais de savoir comment puis-je devenir plus fort ensemble ? Le temps nous le dira ». Et Pierer est patient …